CHAPITRE 29

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IWAN

Je sors de l'habitacle la boule au ventre. J'aide Liv, ma Liv, à sortir de l'autre côté de la voiture. Elle peste encore contre le bandeau qui lui retire la vue, mais c'était nécessaire. Enfin, techniquement non, mais j'étais juste beaucoup trop stressé de voir sa réaction. Il a alors fallu que je trouve quelque chose. Je me suis dis que si elle ne voyait pas de suite l'endroit dans lequel je l'ai emmené, elle ne pouvait pas me jeter sa déception au visage, si ? J'avais peur, j'étais flippé, je ne voulais pas que la fille que j'aime doute de la nature de mes intentions. Jamais je ne lui ferai du mal volontairement, je veux simplement qu'elle puisse guérir, qu'elle soit heureuse. C'est tout ce qu'elle mérite.

Je prends une profonde inspiration et la guide sans précipitation à travers la porte vitrée et automatique de l'immeuble. J'adresse un rapide signe de tête à la femme au comptoir de bois, qui doit sûrement être l'accueil, et m'arrête en plain milieu de la pièce.

- Pourquoi on s'arrête Iwan ? Tu peux m'enlever le bandeau s'il te plaît ? Elle parle doucement, c'est presque un murmure.

- Je vais te l'enlever mon ange, laisse moi juste t'expliquer.

- M'expliquer quoi mon coeur ? Je comprends pas tout là. Et c'est vrai, c'est sourcils froncés sont la preuve de sa confusion. Je plante un baiser sur son front et la tient tendrement par les épaules en me plaçant devant elle.

- Déjà, il faut que tu saches que ce bandeau n'était pas nécessaire, théoriquement. Mais j'avais peur. Peur que tu rejettes l'initiative que je viens de prendre. Alors, tu peux toujours la rejeter, mais... Disons que j'aurai mis toutes les chances de mon côté. Ensuite, voici ce qu'on fait ici. Quand je retirerai le bandeau de tes yeux, tu verras que nous sommes dans un centre. J'ai fait mes recherches sur internet, et j'ai trouvé cette adresse. En fait, c'est un centre qui propose des diagnostics de santé mentale, avec pleins de médecins et de psys qualifiés. Tout peut se faire anonymement si tu le souhaites, et je peux même te conduire ici aussi souvent que tu veux si ça se passe bien aujourd'hui. Voilà...

Je défais doucement le nœud à l'arrière de sa tête blonde sans la quitter du regard, et entre enfin en contact avec ses yeux tout larmoyants. J'ouvre la bouche dans un hoquet de surprise, et encadre ses joues de mes mains.

- Euh, je- j'aurais pas dû ? C'est- tu veux rentrer ?

Au lieu de me crier que je n'y comprends rien, que je ne suis qu'un abruti comme je pensais qu'elle le ferait, ma copine enfouit sa tête contre mon torse et me sert dans ses bras. A travers l'un de ses nombreux sanglots, elle relève la tête et me dit :

- Tu- t'as fait tout ce trajet pour m'aider ? Mais- Mais- Mais je t'aime !

Mon cœur s'arrête. Enfin, non, mon coeur bat beaucoup trop vite. Les papillons doivent s'être démultipliés dans mon estomac car ils sont bien plus nombreux que d'habitude là ! Elle m'a dit qu'elle m'aimait. Wow.

- Je roulerais pendant des jours et des jours rien que pour toi. Un tendre baiser sur le haut de son crâne. Je t'aime, plus que quiconque ne t'auras jamais aimé.

Elle ricane devant ma niaiserie et soupire en essuyant ses larmes.

- Merci Iwan, merci.

Je hoche la tête et la garde contre moi. Nous nous dirigeons ensemble vers le bureau de la réception. J'explique la raison de notre venue à l'employée qui tape quelque chose sur son clavier.

- Prenez ce couloir. Elle nous pointe un couloir coloré et lumineux du doigt. Salle B102. Frappez, le docteur vous ouvrira.

Nous entamons notre démarche vers le couloir lorsqu'elle reprend.

Life Is Worth LivingOù les histoires vivent. Découvrez maintenant