Hold tight on me | Accroche-toi

Chapitre 3

— Vous êtes sûre que vous ne voulez rien ? me demanda Jeremiah en arquant un sourcil. C'est vrai que dans notre van d'investigation, nous ne disposons pas du grand luxe, mais nous avons du café... et même de quoi rafistoler votre jolie lèvre.

Il sourit quand je me crispai encore plus. On aurait dit le début d'un film policier macabre.

Rien dans ce van ne pouvait me mettre en confiance, encore moins les tons perfides de cet inconnu.

C'était la première fois que j'étais dans un van de ce genre. Les autres agents nous avaient laissés seuls, Jeremiah et moi, après que nous ayons roulé quelques minutes pour nous éloigner de la furie du casino.

Il y avait des appareils électroniques des deux côtés du van, des vitres teintées, des casques auditifs et une dizaine de prototypes informatiques que je n'avais vus qu'à la télévision.

Jeremiah soupira une dernière fois et se redressa sur sa chaise de bureau, qu'il avait presque collée à la mienne.

— Qu'est-ce que vous me voulez ? lui dis-je en frissonnant malgré moi.

Il se passa une main dans les cheveux pendant qu'il réfléchissait à ce qu'il avait à me proposer, ou du moins, à comment il l'aborderait.

— Je suis Jeremiah Williams, agent du FBI et chargé de l'affaire du défunt Samuel Rodriguez.

Mon sang se glaça et cette fois, mes frissons ne passèrent pas inaperçus sous l'inspection avide de l'agent fédéral.

Il se pencha un peu plus vers ma chaise, déterminé à profiter de la moindre de mes vulnérabilités.

— Cela fait environ trois mois que nous suivons vos traces : Zade Masson, Vins Garcia, Kai Willson, Chase Reebet et vous, Halo Harper.

J'essayai de faire reculer ma chaise. Mais pour aller où ?

Sans compter sur le fait que ce van avait déjà du mal à nous contenir, Jeremiah et moi. Et après la façon dont celui-ci venait de citer nos noms, je me doutais bien que mes tentatives de fuite étaient vaines.

Las de mes regards fuyants et de mon menton faible, il soupira puis saisit les accoudoirs de ma chaise pour la maintenir définitivement statique près de la sienne.

— Tu sais, Halo, dit-il d'une façon aussi brusque, dû au tutoiement, qu'amicale, dû à son ton. On a récolté assez d'informations pour vous faire coffrer en prison pendant la plus longue période de vos vies. On sait dans quel merdier sont plongés les Heirs et vivre sous leur toit fait de toi leur complice. Nous avons aussi quelques petits noms de clients qui pourraient facilement témoigner contre vous à la barre.

Il se pencha, non pas sur ma chaise, mais sur mon visage cette fois.

— Je pourrais t'embarquer maintenant, Halo Harper, dit-il avec un sourire qu'il ne cherchait pas à dissimuler.

Je fis de mon mieux pour relever le menton, dissimuler cette panique dans mon regard, et lui murmurais à mon tour :

— Mais tu ne l'as pas fait parce que tu sais que je pourrais t'apporter bien plus en étant en liberté... Alors au lieu d'essayer de me faire peur, dis-moi plutôt à quel prix vais-je devoir payer ma liberté ? 

Il repoussa ma chaise et elle roula en arrière jusqu'à ce qu'elle percute une des portières du van. Quand je me retournai pour lui faire face, Jeremiah s'était relevé, et il souriait.

J'en avais assez de ses sourires narquois. S'il avait un plan, qu'il le mette en exécution.

— Qu'est-ce que vous attendez de moi ?! Concrètement.