WHERE YOU GO, I GO ( Attal X Bardella )

Je ne veux plus de toi

Unfair- The Neighbourhood

Stéphane et moi s'installons dans le café près de mon hôtel, mon regard mélangé de confusion et d'angoisse.

Pourquoi veut - il me voir soudainement  ?

Nos boissons enfin commandées et servies, Stéphane prend la parole, la voix tremblante, ses yeux brillants.

- é-écoute Gabriel je...j'y arrive pas sans toi...

Une fois ses mots prononcés, ils tournent en boucle dans ma tête, je les entends se répéter sans s'arrêter.

Je ne sais plus où regarder, Stéphane ou bien mon verre ? Les alentours, le ciel voilé de nuages ? Ou bien simplement baisser les yeux ?

Je ne sais plus.

Je ne sais plus quoi faire, quoi répondre, quoi penser.

Me voyant perdu face à ses propos, Stéphane reprend.

- je sais que ça peut te faire bizarre, que je revienne deux ans après... mais Gabriel je te jure je ne peux pas sans toi j'ai essayé, essayé en vain de te sortir de ma tête tu apparais chaque seconde...

J'oscille entre mon angoisse et mon incompréhension.

Des centaines de questions apparaissent dans ma tête mais je suis dans l'impossibilité de prononcer une seule syllabe. Je suis figé, choqué.

Et lorsque mon regard se repose sur Stéphane, des larmes s'échappent de ses yeux, coulant le long de ses joues, allant même jusqu'à son cou tellement qu'elles sont abondantes.
Mes yeux s'écarquillent, mon regard ne pouvant dériver ailleurs.

- je t'en supplie...Gabriel...

Sa voix est remplie de désespoir mais j'ai peur, peur que notre histoire se répète encore.

J'ai tourné la page, notre livre avec Stéphane est terminé, on a beau relire le même livre des dizaines de fois la fin ne changera jamais.

- écoute Stéphane je...

- je ne te frapperai plus Gabriel.

Pitié.

Accorde moi une troisième chance.

Et soudain, les souvenirs enfouis en moi resurgissent tel une attaque, des milliers de coups de couteaux transperçant mon cœur.

______

Il y a deux ans, 28 Mars 2022.

- Stéphane je t'en supplie, arrête tu me fais mal...

- tu comprends rien Gabriel ! T'as vu comment Bardella te regardait hier dans le débat ! Tu penses que je devrais être calme en voyant comment les autres hommes te regardent ?

Tout en prononçant ces mots, sa main se resserrait sur mon cou, ses doigts capturant ma respiration.

- je...stéphane s'il te...

Je toussais, j'étouffais. Ça y est.

La mort allait enfin m'avoir.

Mes dernières larmes parcourant mes joues, mes paupières se fermaient, j'allais enfin dire bonjour au Paradis et au revoir à l'enfer que je subissais.

Mais non, mon histoire était loin d'être finie.

Stéphane me relâchait brusquement, ses mains remplis de sang, mes bras recouverts d'entailles, mes lèvres recouvertes de sang légèrement séché.

Il s'accroupit, m'attrapa le menton avec sa main droite y laissant des traces de sang, son regard perçant mon âme.

- écoute moi bien Gabriel, tu es à moi.
Et à personne d'autre. Si tu oses t'approcher de ce Jordan Bardella, il n'existera plus. Il ne sera qu'un léger souvenir. Comme toi.

Il partait, claquant brusquement la porte, me laissant dans le grenier plongé dans l'obscurité.

_______

Je prends une grande inspiration, prêt à assumer mes dires.

- écoute Stéphane je...

- s'il te plaît Gab...

- je ne veux plus de toi Stéphane.

Son visage comblé par la tristesse se transforme en une fraction de seconde, en un visage rempli de haine.

Ses sourcils légèrement froncés se relevaient, ses larmes ne coulaient plus, son regard n'était plus aussi affligé, la pitié n'était plus présente. Tout disparaît.

Stéphane se lève d'un bond, se rapproche dangereusement de moi, il se penche afin que nos souffles puissent s'entremêlés.

Un frisson parcourt tout mon corps en voyant le regard de Stéphane me glacer le sang.

- dans ce cas tu peux dire adieu à Jordan.

Il tape son poing contre ma table tout en déposant brusquement une image. Avant que je regarde de quoi il s'agit Stéphane quitte le café, sans m'adresser un seul regard.

La photo.

Jordan et moi s'embrassant dans ma chambre d'hôtel.