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Note de l'auteur : Ce chapitre contient des scènes de violences. Les lecteurs les plus jeunes ou sensibles sont avertis et peuvent arrêter leur lecture s'ils le souhaitent.


La lumière du jour éblouit Hacen qui plissa les yeux sous les rayons agressifs du soleil. Puis, ce fut la chaleur étouffante qui l'accabla, comme un poids tombé brusquement sur ses épaules. Il retira son tee-shirt bordeaux et le glissa dans son pantalon, au niveau de sa taille. Une fois sa vision accoutumée, il détailla le paysage autour de lui.

Devant s'étendait une plaine jaunâtre à cause de l'herbe séchée. Une route naturelle s'était creusée sur sa droite, elle était arpentée, abîmée et ne devait pas être très fréquentée – ou trop, selon le point de vue. Parfois, Hacen pouvait apercevoir de grands arbres sans feuilles au loin ; sur sa gauche un acacia dominait, offrant un grand halo ombragé. C'était le seul point de végétation verte dans ce décor de savane.

Le garçon se retourna et observa le Bunker, d'où il se trouvait, il n'y voyait qu'une immense façade argentée. Le soleil se reflétait dessus et Hacen fut obligé de détourner le regard pour ne pas se brûler la rétine. Il s'étira, un sourire aux lèvres en pensant aux deux cents participants bloqués à l'intérieur. Hacen se délecta encore plus de la situation en pensant qu'ils n'avaient aucune eau ou nourriture et que les cartes qui permettaient leur sorties avaient été cassées.

Un bruit étranger se fit entendre au loin et Hacen s'avança pour se positionner sur le bas-côté de la route. Un engin miroita à une centaine de mètres, le jeune homme fronça les sourcils. Puis lorsque la machine s'approcha, il comprit que c'était une très vieille voiture, proche du vieux tacot, fonctionnant encore à l'essence – une denrée qui ne coûtait presque plus rien depuis qu'elle avait perdu toute valeur. Hacen savait où il se trouvait, il savait où tous les autres Bunkers se trouvaient. Il avait juste oublié que Madagascar n'était pas aussi développé que son pays d'origine. Le véhicule ancien qui arrivait était là pour en témoigner.

Il leva la main et fit signe au conducteur. Ce dernier eut la gentillesse de se garer à sa hauteur.

- Bonjour ! lui lança Hacen avec un large sourire et à son plus grand étonnement, il se rendit compte qu'il avait parlé en français.

Le conducteur lui répondit d'un hochement de tête, Hacen s'avança jusqu'au rebord de la portière et s'appuya dessus. Il continua, sans savoir où il piochait les mots d'une langue étrangère :

- Vous pensez qu'un homme aussi aimable que vous peut m'amener jusqu'à la ville la plus proche ?

Le simple effort de politesse dont il faisait preuve lui donnait la nausée. L'homme parut mal à l'aise et passa sa main derrière sa nuque, ce qui ne prédisait jamais rien de bon, Hacen l'avait appris.

Il lui répondit avec un accent prononcé :

- Je suis désolé, je dois aller chercher mon frère, je ne rentre pas en ville avant quelques jours.

Un spasme agita Hacen lorsqu'il aperçut le nez de l'homme se plisser en un quart de seconde. C'était son tic. Alors, sans même se contrôler, le jeune homme déclara :

- Mensonge.

Il attrapa la tête du conducteur violemment et la frappa d'un geste brusque contre le volant. Il le releva, l'homme avait le nez en sang. Comme cela ne suffisait pas, il ouvrit la portière et dégagea le menteur de son siège. Il le jeta face contre terre et plaça son pied contre sa joue.

- Ne me mens pas, dit Hacen.

Sa pauvre victime marmonna quelque chose d'incompréhensible à cause de la pression sur son visage.

ELITOù les histoires vivent. Découvrez maintenant