Chapitre 1 : Raphaël

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— J'adore !

— Vraiment ?

Je tire de nouveau la langue et laisse mon ami et colocataire Ocean en fixer le bout durant quelques secondes. Puis, les bijoux brillants qui ornent mon muscle disparaissent de nouveau entre mes lèvres. Il hoche la tête encore une fois.

— A fond ! Même si t'as l'odeur du dentiste, mais bordel, j'imagine que ça vaut la peine ?

Avachi sur ma chaise, je ne peux m'empêcher de glousser. Ocean est du genre lumineux, une boule d'énergie et de lumière qui chaque jour ouvre une voie avec tellement de positivité que j'en suis bien souvent aveuglé. Et surtout, il est subjugué par la moindre nouveauté sur mon corps. Mon piercing le plus récent est probablement celui qui a le plus d'effet sur lui et je jure qu'il n'y a rien de meilleur que son sourire curieux et émerveillé toute à la fois à cet instant précis.

— Ta langue a dégonflé comparé au jour où tu l'as fait, ajoute Ocean.

— Evidemment, c'est cicatrisé depuis un petit moment, maintenant.

Il émet un petit « mmmmh » appréciateur et se penche un peu plus au-dessus de moi. Une de ses mains nanties de longs doigts minces et bronzés s'approche de mon visage et le dégage de quelques mèches noires, trop longues, révélant d'autres bijoux étincelant sur ma peau diaphane. Debout entre mes jambes écartées, Ocean sourit et touche avec délicatesse ma peau traversée par tant et tant de bijoux. J'ai l'impression d'être une œuvre d'art entre ses mains.

— Combien en as-tu maintenant ? demande-t-il avec curiosité.

— Mmmh, je ne suis pas sûr... tu veux bien les compter pour moi ?

Le salon est calme. La dernière chanson de la playlist jouant dans le salon s'est terminée depuis de longues minutes à présent et seul le silence résonne à nos oreilles. A travers les rideaux fermés, on peut apercevoir la lumière du jour, déclinant lentement, le soleil disparaissant derrières les bâtiments de la ville petit à petit. Le gloussement d'Ocean s'élève doucement dans la pièce et je me retrouve à sourire affectueusement en l'entendant. J'adore ce type. Il est solaire. Il peut illuminer une journée des plus sombres. Sans effort.

— Il y en a tellement, murmure-t-il amusé. Je vais en rater, c'est sûr.

Je ricane à cela et me lève, suffisamment lentement pour lui laisser le temps de s'éloigner et ne pas prendre un coup de tête dans le menton. Quelques pas, je m'étire, puis tourne et m'effondre tout bonnement sur le canapé proche. Enfin, je laisse s'afficher n sourire en coin pour le type avec qui je vis depuis quelques années dans une colocation avec beaucoup, beaucoup d'avantages.

— Pas faux, t'es assez mauvais dès qu'il s'agit de calculer, j'oublie parfois qui gère le loyer.

— Eh !

— Tu veux compter ceux-là ? Il doit y en avoir un peu moins que les doigts de tes deux mains réunis. Ou c'est déjà trop ?

Océan ne répond pas immédiatement, fixant avec précaution la langue que je tends dans sa direction cette fois, et les billes argentées qui se présentent en ligne au centre. Soutenant son regard, je laisse ma main, volontairement taquine, glisser sur l'ourlet de mon tee-shirt et le soulève pour révéler une autre ligne argentée et brillantes ; au-dessus et en-dessous de mon nombril, puis d'autres étoiles étincelantes qui courent dans une ligne délicate jusqu'à mon torse et s'arrêtant à la limite de mes côtes. J'observe avec délectation la manière dont ses yeux s'assombrissent en parcourant mon corps et ma queue se gonfle d'intérêt dans mon pantalon trop taille basse.

— Oh, bon sang, souffle-t-il révérencieusement. T'as changé les bijoux ?

— Je n'ai pas dit de compter avec les yeux, mec, soupiré-je, ma langue revenant rapidement dans ma bouche.

BIJOU - L'étincelle des esseulésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant