Le matin était arrivé, mais l'ombre des pensées nocturnes persistait dans mon esprit. Je me levai avec difficulté, la lumière du jour pénétrant dans ma chambre comme un intrus, dérangeant le calme que je m'étais construit. Je pris un moment pour contempler mon reflet dans le miroir. Les cernes sous mes yeux témoignaient des nuits sans sommeil, des luttes silencieuses que personne ne pouvait voir.Aujourd'hui, l'école m'attendait, un monde où je devais porter un masque et prétendre que tout allait bien. Je m'habillai rapidement, choisissant des vêtements sombres qui reflétaient mon état d'esprit. Chaque geste était mécanique, un rituel que j'exécutais sans y penser.
Lorsque je franchis la porte, une bouffée d'air frais m'accueillit, mais elle ne parvint pas à dissiper le poids qui pesait sur ma poitrine. Les enfants riaient et jouaient dans le quartier, insouciants de leurs soucis. Je les observai un instant, me demandant à quoi ressemblait leur vie. Savaient-ils ce que cela faisait de porter un fardeau si lourd ?
À l'école, l'atmosphère était remplie de voix animées, de rires, et de chuchotements. Je me glissai dans la foule, m'efforçant de rester invisible. Les cours s'enchaînaient, et je m'appliquai à écouter sans vraiment comprendre. Mon esprit errait, obsédé par le garçon que j'avais aperçu la nuit précédente. Qui était-il ? Pourquoi avait-il occupé mon esprit de cette manière ?
Le déjeuner arriva, et je m'installai seule à une table. C'était mon refuge, un endroit où je pouvais observer sans être observée. Les groupes se formaient autour de moi, chacun partageant des rires et des histoires. J'enviais cette camaraderie, mais je savais que je n'étais pas prête à m'intégrer. J'étais trop brisée pour faire semblant.
Je sortis un livre de mon sac, espérant qu'il me protégerait des regards curieux. En feuilletant les pages, je fus distraite par un mouvement à ma droite. C'était lui. Le garçon du jardin. Il était là, assis à une table voisine, plongé dans ses pensées. Nos regards se croisèrent un instant, et un frisson me parcourut l'échine.
Il ne semblait pas heureux. Ses yeux, bien que vifs, reflétaient une tristesse que je comprenais trop bien. Je souhaitais trouver le courage de lui parler, de briser cette barrière invisible qui nous séparait. Mais la peur me paralysait. Qu'aurais-je pu lui dire ? Que j'étais comme lui, perdue dans un monde de douleur ?
À la fin de la journée, alors que je sortais de l'école, je décidai d'emprunter un chemin différent, celui qui menait au parc. Je voulais être seule, loin du bruit et des rires. Je marchai lentement, les pensées tourbillonnant dans ma tête. Je me sentais comme une ombre, un spectre parmi les vivants.
Arrivée au parc, je me laissai tomber sur un banc. Les enfants jouaient autour de moi, mais je n'arrivais pas à me concentrer sur leur joie. Mon esprit était accaparé par les souvenirs de mon père. La peur qu'il avait suscitée en moi, les cris qui résonnaient encore dans ma mémoire. Je fermai les yeux, essayant de bloquer tout cela.
C'est alors que je l'aperçus à nouveau. Le garçon. Il se tenait là, à l'autre bout du parc, observant les autres. Il semblait si seul, comme moi. Je ressentis une impulsion irrésistible de me lever et de lui parler. Je me dirigeai vers lui, mon cœur battant la chamade.
« Salut, je... je t'ai vu à l'école, » dis-je d'une voix hésitante.
Il tourna la tête vers moi, ses yeux s'illuminant d'un mélange de surprise et de curiosité. « Salut, » répondit-il, sa voix douce et mélodieuse. « Je ne t'avais pas remarquée avant. »
Je m'assis à ses côtés, soudain plus à l'aise. « Je viens souvent ici. Ça me calme. »
Il hocha la tête, et un silence confortable s'installa entre nous. C'était un moment précieux, un instant de connexion dans un monde qui semblait si froid et indifférent. Nous restâmes là, observant les autres, perdus dans nos pensées.
« Tu sais, » commença-t-il après un moment, « je pense que chacun de nous a ses propres batailles à mener. »
Ses mots résonnèrent en moi, et je compris que je n'étais pas seule. Je n'étais pas la seule à vivre dans l'ombre de mes peurs et de mes doutes. Une petite étincelle d'espoir naquit en moi, me faisant croire que peut-être, juste peut-être, il y avait une voie vers la lumière.
Mais tout à coup, une pensée sombre me frappa. Et si lui aussi finissait par partir ? Je ne pouvais pas supporter l'idée de perdre quelqu'un d'autre. Je reculais, fermant la porte à cette nouvelle possibilité de bonheur. Mon cœur se serra, et je savais que je devais me protéger.
Je me levai brusquement. « Je... je dois y aller, » dis-je, évitant son regard.
« Attends, » s'exclama-t-il, mais je ne me retournai pas. J'avais peur de ce que je pouvais ressentir si je restais plus longtemps. Les échos de solitude résonnaient à nouveau en moi, me rappelant que je ne pouvais pas me permettre de m'attacher.
Je marchai rapidement, laissant derrière moi l'instant qui aurait pu être un nouveau départ. Les larmes brûlaient mes yeux alors que je réalisais à quel point il était difficile de laisser entrer les autres dans ma vie.
En rentrant chez moi, je ressentis le poids du monde sur mes épaules. Je savais que le chemin serait long, semé d'embûches, mais j'étais déterminée à ne pas laisser les ombres du passé me définir. Peut-être qu'un jour, je trouverais la force de me relever et de laisser derrière moi les chaînes de ma solitude.
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Les Échos du Passé
FantasíaAprès la perte tragique de sa mère, Elowen, une jeune femme de 22 ans, retourne dans la maison de sa grand-mère dans une petite ville pittoresque. En fouillant dans les affaires de sa grand-mère, elle découvre une mystérieuse boîte à musique ornée d...