CHAPITRE 10: battements de coeur

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H : « QUE veux-tu dire par "J'AI SORTI CAMILLE D'UN CERCUEIL ??»

Une note de véritable étonnement avait soudain coloré la voix d'Hélène, dissipant un instant toute trace de la panique angoissée qui l'avait envahie jusqu'alors.

Devant son expression incrédule et ses yeux redevenus vifs et pétillants, Balthazar dut déployer toute sa maîtrise pour retenir le sourire qui se dessinait sur ses lèvres. La vérité était que depuis qu'ils se connaissaient, il avait toujours tout fait pour l'impressionner. En partie parce que, il en était conscient, il avait une tendance innée à être un vantard, comme Olivia le lui reprochait toujours.

En partie parce que Hélène lui avait plu dès le début et qu'il avait essayé, même si inconsciemment, de l'impressionner. Seulement, contrairement à la plupart des femmes qu'il fréquentait généralement, elle n'a jamais semblé particulièrement impressionnée par ses exploits ; au contraire, elle avait tendance à être indifférente à tous ses fanfaronnades.

Alors, même si les circonstances actuelles n'étaient pas les meilleures du monde, voir l'éclair de curiosité dans le regard de sa capitaine le rendait aussi fier que s'il venait de recevoir le prix Nobel.

H : « Tu veux dire que tu l'as sortie d'un cercueil....LITTERALEMENT ? »- le pressait-elle entre-temps, les yeux de plus en plus écarquillés par l'étonnement.

B: «..Exactement, Capitaine....- confirma Raphaël, lâchant enfin son sourire si longtemps retenu-...enfin, tu dois savoir que lorsque Camille a été kidnappée par...»

Le sourire s'éteignit aussitôt sur ses lèvres et une main invisible lui saisit la gorge, l'empêchant de continuer.

Près de deux ans s'étaient écoulés depuis ce jour. Et maintenant, lui et Camille étaient capables de parler sereinement de ce qui s'était passé avec Alexandre et Maya ; parfois, ils en riaient même. Mais soudain, malgré le sentiment de fierté qu'il éprouvait quelques secondes auparavant, Balthazar comprit qu'il n'était pas prêt à revivre le souvenir de cette parenthèse douloureuse de sa vie. D'autant plus, qu'à ce moment-là, Helene et lui étaient enfermés dans un espace à peine plus grand que ce fameux cercueil.

H : « ... ça va ? ...»

Merde.

Il avait oublié qu'Hélène était capable de lire en lui comme personne d'autre. Et surtout, il avait oublié l'effet que sa voix avait sur lui : une bouée de sauvetage, capable de le sortir de n'importe que abîme qui l'avait englouti. Grâce à cette ancre, il parvint à reprendre le contrôle de lui-même et baissa les yeux vers elle. Remarquant son air inquiet, il esquissa à nouveau un sourire.

B : « ...ça va... c'est juste que... peut-être que ce n'est pas la bonne histoire pour cette situation particulière.... - se protégea-t-il en haussant les épaules -... je te la raconterai une autre fois. Mais je te promets que, si nécessaire, je te sortirai d'ici dans deux minutes. »

Bien qu'elle ne semblait pas du tout convaincue, Hélène n'insista pas davantage. Pendant un moment, aucun d'eux ne parla. Ils restèrent immobiles, à la fois distants et proches, enveloppés dans un silence étrangement confortable.

Hélène ne le regardait pas, alors Balthazar en profita pour étudier le visage de son capitaine. Mais ce qu'il vit ne lui plut pas du tout. Même si elle semblait calme dans l'ensemble, elle était encore assez pâle, ses pupilles étaient dilatées et son souffle sortait de ses lèvres entrouvertes comme le souffle d'un train. Ce n'était pas normal qu'elle soit encore dans cet état. Et surtout, ce n'était pas dans son genre de s'inquiéter simplement parce qu'un ascenseur s'était arrêté.

B : « Depuis combien de temps as-tu de crises de panique ? » demanda-t-il finalement, incapable de retenir plus longtemps la question qui brûlait sur ses lèvres.

Destins croisésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant