Quartier Général de la Contre-ELIT, Irlande, quatre heures après la fin du congrès.
Cléo donnait de vigoureux coups de balais. Pas méthodiques. Juste assez vigoureux pour soulever la poussière et montrer son ras-le-bol. Pourtant, Simon Reynolds, son tuteur, ne leva pas les yeux de son téléphone, affalé, les pieds sur la table.
Le jeune le dévisagea longuement puis finit par laisser tomber le balai qui s'écrasa sur le sol dans un léger fracas. Le bruit fit réagir Simon. Il jeta un coup d'œil par dessus son portable.
- Le balai est par terre, remarqua-t-il. Il devrait être dans tes mains.
- Arrête de te foutre de moi, le ménage se fait automatiquement ici ! s'énerva Cléo en s'approchant de son tuteur. Tu m'as dit que tu m'emmenais en Irlande pour une mission spéciale ! J'en ai pas vu la couleur. Et apparemment, je la verrai pas puisque le bataillon est déjà parti.
Simon Reynolds soupira, roula les yeux au ciel et quitta sa position affalée pour une plus sérieuse. Il désigna la chaise en face de lui pour que Cléo s'assoit. Ce que fit ce dernier, le cœur battant. Il avait beau le provoquer, l'adolescent avait peur de ce dont son tuteur était capable malgré son petit mètre soixante, ses quarante-cinq kilos et sa barbe mal rasée. Simon posa son téléphone sur la table, se redressa, croisa les mains.
- Est-ce que tu sais au moins ce que veut la Contre-ELIT ? interrogea-t-il, le front plissé.
Cléo haussa les épaules, surpris de la question. Pourquoi aurait-il accepté de s'engager dans une organisation dont il ne connaissait pas les intentions ?
- Lutter contre le programme ELIT, non ? Tout faire pour l'annuler.
Son tuteur secoua la tête.
- On en a rien à faire du programme en lui-même, même s'il faut avouer que c'est un peu discriminatoire dans un sens. Non, nous, on se bat parce que dans le programme, certains directeurs sont pas nets et ont des idéologies qui peuvent être dangereuses pour notre avenir.
Le jeune homme fronça les sourcils et se mordit l'intérieur de la joue, soudainement confus. Il s'était enrôlé depuis plus d'un mois et c'était la première fois que quelqu'un abordait le sujet clairement. Pour le moment, tout ce qu'il avait fait était apporter des cafés et suivre des cours de combats avec d'autres jeunes du monde entier. Il avait d'ailleurs appris qu'il n'était pas forcément doué pour faire une clé de bras.
Simon Reynolds continua :
- Pourquoi tu nous as rejoints ?
- ELIT a pris mon meilleur ami, j'ai fait une promesse à sa mère, j'ai dit que je le ramènerai.
Son tuteur claqua des doigts.
- Et voilà, c'est pour ça que t'es pas parti te battre au congrès. Nous, on est là pour défendre ce qu'on pense être juste. Toi, tu es là par pur égoïsme, tu veux te venger. On veut pas de ça.
- Non, vous voulez que j'adhère absolument à vos idées, vous pensez être meilleurs qu'ELIT, mais vous êtes exactement pareil, vous manipulez vos membres pour qu'ils adhèrent à votre idéologie. Ça prend pas avec moi. Si je veux faire ça pour ramener mon meilleur ami, c'est ce que je ferai, et c'est ce qui devrait être possible pour toutes les personnes qui ont vu un proche leur être arraché par ELIT.
Simon soupira.
- T'es bien trop intelligent pour ce monde, dit-il sur un ton presque inquisiteur. C'est ce que j'ai vu en toi la première fois.
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ELIT
Science Fiction2102. Pour de mystérieuses raisons, l'ONU décide de lancer un programme pilote nommé ELIT approuvé par une trentaine de pays. Le concept est simple. Dans chaque pays, seize jeunes possédant chacun un don intellectuel sont recrutés et bénéficient d'u...