Chapitre 5

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Il y a une semaine, l'annonce de la réception en l'honneur de Gabriel Attal avait fait le tour de l'Élysée et de tous les partis invités. La plupart avaient confirmé leur présence, à la grande surprise du Premier ministre. Lui qui n'en espérait pas tant, appris en milieu de semaine que la salle dédiée à cet événement allait se remplir très rapidement. Le Président avait même dû doubler la quantité de nourriture qu'ils avaient initialement prévue. Cela s'annonçait donc plutôt bien. Finalement, la soirée allait se terminer assez tard pour laisser à tout le monde le temps d'échanger et ainsi permettre d'être sûr que la nourriture serait vite épuisée.

Gabriel, toujours pris dans cet incessant tourbillon de responsabilités, n'avait pas vu le temps filer. Entre les réunions, les discussions stratégiques et les dossiers à boucler, ses journées étaient devenues une succession de moments frénétiques. Il avait passé quelques nuits à Matignon, pour gagner du temps, ce qui l'avait finalement conduit à ne pas recroiser Monsieur Dupont. Il ne savait pas si c'était plutôt un mal ou un bien, leur dernière discussion le tourmentant encore. Il n'avait pas eu l'occasion de revoir Mamie Huguette non plus, et il ne voulait qu'une chose, pouvoir la revoir. Cette vieille dame lui manquait énormément.

En revanche, il y avait bien une personne que le Premier ministre voyait de plus en plus. En effet, Gabriel passait de plus en plus de temps en compagnie du Président. Ils travaillaient énormément ensemble, ce qui avait fini par les rapprocher lentement. En effet, désormais le plus jeune le tutoyait au même titre qu'un autre collègue, lorsqu'ils étaient en dehors du travail. Il n'y avait que devant les caméras qu'il le vouvoyait encore. Ils avaient beaucoup de choses à faire, à deux, tels que des ajustements de détails des politiques à venir, peaufinant les discours et gérant les crises qui semblaient éclater de toutes parts.

Concrètement, il avait été très occupé, de toute part, ne lui ayant laissé que peu de temps pour sa vie sociale et personnelle. Pour autant, le Premier ministre n'arrivait pas à penser à autre chose qu'à Jordan et son message. Le plus jeune avait le don de retenir toute son attention, avec d'insignifiantes choses, tels que des messages. Il ne devrait pas se laisser distraire par cela, mais il n'y pouvait rien, à chaque fois qu'il avait cinq minutes de répit, son cerveau ne pouvait pas s'empêcher d'y penser. Alors il serait là pendant plusieurs minutes à se perdre dans ses pensées et à imaginer la scène se dérouler. Il allait jusqu'à imaginer les réactions de Jordan et ce qu'il lui dirait. Il espérait que le plus jeune comprenne et qu'il respecte sa décision, mais il était conscient qu'il ne devait pas trop espérer non plus.

Le matin du jour de la réception, Gabriel était déjà dans son bureau à six heures du matin, la tête plongée dans un rapport épineux sur les réformes éducatives. Il avait l'impression que sa tête allait tomber de ses épaules. Cela faisait plusieurs semaines qu'il était sur ce dossier, et malheureusement il était loin d'avoir fini. Il avait l'impression qu'il ne s'en sortirait jamais, ce qui le forçait à rester enfermé dans son bureau pendant des heures pour espérer le terminer. Il ne remarqua même pas le soleil se lever.

Les heures défilaient et l'approche de midi ne faisait que renforcer sa concentration. À 11h50, Valérie Hayer, sa collègue énergique et toujours bienveillante, apparut dans l'encadrement de la porte. Elle retint un soupir en le voyant le nez dans ses documents, alors que l'heure du midi approchait. Elle avait comme une sensation de déjà vue. Gabriel avait toujours été un travailleur acharné, mais ces temps-ci elle trouvait que c'était décuplé.

"Gabriel ? Tu es toujours là ? On devait déjeuner ensemble, tu te souviens ?" lança-t-elle en souriant, alors qu'elle s'approchait du bureau.

Gabriel leva la tête, l'air hagard. "Déjeuner ? Oh, je suis désolé, Valérie. J'ai complètement oublié. Je n'ai rien prévu." répondit-il, son visage tombant en une petite moue de culpabilité d'avoir oublié sa collègue.

LET THE WORLD BURN FOR YOU | BARDELLATTALOù les histoires vivent. Découvrez maintenant