CHAPITRE 33

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1 an plus tard

Cela fait plusieurs heures que je suis étendue de tout mon long sur le canapé du salon, la nuque posée sur un des coussins, absolument pas moelleux soit dit en passant. Mes jambes sont confortablement installées sur la table basse en bois foncé. Cela fait plusieurs heures et pourtant, je n'ai pas l'impression d'avancer, mon ordinateur portable réchauffant la peau nue de mon ventre depuis bien trop longtemps. Je m'empare de mon téléphone dans un soupir presque trop bruyant et coupe la musique qui a fini par me donner une migraine. Habituellement, sans cette dernière, il est impossible pour moi de faire n'importe quoi. La musique est l'essence qui me fait fonctionner. Toutefois, aujourd'hui, rien n'y fait. Je m'assois en une poussée sur mes jambes, soupirant de nouveau aussi bruyamment que la fois précédente, déçue d'être incapable de produire quelque chose.

Mon ventre qui gargouille me ramène à la réalité. Je parcours l'accoudoir du canapé du regard. Les barres de céréales et autres sucreries que j'avais préparé en prévision d'une potentielle faim restent hors de tout contact. Il est clair que je n'ai rien touché, même inconsciemment. J'expire, et d'une main tremblante, j'attrape l'un des biscuits emballé dans un sachet en plastique. Je sais que je peux les manger, ceux-là. Alors je profite de ça pour ne pas me jeter dans l'inconnu. J'engloutis trois d'entre eux en guise de goûter, constatant ainsi que mon estomac criait famine. Je me dirige ensuite vers le réfrigérateur duquel je sors un des compléments alimentaires que l'on m'oblige à prendre à chacun de mes repas. Je sais que c'est nécessaire, alors je ne bronche pas, mais c'est franchement dégueu. Iwan était censé revenir depuis déjà plusieurs dizaines de minutes. Cela faisait de nombreux jours qu'il dormait ici, ma mère, Ase et Alma sont parties. Je suis malheureusement contrainte de rester dans le coin, afin d'assister aux multitudes de rendez-vous que j'ai avec le docteur Ward. J'ai rechuté quelques mois plus tôt, et Lucie ne souhaite pas prendre le moindre risque, quoique j'en dise. C'est plutôt contraignant, mais ma santé mentale s'est beaucoup améliorée depuis qu'elle a augmenté à quatre le nombre d'heures de thérapie par semaine. Le châtain est très rarement en retard, ce qui m'inquiète. Il m'envoie toujours un message s'il sait qu'il n'arrivera pas à l'heure. Je me convaincs de ne pas le harceler de textos et de lui faire confiance. Mon cerveau tourne à deux-cent à l'heure. Et s'il avait eu un accident sur la route ? Il ne m'a même pas dit où il allait. J'effectue mes exercices de respiration et parvient à calmer les battements effrénés de mon pauvre cœur. Je me décide à aller prendre une douche, fatiguée de ne pas être apprêtée. Pour être honnête, je ne prends pas le temps de m'habiller ou de me maquiller, ces derniers temps. Je reste installée dans l'exacte même position toute la journée, en attendant désespérément que me soit donnée l'inspiration. De n'importe tout, une idée, peu importe.

J'entre sous le jet d'eau tiède lorsque j'entends la porte d'entrée s'ouvrir discrètement. Mon corps entier se tend. Je sais au fond de moi que ce n'est que mon copain qui revient, heureux de me retrouver. Mais une part de moi ne peut s'empêcher de penser à ce numéro masqué qui m'appelait sans cesse l'année passée. Je n'ai jamais eu plus que la supposition qu'il s'agissait d'Alex. Il ne me l'a jamais confirmé, mais les appels incessants se sont arrêtés le jour des résultats de nos diplômes. Un fredonnement me parvient et mes muscles se détendent dès l'instant où la voix de mon copain, chantonnant une de ses chansons préférées, m'atteint à travers le battant de la porte. Je prends alors tout mon temps, sachant que je suis en sécurité, et que lui aussi l'est. Mon esprit se met à l'arrêt. Iwan est sain et sauf, et personne ne me veut du mal. Je respire profondément en fermant les yeux.

- Ok, tout va bien.

Je m'habille avec la robe que j'ai achetée récemment. Je ne suis pas sûre d'aimer la vision que me renvoie le miroir, mais je ne prends pas -plus- le temps de m'attarder dessus. La seule pensée qui me traverse le cerveau actuellement, est celle de sortir de cette salle de bain, et d'enlacer mon copain. Je me sens étrangement bien ce soir, c'est un bon jour. Une idée vient germer au fond de mon esprit, et je hoche la tête pmu moi-même en chuchotant.

Life Is Worth LivingOù les histoires vivent. Découvrez maintenant