Le concert avait été un tournant, un moment gravé dans ma mémoire. L'euphorie de la performance m'avait portée, mais les jours qui suivirent furent une véritable épreuve. Le retour à la réalité après une telle montée d'adrénaline était difficile. Je me sentais comme une étoile brillante, mais je savais que le monde extérieur pouvait parfois être cruel, même avec ceux qui brillaient.Les jours passèrent, et je continuai à composer et à pratiquer. Pourtant, une partie de moi ressentait un vide. Je pensais que la musique aurait comblé ce creux, mais il semblait qu'il y avait des blessures plus profondes à guérir. Je me retrouvais souvent plongée dans des réflexions sombres, des pensées qui tourbillonnaient autour de moi comme des ombres insaisissables.
Un soir, alors que je m'étais installée au piano, mes doigts glissèrent sur les touches, mais rien ne sortait de mes mains. Je me sentais déconnectée de la musique, comme si elle avait perdu son éclat. Je fermai les yeux, laissant le silence envahir la pièce. Les souvenirs des jours sombres, ceux de mon enfance et des luttes que j'avais traversées, revenaient sans cesse me hanter.
Je réalisai alors que même si j'avais fait d'énormes progrès, il y avait encore des blessures non cicatrisées. Mon père, avec sa colère et sa violence, était une ombre qui ne me quittait jamais vraiment. J'avais appris à vivre avec cette douleur, mais elle se manifestait parfois par une mélancolie profonde, un sentiment d'impuissance face à tout ce que j'avais dû endurer.
Je pris une profonde respiration et décidai d'écrire. Pas de la musique, mais des mots. J'ouvris un carnet vierge et laissai mes pensées couler sur le papier. Chaque phrase était une libération, chaque mot, une partie de moi qui sortait de l'ombre. J'écrivis sur ma peur, sur ma colère, sur la tristesse qui m'accompagnait. C'était une catharsis, une façon de donner une voix à tout ce que je gardais enfoui.
J'écrivis au sujet de ce petit garçon de mon passé qui avait été un rayon de soleil dans mon enfance, avant que son départ ne transforme ce soleil en orage. Je me souvins de ses rires, de ses jeux innocents, et de la façon dont il avait apporté de la lumière dans ma vie, même si ce n'était que pour un temps. Lorsqu'il était parti, il avait laissé un vide immense, et je réalisai que je n'avais jamais vraiment eu l'occasion de faire mon deuil.
Écrire à son sujet était à la fois douloureux et apaisant. Je me rendis compte que j'avais le droit de pleurer cette perte, même des années plus tard. Les souvenirs ne disparaissent pas simplement parce que le temps passe. Ils restent ancrés en nous, façonnant notre perception du monde et de nous-mêmes.
Je me levai finalement du piano, le cœur lourd mais aussi soulagé. J'avais compris que ma douleur était valide, que mes luttes avaient un sens. J'avais le droit de me sentir triste, mais je ne devais pas laisser cette tristesse définir qui j'étais.
Les jours qui suivirent, je continuai à écrire, à laisser les mots s'envoler comme des oiseaux dans le ciel. Je parvins à rédiger des passages qui, un jour, pourraient devenir une sorte de récit, une façon de raconter mon parcours à ceux qui pourraient en avoir besoin. J'espérais que mes mots pourraient aider d'autres personnes à se sentir moins seules dans leur souffrance.
Je repris aussi mes cours de musique, mais avec une nouvelle perspective. Je réalisai que la musique pouvait être un moyen d'exprimer ma douleur, mais aussi ma guérison. Je travaillai sur de nouvelles compositions, intégrant mes mots, mes pensées, mes émotions. La musique devint un véritable exutoire, un moyen de créer un dialogue entre mon cœur et le monde.
Un jour, alors que je jouais, je ressentis un élan d'inspiration. Les notes jaillissaient de mes doigts, et pour la première fois depuis longtemps, je ne me sentais pas seule. Je composai une pièce dédiée à mon passé, un hommage à la douleur et à la résilience. Chaque note était une déclaration de ma force, une façon de crier au monde que je n'étais pas définie par mes luttes, mais par ma capacité à me relever.
Cette pièce devint ma plus belle création à ce jour, et je savais qu'un jour, je devrais la partager avec le monde. Elle serait ma façon de dire que malgré les ténèbres, il y avait toujours de la lumière à trouver. Que chaque épreuve était une occasion de grandir, de se transformer.
Je pris un moment pour réfléchir à mon chemin. Je n'étais pas complètement guérie, mais je me sentais sur la bonne voie. La route était encore longue, mais chaque pas que je faisais était une victoire en soi. J'avais commencé à comprendre que même si le passé faisait partie de moi, il ne me définissait pas. J'étais une femme forte, pleine de potentiel, prête à embrasser le futur.
Cette nuit-là, alors que je m'endormais, je savais que des échos de l'âme persisteraient, mais je me sentais plus forte. La mélodie de ma vie continuait de se jouer, et chaque jour apportait son lot de promesses et d'espoir. Mon cœur, autrefois lourd de chagrin, était désormais un espace où la lumière pouvait entrer, illuminant même les recoins les plus sombres.
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Les Échos du Passé
FantasyAprès la perte tragique de sa mère, Elowen, une jeune femme de 22 ans, retourne dans la maison de sa grand-mère dans une petite ville pittoresque. En fouillant dans les affaires de sa grand-mère, elle découvre une mystérieuse boîte à musique ornée d...