CHAPITRE 9: L'ASCENSEUR

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Et ainsi, ils étaient là.

Face à face, proches qu'ils l'avaient été tant de fois auparavant.

Un peu trop proches, d'ailleurs, puisque la moindre secousse de ce foutu ascenseur les poussait l'un vers l'autre jusqu'à ce qu'ils se touchent presque.

Et pouvoir le toucher à nouveau, c'était ce qu'Hélène désirait le plus à ce moment-là... et ce qu'elle devait absolument éviter de toutes ses forces.

Elle fit quelques pas en arrière, se réfugiant dans le petit coin de la minuscule cabine et s'appuyant des deux mains contre le mur pour tenter de se stabiliser. Mais si de cette façon elle parvenait peut-être à esquiver le danger du contact physique, aucune distance au monde ne pouvait l'aider à échapper à la puissance magnétique de ses yeux noirs braqués droit sur elle. 15.000 kilomètres n'avaient pas suffi... comment pouvait-elle espérer se sauver en gagnant seulement quelques centimètres ?

Elle se mordit légèrement la lèvre, cherchant une solution. Elle aurait pu fermer les yeux, mais aurait alors perdu le contrôle de la situation et laissé Balthazar libre de faire ce que son esprit brillant lui suggérait. Et Hélène en savait quelque chose, des milliers d'idées brillantes qui poussaient comme des champignons dans le cerveau génial du plus génial médecin légiste de France.

Non, elle ne pouvait pas prendre ce risque. La seule chose qu'elle pouvait faire, c'était rester tranquille dans son petit coin, en attendant que ce foutu ascenseur se décide à les ramener au rez-de-chaussée. Et s'assurer que Balthazar fasse de même.

H : « Ne t'avise pas de bouger un pas! – ordonna-t-elle d'une voix qui, incroyablement, était beaucoup plus confiante et déterminée qu'elle ne le ressentait à ce moment-là -.... Reste immobile où tu es jusqu'à ce que l'ascenseur s'arrête. Et n'essaye pas de dire quoi que ce soit. J'ai l'arme avec moi. Si j'entends ne serait-ce qu'un mot, je te jure sur mes enfants que je finirai par assister à votre enterrement. Ai-je été claire ??»

D'habitude, quand elle le menaçait ainsi, il répondait par une provocation, ou une plaisanterie pleine d'esprit qui finissait toujours par la faire rire. Mais cette fois-ci, il devait vraiment prendre cela très au sérieux, car il se contenta de hocher la tête, la tête baissée, et de se blottir encore plus dans son coin de la cabine, avec l'air triste d'un chiot puni.

Merde!

C'était adorable.

Et sacrément beau aussi.

Pourquoi était-il toujours aussi sacrément beau ?!!!!!

Cela faisait 4 ans et il avait une fille, mon Dieu !! Était-il possible qu'il ait toujours ce physique sculpté qui l'avait dérouté depuis le premier jour ?!!

Elle réprima un gémissement d'abattement et leva les yeux vers le plafond, exaspérée. C'est alors qu'elle le vit : le néon de la lampe qui éclairait la cabine de l'ascenseur commençait à vaciller.

Tout comme les battements de son cœur.

Ce n'est pas possible !

Cela lui était déjà arrivé plusieurs fois dans le passé. Cet ascenseur était très vieux et miteux et pouvait rester bloqué pendant plusieurs minutes, surtout s'il y avait des coupures de courant dans le bâtiment, comme semblait l'indiquer le scintillement de l'ampoule qu'Hélène continuait de regarder avec des yeux écarquillés de terreur. Non pas qu'il y ait vraiment de quoi avoir peur, mais l'idée d'être coincée dans cet espace étroit la faisait littéralement paniquer.

Elle sentit son souffle s'arrêter brusquement dans sa gorge et s'empressa de détourner son regard de la lumière, mais elle l'avait fixer trop longtemps, car son champ de vision fut envahi par une série de points scintillants qui dansaient devant elle et l'aveuglaient. Désorientée, elle retira ses mains du mur pour se frotter les yeux et retrouver la vue, mais une secousse plus forte que les autres la fit tituber en avant. Elle perçut à peine l'ombre noire qui se dirigeait vers elle à la vitesse de l'éclair, mais fut assez rapide pour reprendre le contrôle et tendre la main vers l'avant pour la repousser.

Destins croisésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant