𝟔 • 𝐏𝐥𝐮𝐬 𝐝𝐞 𝐫𝐞𝐭𝐨𝐮𝐫 𝐞𝐧 𝐚𝐫𝐫𝐢è𝐫𝐞

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28 février,
20h46,
Pavillon Pauley,
Los Angeles.


Alistair.

Je ne sais même pas ce que je fous là. A faire les cents pas devant le complexe sportif qui était le mien, avant. Je ne sais pas combien de fois j'ai passé les portes du pavillon Pauley depuis que je suis étudiant ici.

Enfin que j'étais étudiant ici.

Tout s'est arrêté lundi matin quand je me suis fait convoquer dans le bureau du doyen Hills avant l'assemblée extraordinaire comme il l'avait nommée. Je n'ai même pas cherché à me justifier quand il m'a présenté la lettre qui m'a annoncé mon renvoi.

Je savais bien que ce moment allait arriver surtout après avoir passé la fin de mon samedi dans une salle d'interrogatoire du commissariat de police.

Ma jambe gauche bouge de façon frénétique. Depuis que je suis assis dans cette salle d'interrogatoire, j'ai du mal à rester calme. Je fais rouler l'anneau en argent que je porte à mon auriculaire pour tenter de me détendre, en vain. Je sais que je suis innocent dans le meurtre de Cora mais je sais aussi que je ne suis pas tout blanc dans cette histoire.

Je lève les yeux sur l'enquêteur Nilsen quand il revient dans la pièce. Dans ses mains, un dossier cartonné. J'ai déjà ma petite idée de ce qu'il contient.

— Nous n'avons pas retrouvé le téléphone de mademoiselle Sanchez, mais pendant les premiers témoignages que nous avons recueillis, ton numéro est ressorti. Sauf que tout à l'heure, tu m'as dit que tu ne connaissais pas Cora Sanchez.

Je sursaute légèrement lorsque Nilsen laisse tomber le dossier sur la table. Quand il l'ouvre, un petit bout de papier avec mon numéro dessus est accroché avec un trombone. L'enquêteur le décroche et le fait glisser devant moi.

— C'est bien ton numéro de téléphone ?

Je baisse rapidement les yeux sur le bout de papier. 213-521-2404. Je soupire.

— C'est bien mon numéro oui. Mais ça ne prouve rien. La personne a pu se tromper dans ce qu'elle a vu.

— Tu penses bien que quand on est venu te trouver, on avait fait nos vérifications avant. Voici tes relevés téléphoniques. Et là, surligné en jaune, c'est le numéro de Cora. Il apparaît à plusieurs reprises ces derniers-mois. Alors ? Tu ne la connais toujours pas ?

Ma jambe s'est arrêtée de bouger par elle-même. Si je continue plus longtemps, la police va croire que c'est moi le coupable. Alors je rassemble tout le courage qu'il me reste et je m'accoude à la table qui me sépare de l'enquêteur.

— Vous avez raison, je connais Cora.

— Tu peux m'en dire plus ou il faut que je te mette en état d'arrestation ? Vous étiez quoi ? Des amis ? Des amants ?

— Quoi ? Non ! Cora est avec Roy. Même si ce mec ne fait pas partie de ma bande de potes, il était sympa avec nous quand Cora le ramenait à nos soirées. Non, avec Cora, on n'avait pas ce genre de relation. Disons... Disons qu'on avait une relation commerciale.

L'enquêteur hausse un sourcil pour m'inviter à lui en dire plus. Je jette un coup d'œil au miroir sans tain avant de continuer mes explications.

— Je suis son dealer. Fin, j'étais son dealer du coup.

— Pourquoi tu lui as envoyé des messages le soir de son meurtre ? Me demande Nilsen en se redressant sur sa chaise.

— On devait se voir pour que je lui file la marchandise qu'elle m'avait demandée pour la soirée du club foot...

— Elle n'est pas venue ?

Garder le silenceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant