Chapitre 28.

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Vendredi.

— Monsieur Legrand, pourquoi êtes-vous le toutou de Monsieur Stilit ? Demande l'avocat de Noah sans gêne à Kévin.

— Objection ! Ses propos sont inadmissibles ! Réplique mon avocate.

— D'accord, je vais reformuler : Pourquoi obéissez-vous à Monsieur Stilit ?

— Noah est devenu comme un frère le jour où mes parents ont disparu et que ses parents m'ont accueilli sous leur toit.

— Ce n'est pas très commun de voir ça, pourquoi ont-ils fait cela d'après vous ? Continu l'avocat.

— Pour aider une personne en difficulté, je suppose...

— Cela ne répond toujours pas à la question que tout le monde se pose ?

— Je trouvais ça normal au début d'aider Noah ! Ils m'ont offert une nouvelle vie, des études !!

— D'accord... Je n'ai pas d'autres questions monsieur le procureur !

— Merci Maître Langelot, Maître Moyat des questions ?

— Une seule ! Elle se lève et se place devant Kévin. Pourquoi n'avoir rien dit à Monsieur Stilit lorsque ma cliente s'est enfuie dans la nuit du 3 au 4 mars ?

— J'avais de la peine pour Alexia et je n'en pouvais plus de la voir souffrir au point de se planter une paire de ciseaux ! il fallait que ça s'arrête !!

— Pourquoi ne pas l'avoir aidé plus tôt ?

— Je l'ai fait lorsque Noah s'approchait d'elle, je l'en empêchais le plus possible ! Je ne pouvais pas en faire trop non plus car Noah m'avait à l'œil.

— Merci pour votre témoignage ! Je n'ai plus de questions !

— Très bien, Madame Clark's pouvons-nous entendre votre version des faits ? Demande le Procureur.

Je me lève et commence à expliquer :

— Au début, c'était juste une voiture qui me suivait mais quand je me suis réveillée dans cette chambre et que la porte s'est ouverte sur l'homme qui était venu dans ma boutique quelques jours plus tôt, j'ai compris que ça n'en était pas un. Il m'a ensuite dit qui il était de même pour les autres, c'était un vrai choc pour moi. Je ne comprenais pas ce que je faisais ici !

— Dans les premiers jours, Kévin m'a fait visiter la maison de Noah pour que je m'y habitue comme il disait. Il m'a ordonné de ne pas fouiner là où ce n'était pas nécessaire mais à force, j'ai fouillé la chambre de Noah et j'ai trouvé son journal intime !

La salle s'exclame d'effroi, personne n'était au courant !

— Objection ! C'est une preuve non recevable ! Se plaint l'avocat de Noah.

— En effet, il n'est mentionné nulle part d'un journal intime mais continuez Madame Clark's. Intervient le Procureur.

Maître Langelot souffle et Noah me jette son regard le plus noir possible. Je souris.

— Lorsque je l'ai lu, j'ai réalisé que mon enlèvement était prémédité et lié à nos années de lycée et de fac. Il me cherchait depuis un moment, c'est devenu flippant !

— Qu'en est-il de votre disparition soudaine en première année de fac ? Dit l'avocat en me prenant au dépourvu.

— Objection ! On parle du journal intime et non de sa disparition !

— Refusé ! Continuez Maître.

— Si je comprends bien, Noah vous a enlevé car il était en manque d'affection c'est bien ça ? Ne croyez-vous pas que ce soit dû à votre soudaine disparition, il avait juste hâte de vous retrouver ! D'ailleurs, quelles sont les raisons de votre disparition ?

Je prends un grande inspiration et expire en regardant mon avocate qui me fait signe d'y aller. Ma famille me regarde confiants mais aussi inquiets tandis que Noah me regarde impatient d'avoir enfin des réponses.

— Madame Clark's, veuillez répondre à ma question !

Je me racle la gorge.

— Cela s'est passé quelques semaines avant nos partiels de logistiques, je rentrais de la fac.

Je souffle en retenant un début de larmes.

— J'ai vu un groupe de personnes s'acharner sur quelque chose avec une barre en métal mais lorsque je me suis un peu plus rapprochée sans qu'ils me voient, ce n'était pas quelque chose mais quelqu'un. L'homme était par terre et je l'ai vu...

La salle devient plus silencieuse qu'un enterrement et mon esprit se remémore la scène. Je ferme les yeux et reviens à la réalité.

— J'ai reconnu l'homme... c'était mon frère Adrien...

— Vous avez disparue car votre frère se battait avec une bande de gamins ? Ironise-t-il.

— Je... Ses types ont roué de coup mon frère jusqu'à sa mort ! Je lui hurle dessus les larmes dégoulinantes.

— C'est triste mais ce n'est pas une raison suffisante ! Continu l'avocat.

Touchée par ses mots horribles, je ne ressens plus rien. Le seul souvenir de mon frère est une dispute et cet avocat me met en faute ! Ma vision se trouble jusqu'à voir des petites formes apparaître jusqu'au noir total.

Lorsque je reprends connaissance, un bip discontinu résonne dans la pièce où je me trouve.

— Mon cœur tu vas bien ? Se rapproche Louis.

— Où est Adrien, je veux le voir ! Je demande confuse.

— Ton frère n'est plus là ma chérie, nous sommes au procès de Noah. Tu es à l'hôpital, tu viens de faire un malaise à cause de ce connard d'avocat !

— Mon dieu Alexia tu vas bien ? S'inquiète Manon. J'ai eu tellement peur !

— Je suis désolée de ne vous avoir rien dit... je ne pouvais pas, par sécurité !

— Ok, repose-toi !

Quelques heures plus tard, nous sommes tous de retour dans la salle d'audience.

Cette fois-ci, je ne laisserai personne m'atteindre.

— Madame Clark's comment vous sentez-vous ? Êtes-vous prête à continuer ?

— Oui !

— Très bien ! Maître Moyat, pouvez-vous continuer ?

— Madame Clark's, je sais que la mort de votre frère vous touche beaucoup mais quel âge avait-il ce jour-là ?

— Il avait 24 ans... il avait la vie devant lui !

— Qu'avez-vous fait lorsque vous avez réalisé que c'était lui ?

— J'ai appelé les pompiers et la police mais un des gars m'a reconnu et sans l'aide d'une dame, j'aurais rejoint mon frère...

— Deux jours plus tard, ils ont arrêté toutes les personnes sauf celui qui m'avait reconnu, j'habitais chez ma grand-mère pendant l'enquête mais il a fallu que je parte ailleurs sous une autre identité. Pendant presque un an et demi, j'étais Paola Anderson pour les autres jusqu'à ce qu'il soit arrêté et condamné.

— Qu'avez-vous fait ensuite ? Vous êtes revenu chez votre grand-mère ?

— Non, j'ai repris d'abord mon vrai nom et j'ai déménagé ici. J'ai donné très peu de nouvelles à ma grand-mère. Ensuite, j'ai repris ma vie en main en faisant mes propres dessins de vêtements, en montant ma boutique et c'est dans un café que j'ai rencontré Manon.

Je l'a regarde et elle me rend un sourire.

— Je vous remercie de nous avoir raconté votre histoire. Vous voyez Madame Clark's ne l'a pas fait exprès de disparaître soudainement comme vous le dites si bien Maître Langelot. Sa vie était menacée et elle devait se cacher ! Termine mon avocate d'un ton ferme.

— Bien, merci à tous ! Le jury va pouvoir se retirer pour délibérer ! Dit le procureur en se levant.

Jerepars vers mon avocate et ma famille, un léger regard de Noah me fait frissonner.Il n'en a pas fini avec moi, même après ma déclaration.

L'ombre du mensongeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant