𝟐 • 𝐌𝐚𝐧𝐪𝐮𝐞 à 𝐥'𝐚𝐩𝐩𝐞𝐥

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24 février,
7h24,
Campus UCLA,
Los Angeles.


Maggy.

Je relève mon masque de nuit sur mon front en grimaçant. Mon téléphone vibre inlassablement sur mon bureau pour m'indiquer qu'il est l'heure de me réveiller. Je retire la couette de mon corps et remet mon ruban noir sous mon oreiller.

Quand Cora dort ici, c'est sa respiration lente et posée qui me berce. Mais quand elle n'est pas là, je m'endors en caressant ce ruban noir. Je le fais passer entre mes doigts, la douceur du satin me rassure. Depuis que je suis toute petite, j'ai toujours eu du mal à dormir. En plus de devoir être dans le noir complet, il faut que je focalise mon attention sur autre chose que mes peurs nocturnes. Ce ruban est le moyen le plus discret que j'ai trouvé.

Je traîne les pieds à l'autre bout de la pièce où se trouve mon espace de travail. Je tapote sur l'écran de mon téléphone pour le faire taire et je consulte mes notifications. Assise sur ma chaise à roulettes, je soupire. Toujours aucune nouvelle de ma colocataire.

Ce n'est pas vraiment dans les habitudes de Cora de rester longtemps sans donner de nouvelles. Je compose son numéro et apporte mon téléphone à mon oreille. Mais cette fois-ci, comparé à hier, je tombe directement sur sa messagerie. Un rapide coup d'œil à sa table de nuit et je me rends compte qu'elle a laissé son chargeur ici.

Je hausse les épaules et jette mon portable sur mon lit. Avant d'aller sous la douche, j'ouvre la seule et unique grande fenêtre de notre chambre pour aérer un peu.

L'absence de Cora bouscule un peu le planning que j'avais en tête. Ce matin, nous devions travailler sur un travail de groupe qu'on doit rendre lundi à la première heure et ensuite aller s'entraîner puisque le concierge a laissé la clef du complexe sportif sur la fenêtre de son bureau.

Elle a sûrement dû passer la nuit avec Roy. Il habite à l'autre bout du campus, mais si je m'organise, je pourrai sûrement commencer mon échauffement en allant chercher ma colocataire chez son petit ami, aller m'entrainer un peu sur l'enchaînement qui me donne du fil à retordre pendant qu'elle fait sa session de natation puis nous aurions plus qu'à rentrer, manger et plancher sur notre devoir.

Je passe rapidement sous la douche et j'enfile mon justaucorps d'entraînement ainsi qu'un legging et un t-shirt un peu loose à l'effigie de mon université. Je fais rapidement mon sac pour la gym et je lace mes baskets de running à mes pieds.

Mes écouteurs dans les oreilles, je commence mon échauffement en petite foulée. Le samedi matin, le campus est toujours assez calme. La plupart des étudiants qui vivent ici sont en train de décuver de leur soirée de la veille. Même accompagnée de ma musique, j'entends les oiseaux qui gazouillent dans les arbres.

Le soleil est timide. Une rosée fine s'est déposée sur la pelouse, me mouillant les chevilles lorsque je décide de prendre un raccourci et de couper la grande étendue de gazon qui sépare le campus en deux. J'augmente ma vitesse de course en contournant le bâtiment où se tiennent la plupart de mes cours de droit. Puis je sprinte avant d'arriver au dortoir où crèche Roy.

N'ayant pas les accès pour pénétrer dans le bâtiment, je fais le pied de grue devant l'entrée. J'en profite pour faire quelques étirements pour ne pas laisser mon corps se refroidir. Je regarde rapidement ma montre. Si dans cinq minutes, je ne suis toujours pas à l'intérieur, je pars m'entraîner sans Cora.

Menteuse, tu l'attendrais toute la journée s'il le fallait.

Finalement, je saisis ma chance lorsqu'un jeune homme quitte le bâtiment tout en téléphonant. Il me tient la porte sans même faire attention à moi. Une fois, dans le hall d'entrée, je cherche activement le numéro de la chambre de Roy. Murphy de son nom de famille, sur les boîtes aux lettres.

Garder le silenceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant