Chapitre 4: ...méditation zen

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Hélène plissa les yeux et s'appuya des deux mains contre le mur derrière elle, essayant de toutes ses forces de reprendre le contrôle de son corps. Même si elle avait passé presque tout l'après-midi assise, elle avait l'impression d' avoir juste fini de courir un marathon : ses joues en feu, la sueur froide qui coulait dans son dos, son essoufflement qui ne voulait pas quitter ses poumons, et son cœur, qui battait si fort que chaque battement lui faisait physiquement mal.

Il lui fallait absolument se calmer avant que cette crise ne se transforme en véritable attaque de panique.

Ne sachant que faire d'autre, elle repensa à cette technique de relaxation que Pascal avait tenté de lui enseigner lors d'une surveillance quelques mois plus tôt. Elle n'était pas une élève facile, mais lui était un maître patient, et il l'avait fait pratiquer pendant plus de deux heures avant de finalement perdre espoir.

P : « Peux-tu me dire pourquoi il est si difficile pour vous de simplement se laisser aller? - lui a-t-il demandé à la fin, soufflant d'exaspération.

Assise à côté de lui dans la voiture sur le siège passager, Hélène l'avait regardé furtivement pendant un bon moment, avant d'éclater d'un rire amusé.

H : « Et peux-tu me dire pourquoi tu parles au pluriel, puisqu'il n'y a que moi dans la voiture ? »

Pascal n'avait pas répondu, se contentant de cacher son embarras derrière les verres sombres de ses lunettes de soleil.

H: «Dis-moi la vérité....Tu parlais du commissaire Cassandre, ou je me trompe ? " avait-elle insisté, avec un regard malicieux.

Une fois de plus, Pascal renifla bruyamment, lui tourna le dos et se mit à regarder par la fenêtre. Mais Hélène avait continué à l'observer en silence, avec ce regard attentif et calme qui eût fait capituler même Gandhi lui-même.

P: «Tu ne vas pas lâcher tranquille jusqu'à ce que tu aies obtenu tes aveux, n'est-ce pas?»

H : « Absolument pas »

Pascal s'était retourné pour la regarder avec une expression sombre sur le visage, qui s'était finalement transformée en un étrange sourire.

P: «....Toi et Florence êtes exactement pareils....- lui dit-il en levant ses lunettes de soleil pour regarder son visage.

Hélène lui rendit son sourire.

H : « Parce que nous sommes deux super flics fantastiques ?»

Le capitaine Roche avait froncé le nez en grimaçant, avant d'éclater de rire malgré lui.

P: «....Aussi...- avait-il fini par admettre -...mais surtout parce que vous êtes têtues jusqu'à la mort et...»

H: «Et...?»- demanda Hélène, captant l'hésitation dans sa voix.

Pascal resta silencieux un moment, comme s'il hésitait à continuer. Puis il se retourna de nouveau, le dos raide et le regard tourné vers l'horizon.

P: «.....inaccessibles.»- murmura-t-il à la fin, à lui-même qu'à elle...

Inaccessible.

Il était clair que Pascal avait dit cela en parlant surtout de Florence, mais ce mot avait continué à résonner longtemps dans la tête d'Hélène. Le fait qu'un homme qui la connaissait à peine l'ait appelée ainsi l'avait profondément frappée. Mais ce qui l'avait frappée le plus, c'était le regard du capitaine lorsqu'il l'avait prononcé. Elle ne savait pas trop pourquoi, mais cela lui avait immédiatement rappelé le regard que Raphaël lui avait lancé dans ce bowling, après leur dîner manqué : intense, mélancolique....et plein de résignation.

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