Chapitre 3

1.3K 50 158
                                    

9 janvier 2024

Gabriel referma la porte de son appartement derrière lui, le cœur lourd et l'esprit en ébullition. A la suite de sa proposition, le président lui avait dit qu'il avait le temps de réfléchir, et qu'il ne devait pas se sentir obligé de lui donner une réponse le jour même. Il était alors retourné au travail, essayant tant bien que mal de boucler quelques dossiers malgré son agitation. Ça n'avait pas été très fructueux, même avec la plus grande volonté dont il pouvait faire preuve, il avait été incapable de penser à autre chose que les mots de Macron. L'offre du président était à la fois une immense opportunité mais aussi une grande source d'inquiétude. Cette offre lui permettrait un avenir lumineux avec de nouvelles responsabilités et de nouveaux enjeux bien plus complexes à traiter.

Le ministre s'était attendu à tout. Il avait pensé à une faute qu'il aurait pu faire, à un dossier qui préoccupait potentiellement davantage le président, ou même un renvoi...Mais la dernière qu'il aurait pu penser était qu'il lui propose un poste aussi important et pour lequel il n'avait même pas pris la peine de postuler. Il se laissa tomber sur son canapé, dirigeant son regard vers le vide. Il ferma les yeux en lâchant un soupir de fatigue. Cela le faisait repenser à Jordan. Gabriel repensait à lui pour chaque petite chose, chaque petite pensée qui pouvait lui rappeler le jeune homme le faisait partir en spirale. Il ne voulait pas spécialement couper tout contact avec lui, il ne voulait pas lui dire ces mots blessants, lui dire qu'il n'y avait rien entre eux alors que pour lui c'était même tout le contraire.

Il n'avait jamais vécu ça avec un autre homme. Même ce qu'il avait vécu avec Stéphane, il ne trouvait pas que ça égalait ce qu'il ressentait pour Jordan. Avec lui, c'était particulier, ils avaient une alchimie puissante, et ce malgré leurs différends politiques. Elle effrayait Gabriel, tant elle était forte. Il avait toujours pensé que ce n'était tout simplement pas possible pour deux personnes de s'entendre aussi bien, et tout en étant d'accord sur très peu de choses. Mais les deux hommes avaient appris à l'accepter.

Incapable de se détendre, il fit les cent pas dans son salon, réfléchissant à toutes les implications de cette proposition. Il doutait tellement d'une relation potentielle avec le jeune homme en étant simplement un ministre d'un parti différent. Mais en étant le premier ministre ? Cela relevait de l'impossible à ce stade. Sa petite chienne n'était malheureusement pas auprès de lui pour lui apporter du réconfort, ce qui le déprimait. En effet, comme prévu, c'était la dogsitter qui s'en occupait aussi ce soir.

Gabriel était seul. Mais il avait besoin de parler avec quelqu'un, mais avec quelqu'un qui lui donnerait de bon conseils. Après quelques minutes, il décida de se relever, laissant son téléphone sur la table. Il prit simplement ses clés et ferma son appartement avant de prendre l'ascenseur pour monter jusqu'au dernier étage. Il n'y avait qu'une seule personne, auprès de laquelle il se sentait de demander des conseils aussi importants. Une personne en qui il avait toujours eu confiance : Mamie Huguette, la grand-mère du dernier étage.

Après tout c'était une femme sage, qui pourrait lui offrir une perspective différente. Elle avait tant vécu, tant vu, qu'elle serait d'autant plus en mesure de le conseiller. Il partageait souvent des moments de convivialité et de douceur avec elle, et elle avait toujours eu une manière particulière de le rassurer et de le guider. A ce stade, il n'avait eu qu'elle en tête.

Il monta les quelques étages qui le séparaient de l'appartement de la femme âgée. Une fois arrivé, il se dirigea vers sa porte et frappa doucement. Trois coups, comme il faisait toujours, avant de patienter calmement devant, le temps qu'elle lui ouvre. Quelques instants plus tard, la porte s'ouvrit et Huguette apparut, un sourire chaleureux éclairant son visage ridé. Elle ne semblait pas le moins du monde surprise de sa visite, ce qui n'étonnait pas le jeune homme. Elle savait toujours reconnaître ses visiteurs lorsqu'ils venaient frapper à sa porte.

LET THE WORLD BURN FOR YOU | BARDELLATTALOù les histoires vivent. Découvrez maintenant