CONFESSION

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Je sais bien que je ne pourrai pas l'éviter éternellement. Chaque fois que je refuse une sortie, que je choisis d'esquiver un endroit où il pourrait être, je sens que le moment où je devrai lui faire face approche.

Et ce jour arrive, bien plus vite que je ne l'avais anticipé.

Alors que je me promène avec mon neveu, je lève les yeux et me retrouve face à lui. Le Comte de Monte-Cristo. Mon cœur rate un battement.

"Quelle agréable surprise," dit-il avec un sourire, tout à fait à l'aise. "Vous profitez du beau temps, je vois."

"Oui... en effet," balbutié-je, ma voix à peine audible.

Mon neveu, lui, répond avec enthousiasme, heureux de voir le Comte. "On se promenait justement, voulez-vous vous joindre à nous ?"

Mon cœur s'arrête un instant. J'ouvre la bouche pour refuser à sa place, mais aucun son ne sort. Le Comte, quant à lui, reste courtois, comme toujours.

"Je ne voudrais pas m'imposer," dit-il, avec un sourire poli.

"Oh non, au contraire," réplique mon neveu, inconscient de la tension qui s'est installée en moi. "Ce serait un honneur de passer l'après-midi avec vous."

Je lui lance un regard rapide, suppliant presque, mais il ne le remarque pas. Le Comte, après une brève hésitation qui semble plus par politesse que par réticence, accepte finalement.

"Très bien, dans ce cas, je serais ravi," dit-il.

Nous continuons donc notre promenade, et je sens une tension s'installer dans mon corps, une nervosité que je n'arrive pas à chasser. Le Comte marche à nos côtés, calme et détendu, tandis que je me sens de plus en plus oppressée. Mon esprit retourne sans cesse à cette soirée, à ce compliment sur le collier qui, pour une raison obscure, a bouleversé mon monde.

"Et vous, que faites-vous de vos journées ?" demande mon neveu, toujours curieux.

Le Comte lui répond avec cet air mystérieux et insaisissable qui le caractérise.

"Oh, je me consacre à mes affaires habituelles, rien de bien fascinant, je vous l'assure."

Son regard se pose brièvement sur moi, et je détourne les yeux, craignant qu'il ne puisse lire le trouble sur mon visage.

"Et vous, madame," continue-t-il doucement, "comment allez-vous depuis notre dernière rencontre ? Vous semblez soucieuse."

Je m'efforce de sourire, mais c'est maladroit. "Je vais bien, merci," murmuré-je, sans oser en dire davantage.

Mon neveu, lui, n'a aucune idée de ce qui se joue et continue d'animer la conversation avec entrain. "Nous allions justement prendre un café. Si ça vous va."

Je me raidis, ne sachant pas comment réagir.

"Je serais honoré de partager ce moment avec vous."

Nous nous retrouvons donc à la terrasse d'un café, le soleil réchauffant doucement l'atmosphère, mais à l'intérieur de moi, c'est tout l'inverse. Je lutte contre ce malaise persistant, essayant de me concentrer sur la conversation légère entre mon neveu et le Comte, mais je me sens comme une étrangère dans cette scène.

"J'ai toujours admiré la beauté des choses simples," déclare le Comte en regardant les passants, une tasse de café entre les mains. "Les petites rencontres, les échanges discrets... Ils valent bien plus que les grands événements fastueux, vous ne trouvez pas ?"

Il s'adresse à moi, son regard plongé dans le mien, et je sens mon cœur battre à tout rompre.

"Oui, sans doute," dis-je, essayant de rester détachée.

C'EST TOI // LE CONTE DE MONTE CRISTOOù les histoires vivent. Découvrez maintenant