X - Présent.

5.6K 612 26
                                    

Présent.

Je suis assis sur mon lit, tout comme Greg. Nous n'attendons rien de spécial, mais en tout cas, nous attendons bien. Soudain, alors que le silence règne, Greg me lance :

« Raconte-moi la suite de ton histoire ! 

- Celle de Sath et moi ? 

- Bah oui ! »

Nous n'avons rien à faire et.. malgré le fait que j'ai du mal à repenser au passé sans avoir un soupçon de haine ou un autre ressentiment négatif, cela me fait du bien d'en parler. C'est comme si Greg était mon psychologue, quoi que..

« Tu veux que je te raconte tout ?

- Oui, tout tout tout ! 

- Pas d'soucis. »

Je m'installa face à lui, humidifie mes lèvres puis commence à conter mon histoire :

« Le lundi suivant, nous sommes allés à nouveau en cours. Je me souviens encore ! Tom était malade et j'avais fait le chemin avec Sath jusqu'au lycée. Nous avions parlé de Tom d'ailleurs ce jour-là, et de façon très sérieuse. C'était là que j'avais cafté pour les sentiments de Tom, même si je savais très bien que c'était mal de balancer les potes, mais Sath en était une également, et nous savions tous les deux que Tom était devenu un coureur de jupon donc.. »

Je reprends ma respiration, lance un regard à Greg qui est totalement attentif à mes mots, comme si cela était la chose primordiale à savoir avant de faire des années de taule. 

« Puis, au cours suivant de physique-chimie, le professeur nous a rendu nos contrôles surprises, et là.. surprise ! J'avais eu un 0/10 ! C'était la première note que j'avais en dessous de la moyenne, et je peux te dire que tous les autres élèves étaient choqués de moi, comme si j'étais devenu une autre personne, ou que je me rebellais. Certes.. c'était un peu le cas, mais je ne pensais pas que le prof' devinerait notre triche..

- Et vous avez eu des sanctions ? me coupa Greg.

- Justement, j'y viens ! Le prof' nous a convoqué en fin d'heure pour mettre les choses au clair. Il nous avait fait part du fait qu'il était content que nous étions amis mais qu'il ne fallait pas non plus devenir délinquants, bien que je ne souhaitais pas du tout le devenir, et ce n'était qu'une mauvaise note, mais je pense que le professeur voulait simplement m'effrayer. Suite à ça, j'avais avoué que j'étais le responsable, et au début, il ne m'avait pas cru, il soupçonnait encore et toujours Sath, puis à force de me dénoncer, il a fini par me croire. Sincèrement, je me sentais terriblement mal à ce moment là. Jamais je ne me faisais disputer, mais réellement jamais ! Sauf par mes parents, quelques fois, et encore, c'était très rare. Puis lorsque nous sommes sortis, Sath et moi, de la classe, elle s'est mise à rire. Je l'ai dévisagé puis elle m'a dit « Pète un coup ! » et j'ai hurlé de rire. Suite à ça, nous avions raconté ça le lendemain à Tom et il avait également eu du mal à me croire. Pour lui, j'étais le gars incapable de tricher et qui ne se faisait jamais engueuler. « J'avais cassé le mythe » comme avait dit Tom. »

Je me mets subitement à rire nerveusement en repensant au passé. Je deviens peu à peu nostalgique au fur et à mesure de mon récit et.. ça me fait bizarre. Greg me regarde encore et attend patiemment la suite, suite que je continue de raconter :

« Le même jour, c'était un mardi, je m'en souviens ! Tom, Sath et moi étions en récré, celle de 4h, et il nous restait tous les 3 plus qu'une heure de cours et Sath nous a proposé de sécher. Tom était partant mais je ne l'étais pas pour autant, je détestais enfreindre les règles et Sath me disait que c'était pour seulement une fois, rien qu'une fois. Alors.. j'ai réfléchi pendant qu'elle débattait en mode « Allez, ça ne va pas te tuer ! On va bien s'amuser, tu verras ! » et j'ai cédé. Nous nous étions "enfuis" et nous nous sommes baladés dans les rues. Je culpabilisais beaucoup d'avoir séché une heure de cours, c'était une toute première pour moi, mais ce ne fut pas la dernière ! En effet, les jours suivants, nous nous étions permis de sécher quelques cours, ceux qui ne nous plaisaient pas trop à ce temps là. C'était assez étrange cette sensation, celle de la liberté. Avant que je la rencontre, je faisais ce qu'on me demandait, point barre. Désormais, je faisais ce que JE voulais, et tout devenait différent. Très rapidement, alors que je devenais de plus en plus "normal" aux yeux des gens, je commençais à me faire des amis. Les jours passaient, et les gens commençaient à me parler, commençaient à me reconnaître dans la cour. Non pas que j'étais devenu populaire, mais certaines personnes, qui habituellement ne me saluaient pas, venaient désormais me serrer la main lorsqu'elles me croisaient dans la cour ou dans les couloirs. J'avais cette sensation d'être plus apprécié lorsque j'étais plus décontracté, plus « cool » comme disaient les gens dans mon entourage. Cependant.. mon père commençaient à se poser des questions sur moi. J'avais eu le droit à des "conseils de famille", ce fameux moment où, pendant que nous mangeons, les parents décident subitement de parler sérieusement. Mon père avait choisi le jour des haricots verts, comme si le repas n'était pas assez nul. Il me disait qu'il me trouvait bizarre ces derniers temps, que je commençais à faire des bêtises, que je sortais de plus en plus fréquemment et qu'une fois, il m'avait surpris en train de câliner une fille. Cette fille, c'était Sath, évidemment. C'était la seule fille avec qui je m'entendais bien à l'époque. Toutes les autres ne m'attiraient pas le moins du monde, elles étaient quasiment toutes fausses, tandis que Sath était elle-même, elle ne se cachait pas sous 500 grammes de poudres et 300 grammes de rouge à lèvres. C'est à ce moment précis, lorsque mon père me parla de Sath, que je me rendis compte que Sath était bien plus qu'une amie pour moi. Oui, cela faisait quasiment 1 mois et demi que je la côtoyais à l'époque, et nous nous étions dangereusement rapprochés. Je savais pertinemment qu'elle n'avait aucun sentiment pour moi, je commençais en avoir pour elle. D'ailleurs, c'est vers avril-mai 2011 que je ressentais ces choses que l'on ressent lorsque nous sommes amoureux : les papillons dans le ventre, la nervosité, les mains moites, le bégaiement, ce genre de choses.

- Tu tombais amoureux ? me questionna Greg.

- C'était inévitable, oui. »



Emprisonné par l'amourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant