10.

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Lillian n'avait pas le souvenir de s'être évanoui. Il avait passé le reste de la journée normalement, avait même sympathisé avec le nouveau (le garçon avait une tendance à se mettre en avant, mais il n'était pas méchant) puis c'était le trou noir. Il n'était pas capable de dire s'il avait pris son repas, s'il était allé se coucher ou combien de temps il était resté inconscient.

Pourtant, il s'était retrouvé mystérieusement dans une pièce inconnue. Il n'était plus dans le bâtiment d'ELIT. Pour avoir passé quelques années enfermé dans un complexe, il le savait, il en connaissait tous les recoins.

La salle en elle-même était grande mais affreusement vide. Le sol et les murs étaient tapissés d'une sorte de moquette blanche qui devait insonoriser la pièce. Il y avait un coin chambre avec un large lit aux draps bleu marine, seule touche de couleur dans cette chambre immaculée. En face, séparées par un pan de mur qui n'offrait quasi pas d'intimité, des toilettes et une douche. Enfin, faisant le tour de la salle, des plans de travail, des étagères remplies de flacons vides, et autres rangements.

Lillian les ouvrit à tour de rôle et fronça les sourcils. Il trouva un kit complet de matériel de chimie, plusieurs blouses et paires de gants, des médicaments ainsi qu'une vitrine réfrigérée fermée à double-tour. À travers le verre, il comprit qu'on y gardait des bactéries et virus.

Un miroir surplombait le lit. Le jeune homme enleva ses chaussures pour ne pas salir le linge - surtout qu'il avait le sentiment que c'était l'endroit où il allait dormir - et avança à genoux jusqu'à la glace. Son premier réflexe fut de regarder son cou.

Sans grande surprise, il aperçut la même cicatrice que celle de Tobin. Il se dit d'abord que c'était par là qu'on leur injectait cette étrange drogue. Puis il réfuta cette hypothèse, Eoghan n'avait jamais eu cette trace, pourtant son sang était autant chargé que celui de Tobin.

Lillian se laissa tomber en position assise.

- Réfléchis, se chuchota-t-il. Il y a forcément un lien.

Pendant ses - courtes - années d'étude, on lui avait appris à raisonner logiquement, chercher la cause à partir de la conséquence et inversement. Maintenant qu'il en avait besoin, son cerveau était bloqué sur le mode pause.

Il enfouit les mains dans son visage. En réalité, Lillian ne voulait pas savoir à tout prix d'où venait cette cicatrice. Il cherchait plus à s'occuper l'esprit pour ne pas faire face à la vraie question : bordel, pourquoi était-il là ?

Soudain la réponse lui vint naturellement : la cicatrice était due à l'injection d'un puissant somnifère. Le lien était qu'à chaque fois qu'il l'avait vue, la personne la portant avait "dormi" pendant une longue période. Tobin, deux fois, et maintenant lui.

Il aurait espéré que cette réponse en amène d'autres, mais elle ne fit que soulever encore plus de questions : pourquoi avait-on volontairement endormi Tobin deux mois et demi, puis vingt quatre heures ? Pourquoi l'avait-on endormi lui ? Si ce n'était pas par intraveineuse, comment parvenaient-ils à droguer leurs participants ?

Un cliquetis le sortit de ses pensées. Il se retourna, à l'affût, prêt à s'échapper, frapper quelqu'un s'il le fallait.

La silhouette un peu trop familière de James Sifrey se glissa doucement dans la pièce, le directeur prit le soin de refermer la porte aussitôt, appréhendant la réaction du médecin.

- Bonjour Lillian, le salua-t-il.

- Bonjour James, lui rendit-il d'un air faussement réjoui.

C'était de la pure provocation. Sifrey lui sourit, le regardant dans les yeux, Lillian soutint son regard pour lui montrer qu'il n'avait pas peur.

ELITOù les histoires vivent. Découvrez maintenant