SHAME ✶

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Le son monotone et lancinant résonnait dans l'air tel un métronome implacable

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Le son monotone et lancinant résonnait dans l'air tel un métronome implacable.

"Clouc, clouc, clouc."

Cette cacophonie insupportable martelait l'atmosphère depuis un certain temps maintenant.

"Clouc, clouc, clouc."

Isabelle, assise sur un banc rustique aux lattes patinées par le temps, scrutait les alentours, tentant en vain de discerner l'origine de cette dissonance persistante. Son regard balayait l'espace bucolique qui l'entourait, mais la solitude régnait en maîtresse absolue. Elle était seule, enveloppée par le silence oppressant de l'église.

"Clouc, clouc, clouc."

Le puits trop éloigné dans sa niche de pierre moussue, ne pouvait être la source de cette nuisance sonore qui tourmentait ses tympans.

"Clouc, clouc, clouc."

Soudain, une gouttelette cristalline vint s'écraser sur les pages jaunies de la petite bible qu'elle tenait délicatement entre ses doigts fins, arrêtée sur une page depuis quelques instants.

Son attention fut captivée par un verset qui semblait luire d'une lumière intérieure : "Un témoin fidèle ne ment pas, tandis qu'un faux témoin dit des mensonges." Cette phrase la plongea dans une introspection vertigineuse, un abîme de réflexion. Avait-elle menti ? Non, elle en était certaine, sa conscience demeurait immaculée sur ce point.
Elle poursuivit sa lecture, ses yeux parcourant avidement le long verset qu'elle méditait depuis deux années :

"Tu ne commettras point de meurtre." Était-elle une meurtrière ? Sur ce point, sa conscience n'était pas tout à fait sereine.

"Clouc, clouc, clouc."

Le bruit lancinant persistait, continuant de tourmenter ses oreilles sensibles, tel un rappel incessant de ses tourments intérieurs.

Voilà deux ans qu'elle hantait ce lieu, deux années d'une torture indicible. Cet endroit où elle avait vu pour l'ultime fois, le jour des épousailles ‒ non pas les siennes, mais celles de sa sœur et d'Edmond. Elle demeurait incapable d'avancer véritablement, de faire son deuil comme ne cessait de le lui répéter son cousin avec une insistance qui frisait l'indécence. Cela devait bien l'arranger, lui, qu'Edmond soit mort. Plus personne ne se dressait désormais entre lui et Mercedes.

Pauvre sot, pensait-elle avec un mélange de mépris et de pitié.

Les mois qui précédèrent l'arrestation et la mort d'Edmond furent un calvaire, une descente aux enfers. Elle ne pouvait verser autant de larmes que sa sœur, qui venait de perdre son fiancé le jour même où elle aurait dû connaître le summum du bonheur.

𝙇'𝙖𝙧𝙘𝙝é𝙩𝙮𝙥𝙚.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant