Emprisonné par l'amour

VII - Présent.

VII - Présent.

Je suis coupé par un gardien qui donne des coups de matraque sur les grilles de notre cellule afin d'avoir un silence complet. Je montre ma désolation à Greg d'un haussement d'épaule et nous arrêtons de parler. Je m'allonge sur mon lit et regarde le plafond. Toujours aussi fade.

Je jette un œil sur Greg qui est déjà endormi, il me semble. Ses yeux fermés en donnent l'impression. Il doit sûrement être crevé de tout ce que je viens de lui dire. Il m'avait écouté avec attention et j'avais l'impression de revivre les événements passés comme si c'était hier. J'avais cette capacité de mémoire assez extraordinaire, comme le dit si bien mon père. D'ailleurs, je vais le voir demain, normalement, si il vient. Je dis ça car la dernière fois qu'il devait venir, il n'est pas venu, à croire qu'il m'avait oublié. 

Je dois à présent dormir; je peux voir par la fenêtre imaginaire que je m'étais faite qu'il commence à faire nuit. Greg et moi avons déjà mangé cette purée non déterminée que nous offre la prison tous les jours pendant que je racontais mon histoire. Greg m'avait promis qu'il me raconterait son histoire dès que j'aurai fini la mienne.

« Greg ? Tu dors ? »

Aucune réponse. Cela veut dire ce que ça veut dire. Il dort. Paisiblement. Alors que moi, je suis coincé ici depuis des mois et je n'ai jamais réussi à m'endormir aussi vite, j'ai toujours mes tourments qui m'en empêchent. Je ferme les yeux afin d'essayer de m'endormir. Je ne sais pas combien de temps se passe avant mon sommeil, je ne sais même pas si je dors. J'essaie de bouger un bras, je n'y arrive pas. Je pars dans mes cauchemars, encore une fois.

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Je suis dans un endroit familier, voire trop. Une fille aux cheveux rouges me tient la main et m'emmène dans une sorte de bar. Je me laisse guider, comme si je savais que je pouvais lui faire confiance. Je vois trouble, je ne sais pas ce qui se passe. Le brouhaha des personnes présentes dans le bar me rend nerveux. J'avance au même rythme que la fille qui me tient la main et elle m'emmène jusqu'au bar avant de s'asseoir sur un des tabourets gris. Elle articule quelque chose au barman dont je n'arrive pas à discerner les mots. Quelques temps après, une boisson -semblant être alcoolisée- apparaît devant elle. 

Soudain, elle tourne son visage vers moi et je la reconnais. C'est Sath. Elle est jeune, très jeune. J'ai une impression de déjà vu. Ce bar.. ce bar.. je l'ai déjà vu, j'y suis déjà allé. Elle me chuchote quelque chose à l'oreille mais je ne parviens pas à comprendre ce qu'elle me dit. Elle rit un bon coup puis se fait tapoter l'épaule par un homme, plus âgé qu'elle. Dès qu'elle l'aperçoit, elle lui saute dessus en le prenant dans ses bras de toutes ses forces. Je ne sais pas ce que j'ai dans le ventre, mais en tout cas ça me fait mal. Comme un nœud à l'estomac, un sentiment assez rare chez moi. Elle lui parle et m'oublie complètement, comme si je n'existe plus.

J'attends et le barman me propose de boire quelque chose. Je refuse et il n'en dit pas plus. Il va rejoindre d'autres silhouettes assises au bar. Je n'arrive pas à voir leurs visages, seul celui de Sath m'est bien représenté. J'ai l'impression que tout cela n'est pas réel. Inopinément, je sens une vibration sur ma jambe. Je plonge ma main dans ma poche et récupère mon téléphone portable avant de le déverrouiller. C'est mon père qui me demande si tout se passe bien chez mon amie. Je regarde autour de moi, un léger rictus au lèvre dû à l'ironie de la situation : jamais je n'aurais cru mentir à mon père un jour. C'est la première fois que j'enfreins les règles et je le sais, je le sens.

Sath se retourne vers moi et me demande qui vient de m'envoyer un message. Je réponds furtivement que c'est mon père et elle rit. Son rire.. J'ai beau l'avoir entendu si peu de fois que je le trouve magnifique. Elle me propose d'aller ailleurs avec son « ami » qui doit bien faire 10 centimètres de plus que moi. J'hésite mais elle arrive à me convaincre. Je la suis donc à l'extérieur, laissant derrière nous le verre d'alcool que Sath n'a bu qu'à moitié. Une belle voiture nous attend et nous montons dedans. Sath et l'homme vont à l'avant tandis que je vais à l'arrière. Sath nous fait les présentations et j'apprends que l'homme s'appelle Travor. Drôle de prénom, en effet.

Alors que la voiture commence à avancer, je sens comme des secousses dans mon corps tout entier. J'ai une sensation d'abandon de mon corps puis..

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« Nathan ! C'est l'heure des vérifications des chambres ! » 

J'ouvre doucement les yeux et voit Greg au-dessus de moi, très inquiété. Je mets plusieurs secondes à me rendre compte de ce qu'il vient de me dire et je me lève rapidement de mon lit. 

« J'ai fait un rêve bizarre.. chuchotai-je. 

- Plus tard ! Ça va être notre tour ! rétorqua Greg. »

Greg m'avait dit la veille qu'il était déjà allé en prison donc il sait ce que c'est, ce qui explique à quel point il parait à l'aise dans cette minuscule pièce. Il doit savoir que si nous dormons encore lors des fouilles des chambres, nous subissons une sanction plus ou moins grande, cela dépend l'humeur des policiers. Injuste, non ? Pourtant, c'est comme ça ici.

Je me lève et au même moment, un policier ouvre la porte de notre cellule. J'ai eu chaud. Je fais comprendre à Greg que je le remercie et il me sourit en coin. Le policier entre, nous regarde et commence à fouiller sous nos matelas, dans le tiroir du seul meuble que nous avons ici, pendant que je regarde par la fenêtre le ciel bleu qui annonce une agréable journée pour ceux qui sont dehors, dont sûrement Sath.

Voici le chapitre 7 ! Un nouveau retour dans le présent. Avez-vous compris quand même que ce qui se trouve entre les "~~~~~~" est le rêve que fait Nathan ? Avez-vous compris que ce rêve est également la suite du récit que doit faire Nathan à Greg ? x) Bref, compliqué compliqué tout ça. Je vous fais des bisous et merci à vous de me lire ! La suite arrivera prochainement.