BEAU COLLIER

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Le lendemain matin, je me lève tôt, déterminée à occuper mon esprit et à reprendre le contrôle de ma vie. Je me prépare rapidement et me dirige vers mes affaires, en particulier les cargaisons que je dois gérer.

Je passe la matinée à superviser les opérations, à m'assurer que tout est en ordre. Le travail est une distraction bienvenue, me permettant de canaliser mon énergie et de me concentrer sur des tâches concrètes. Le bruit des machines, les échanges avec les employés, et le rythme des activités m'aident à chasser les pensées troublantes de la nuit précédente.

Les heures passent rapidement alors que je m'investis dans mes responsabilités professionnelles, faisant de mon mieux pour ignorer les tourments personnels. La gestion des cargaisons me permet de me focaliser sur le présent, offrant un répit temporaire à mon esprit agité.

« Je te cherchais partout, » me dit mon neveu en apparaissant derrière moi.

« Tu n'as pas des amis ou une petite copine sérieusement ? » répliquai-je, amusée mais impatiente.

« Je te préfère toi, apparemment, » dit-il en riant. « J'ai une proposition à te faire pour cet après-midi. »

« Je t'écoute, » lui dis-je.

« Une partie de chasse. » me propose il.

« Tu veux vraiment que je me fasse banir de ce monde ? » dis-je en riant, bien que la perspective me tente.

« Allez, tu adores ça, et personne n'osera te dire quoi que ce soit, » insiste-t-il.

« D'accord, c'est parti, » dis-je finalement.

Je salue mes employés et suis mon neveu jusqu'au groupe d'hommes réunis pour la chasse, dont le fameux comte de Monte Cristo.

En arrivant, je croise le procureur, qui me salue avec une condescendance mal placée. « Tiens donc, mademoiselle de Morcef, » me dit-il.

« Madame de Morcef, vous voulez dire, » corrigeai-je sèchement.

« Oh, ne me dites pas que vous avez encore de la rancœur contre moi, » dit-il, un sourire irritant sur les lèvres.

« Vous parlez beaucoup, je trouve, » répliquai-je. « Moi, je suis là pour chasser. » Je monte sur mon cheval, m'éloignant pour rejoindre le groupe, laissant le procureur derrière moi.

Nous nous séparons en deux groupes pour la chasse, chacun explorant une partie du terrain. L'air est frais et le sol crisse sous les sabots des chevaux. Soudain, un coup de feu retentit, brisant le calme de la forêt.

Nous galopons vers l'origine du tir et découvrons un cerf agonisant, une balle logée dans son corps. La scène est poignante, le cerf luttant pour sa vie, une vision difficile à supporter.

« À vous l'honneur, » dit mon cher cousin en désignant le comte de Monte Cristo.

« Je ne tue que pour me défendre, » répond le comte avec une froideur qui ne laisse rien transparaître de ses émotions.

Le comte semble prêt à se retirer, mais André, le jeune homme qui le protège, s'avance. D'un geste sec et précis, il met fin aux souffrances du cerf. Le coup est rapide, efficace, mettant un terme immédiat à la vie de l'animal.

Je regarde la scène en silence, réfléchissant aux implications de ce geste et au caractère du comte. La chasse continue, mais l'image du cerf agonisant reste imprimée dans mon esprit.

« Vous êtes tous invités à venir dîner chez moi ce soir, » annonce le comte de Monte Cristo, sa voix résonnant avec une autorité calme.

Tous acquiescent, exprimant leur acceptation avec des murmures de gratitude et de curiosité. Le comte a l'air satisfait de la réaction, et la perspective d'un dîner chez lui semble ravir les invités, malgré la scène de chasse qui vient de se dérouler.

Je reste silencieuse, réfléchissant à cette invitation inattendue. Les questions continuent de tourbillonner dans mon esprit, mais je me contente de sourire poliment, en attendant de voir ce que la soirée nous réserve.

Le soir venu, nous nous rendons chez le comte, où de somptueux buffets sont disposés dans une pièce remplie d'invités. L'atmosphère est à la fois élégante et animée.

Je cherche le comte parmi les convives et, une fois que je le trouve, je m'approche pour le saluer. « Je peux prendre votre bras pour une petite balade ? » demande-je.

« Avec plaisir, » répond-il avec un sourire courtois.

Je m'accroche à son bras, et tout autour de moi me rappelle Edmond : son odeur, sa prestance, ses yeux. Le lien entre nous semble aussi palpable qu'une étreinte.

« Vous avez toujours vécu ici ? » demandai-je, tentant de garder ma voix stable.

« Non, auparavant j'ai beaucoup vécu en Inde, » répond-il.

« Et vous êtes venu ici pour une chose en particulier ? » poursuivis-je.

« Non, pas tellement, » dit-il « C'est juste histoire de changer d'air. »

J'hoche la tête en silence perdu dans mes pensées.

« C'est un beau collier que vous avez la. » me dit-il en me fixant.

Je sens mon cœur de décrocher, mais je n'ai pas le temps de répondre que l'on est coupé par un gros bruit dans la pièce principale. On se lève donc pour aller voir ce qu'il se passe en laissant notre discussion en suspends.

C'EST TOI // LE CONTE DE MONTE CRISTOOù les histoires vivent. Découvrez maintenant