𝙻𝚘𝚜 𝙰𝚗𝚐𝚎𝚕𝚎𝚜 !

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Durant le premier mois de l'été, l'homme venait chaque jour, et à mesure que ses visites se faisaient plus fréquentes, Aleks semblait de moins en moins présent. Il était évident qu'il y avait un léger, voire un grand, décalage entre ces deux-là. Même si je suis naturellement curieuse, je n'ai aucune envie de savoir quoi que ce soit à leur sujet. Il vaut mieux ne pas chercher des ennuis là où il n'y en a pas, surtout lorsque le danger est déjà bien là. La semaine dernière, avant mes congés, j'avais remarqué une berline noire garée devant le bar, ce qui m'avait paru étrange étant donné que mon lieu de travail se trouve dans un quartier plutôt pauvre de San Diego.

Soudain, mon ventre gronda, me forçant à quitter ma place devant la télé. D'ailleurs, je ne la regardais même pas, trop absorbée à repenser à tout ce qui s'était passé depuis ce fameux soir. J'ouvris un placard : rien. Le deuxième ne m'inspirait guère davantage, même si je ne savais pas vraiment ce que j'avais envie de manger. Je n'avais surtout pas envie de me contenter de gâteaux apéritifs. Tout en ouvrant le frigo, je réfléchissais à ma collation, et un deuxième grondement de mon estomac m'incita à envisager de "dévorer" plutôt que manger. Vu la faim que je ressentais, il fallait que je trouve quelque chose d'assez copieux pour apaiser tout ça. Malgré tout, je n'étais pas décidée à préparer quelque chose ; j'étais trop fatiguée. Je voulais juste manger un truc tout prêt, alors je pris mes clés et partis me rendre à l'épicerie sous mon appartement.

Dans un rayon plein de gâteaux de toutes sortes, mes yeux ballotaient entre les Granola, les Lu et les Milka, quand un objet illumina mon regard : des Kinder, mais pas n'importe lesquels, des Kinder Joy. Je sais, ça sonne un peu enfantin, mais peu importe. Ces œufs, c'était mon plaisir coupable. Je m'imaginais courir au ralenti, une musique romantique dans ma tête, saisir la boîte avec enthousiasme, tourner sur moi-même comme dans un film d'amour un peu cliché. Je rigolai intérieurement à l'idée, mais c'était le Graal de ma soirée. Alors, je pris la boîte, puis, par la même occasion, mes deux incontournables sneakers au beurre de cacahuète.

En passant devant le rayon boisson, j'attrapai une bouteille de Yop à la framboise et me dirigeai vers la caisse. Dehors, je me précipitai pour m'asseoir sur un banc, bien décidée à goûter mon premier œuf. J'ouvris l'emballage, dévorai le chocolat intérieur avec une satisfaction immense. Le jouet était nul, franchement, mais je ne vais pas dire que je n'arrivais pas à le monter, hein. Puis je commençai mon deuxième œuf et... un petit miracle ! Une figurine dorée de Harry Potter. J'adore cette saga, et mon film préféré reste Le Prince de sang-mêlé. Ce film, c'est l'occasion de découvrir un personnage fascinant, Severus Rogue, l'un des plus courageux. Tout prend sens avec lui, et à la fin, on comprend l'immensité de ses sacrifices pour Harry et Lily.

Je me levai du banc pour récupérer mes affaires, et c'est là que je sentis un regard sur moi. Lorsque je repensai au moment où je m'étais laissée emporter par ma joie de la découverte. Mais dans l'épicerie, je réalisai que j'avais eu ce sentiment là aussi : d'être observée. Je n'y avais pas prêté attention sur le coup, tant la faim m'aveuglait. Mais cette fois, je regardais discrètement autour de moi tout en feignant de continuer ce que je faisais, pour que mon espion ne devine pas qu'il était repéré. Il fallait que je le mette en confiance. Qu'il baisse sa garde. Alors, en me relevant, je fais semblant de faire tomber mon portable de ma poche. Subrepticement, je me retourne et scrute derrière moi. Rien. Le type est plus coriace que ce que je pensais.

Je reprends la marche, tout en affichant une sérénité de façade. Mon téléphone à la main, je fais mine de scroller, attendant que ce mystérieux individu se dévoile enfin. Il me faut absolument qu'il me prenne pour la proie la plus naïve qui soit.

Quand j'arrivai devant la porte vitrée du hall de mon immeuble, je distinguerai une silhouette féminine. Bingo. Je fais semblant de taper mon code et je l'observe discrètement. Quand elle baisse les yeux sur son portable, je me faufile vite dans une ruelle. Elle ne se doute de rien et, quelques secondes plus tard, lève la tête en pensant que je suis parti dans l'ascenseur. Elle retourne à sa voiture. Je sors mon portable et, avec discrétion, je la prends en photo.

Lorsque je suis enfin seule, je rentre chez moi, récupère quelques affaires. J'ai l'intention de passer la nuit ailleurs. Je n'ai aucun doute qu'il finira par me retrouver tôt ou tard, mais plus il prendra de temps, plus j'aurai l'occasion de savourer encore un peu plus ma liberté. Peut-être qu'un jour, j'arriverai à le semer. Qui sait ?

Tout en fourrant mes affaires dans mon sac, Chouchou se frotte à mes jambes, miaulant doucement comme s'il sentait qu'une aventure différente se préparait cette nuit-là. Je réalise soudain que je n'ai pas de quoi le transporter. Il est impossible de l'emmener avec moi dans de telles conditions. Je prends mon téléphone et cherche frénétiquement le numéro de Mia. Le premier signal sonore n'avait pas encore retenti que j'entends :

— Nùx ? Sa voix ensommeillée m'indique que je viens de la sortir de son sommeil.

— Mia, tu pourrais t'occuper de Chouchou ?

Elle hésite un instant avant de répondre :

— Oui, mais pourquoi ?

Je lance une réponse rapide et crédible pour éviter trop de questions :

— Je vais rendre visite à de la famille, en Sicile.

— Ah... d'accord, et bien je viendrai le nourrir demain.

Je sens sa réserve à travers l'appel, mais je coupe court en disant que je vais rater mon bus. Ensuite, je fonce à toute allure à travers San Diego jusqu'à l'arrêt de bus le plus proche. Je trouve une place enfin, et je m'installe pour les six heures interminables du trajet.

Lorsque le bus arrive enfin, il fait nuit, mais la ville brille plus fort que les étoiles dans un ciel d'un bleu profond. Arrivée à destination, je suis épuisée. L'hôtel, imposant, occulte toute vue de ce ciel sublime. Je m'aventure vers le hall pour récupérer ma clé, soulagée de pouvoir m'abriter sous ce toit, surtout avec ma situation incertaine.

Une fois dans la chambre, je m'effondre sur le lit king size, recouvert de draps soyeux. Je suis étonnée de voir un lit aussi exceptionnellement confortable. À côté de moi, une immense télé, un salon avec des fauteuils ultra élégants... Je prends place dans l'un d'eux. Je me laisse envahir par la douce fatigue, puis, après avoir enfilé mon pyjama, je me glisse dans ce lit incroyablement agréable. Je me laisse enfin emporter par le sommeil, bercée par les lumières de Los Angeles et les milliers d'étoiles invisibles au-delà des murs de l'hôtel.

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Mavahbby

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