Chapitre 11

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Pdv Emmanuel

Dix-huit ans plus tôt...

Les couloirs du lycée résonnaient de rires et de conversations joyeuses, mais pour moi, c'était un autre monde, un monde dont j'étais exclu. À l'époque, je n'étais qu'un garçon timide, avec des lunettes trop grandes et des vêtements trop usés. Ma silhouette frêle et ma voix hésitante faisaient de moi une cible parfaite pour les moqueries et les brimades.

Chaque matin, j'espérais secrètement que ce jour serait différent, mais il ne l'était jamais. Les mêmes visages, les mêmes rires méprisants, les mêmes souffrances. C'était toujours la même chose. Léo et sa bande de suiveurs semblaient prendre un plaisir particulier à rendre ma vie un enfer. Ils m'attendaient à la sortie des cours, me bousculaient dans les couloirs, se moquant de mon homosexualité et répandaient des rumeurs cruelles à mon sujet.

Un jour, alors que je rentrais chez moi, le sac lourd de livres et le cœur lourd de chagrin, ils m'ont coincé dans une ruelle déserte. Les coups ont plu sans avertissement, mêlés de rires cruels et de mots venimeux.

- Tu ne vaux rien, Emmanuel, cracha Léo en me donnant un coup de pied dans les côtes. Personne ne t'aime et personne ne t'aimera jamais.

Je suis rentré ce soir-là, le visage enflé et les vêtements déchirés. Ma mère, absorbée par ses propres problèmes, n'a rien remarqué. Dans le silence de ma chambre, j'ai laissé les larmes couler, me promettant de tenir bon, mais chaque jour était un combat pour ne pas céder à la désespérance.

Les années passèrent, et les brimades ne faiblirent pas. Au contraire, elles se firent plus sournoises, plus psychologiques. À dix-sept ans, j'étais une épave émotionnelle, épuisé et à bout de nerfs. C'est alors que j'ai rencontré Maxime, un nouveau venu dans la classe. Il était tout ce que je n'étais pas : confiant, charismatique, respecté. Pour être honnête, j'avais un faible pour lui. Je ne me doutais pas qu'il aurait été celui qui m'a tendu la main quand personne d'autre ne le faisait.

Maxime semblait comprendre ma douleur, et il m'a introduit dans un monde que je ne connaissais pas : celui de la drogue.

- Ça te fera oublier, m'a-t-il dit en me tendant un petit sachet blanc. Juste une fois, pour te détendre.

Je savais que c'était dangereux, mais la tentation d'échapper à ma souffrance était trop forte. J'ai pris ce qu'il me donnait, et pour la première fois depuis des années, je me suis senti libre, léger, insouciant.

Ce qui a commencé comme une simple échappatoire est vite devenu une dépendance. Mes notes ont chuté, mes relations familiales se sont détériorées, mais je m'en fichais. La drogue me donnait ce que la réalité ne pouvait offrir : une pause de la douleur, un refuge temporaire.

Peu à peu, Maxime m'a entraîné dans des activités plus sombres. Les petits larcins sont devenus des braquages, les petits échanges de drogues sont devenus un trafic et ma profession à plein temps.
Et avant que je ne m'en rende compte, j'étais pris dans un engrenage criminel. À chaque nouvelle étape, je perdais un peu plus de moi-même, devenant l'ombre de celui que j'avais été.

Un soir, alors que nous préparions un coup, les choses ont mal tourné. La police est arrivée plus vite que prévu, et Maxime s'est enfui, me laissant seul face à l'arrestation. Menotté, humilié, j'ai compris que je touchais le fond.

Les mois qui suivirent furent une lutte pour la survie, une tentative désespérée de remonter la pente. La prison m'a changé, m'a endurci. À ma sortie, j'avais perdu tout espoir d'une vie normale. J'étais marqué, brisé, sans avenir.

A Fleur De Toi /// ATTALxBARDELLAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant