CHAPITRE 6: l'ascenseur

85 12 7
                                    


Après avoir arpenté les très longs couloirs du palais de justice, Balthazar se dirigea vers l'escalier de secours et gravit si vite les presque 200 marches qui le séparaient de la terrasse, qu'en arrivant en haut, il se retrouva essoufflé et son cœur montait et descendait de sa poitrine à sa gorge comme s'il était sur une balançoire.

Je ne suis plus aussi entraîné qu'avant-  pensa-t-il en essuyant la sueur de son front du revers de la main.

Dis plutôt que l'idée de revoir ton capitaine te coupe le souffle

Cette fois, Raphaël se garda bien de contredire sa Lise, se limitant à faire une grimace de fausse déception, immédiatement suivie d'un immense sourire.

Lise avait raison.

Avoir pu revoir Hélène, même de loin, était déjà un immense cadeau. Mais l'idée de pouvoir lui parler, de pouvoir à nouveau regarder dans ses beaux yeux, de pouvoir la revoir sourire...

D'accord, elle ne lui aurait probablement pas souri.

Ou lui aurait parlé.

La connaissant, elle l'aurait jeté hors de la terrasse.

Ou plus probablement, elle aurait fait demi-tour dès qu'elle l'aurait trouvé en face de lui.

Mais il devait quand même essayer. Après la façon dont ils avaient rompu il y a quatre ans, le désastre qu'il avait provoqué quelques mois plus tôt et la conversation gênante qu'elle avait eue avec sa femme cet après-midi-là, le moins qu'il puisse faire était de lui donner une explication.

Enfin, si elle était prête à l'écouter.

Le clic métallique de l'ascenseur finissant sa montée le fit se figer. Il retint son souffle et fixa son regard sur la plaque argentée des portes, toujours fermées. Ce vieux tacot pouvait-il être aussi lent ? !

Comme s'il l'avait entendu, l'ascenseur fit un dernier soubresaut malicieux et laissa enfin ses portes s'ouvrir.

Comme cela s'était produit peu de temps auparavant dans le jardin, Raphaël sentit distinctement son cœur s'arrêter : elle était là, appuyée contre le mur de la cabane, les yeux fermés et un léger sourire sur le visage qui le laissait littéralement bouche bée.

Il fit un pas vers elle et, au même moment, deux choses se produisirent : Hélène ouvrit les yeux, et les engrenages de l'ascenseur émirent un craquement inquiétant, que malheureusement Balthazar connaissait très bien.

Il eut à peine le temps de se glisser dans l'espace étroit qui séparait les deux portes, que celles-ci se refermèrent et que l'ascenseur se lança dans une course folle vers la descente.


********************************************************************************************

La cabine de l'ascenseur de service avait à peine assez d'espace pour contenir deux personnes et les secousses constantes qui accompagnaient la descente limitaient considérablement toute liberté de mouvement. Ainsi, Balthazar se plaqua le dos contre le mur opposé à celui occupé par Hélène et s'y appuya de tout son corps, essayant de contrecarrer le mouvement ondulatoire de l'ascenseur. Une fois stabilisé, avec une extrême hésitation, il la regarda.

Peut-être était-ce la lumière du néon qui se reflétait par intermittence sur son visage, mais Hélène avait l'air aussi pâle qu'un cadavre. Et ses yeux... Ses yeux étaient aussi écarquillés qu'il ne les avait jamais vus, les pupilles si grandes qu'elles semblaient presque noires.

Difficile de dire si c'était à cause de la peur, de la colère... ou de quelque chose d'autre, qu'il n'osait pas espérer.

B : «Ne vous inquiétez pas, Capitaine...- il a essayé de la rassurer, en optant pour la première option-... peut-être... enfin, peut-être que vous ne vous en souvenez pas parce que cela fait longtemps que vous n'avez pas pris cet ascenseur mais... bon vous voyez, à la fin ils ne l'ont plus réparé et parfois il s'amuse encore à faire ces petits farces.... mais il n'y a pas de réel danger et.... »

H: «Qu'est-ce que tu fous ici ???»

D'accord.

Elle était définitivement plus en colère qu'effrayée.

Tellement en colère qu'elle ait utilisé le "tu".

Il ne pouvait s'empêcher de sourire. Le regretter immédiatement après.

H : « Bon, tu as l'air d'être de bonne humeur....!!! Tu sais, je suis VRAIMENT, VRAIMENT heureuse que tu t'amuses....!»

La voix d'Hélène était montée d'une octave, et ses yeux, auparavant complètement sombres, s'étaient soudain allumés, mais d'une lumière très peu rassurante.

B : « Non....non. Je ne m'amuse pas... Absolument pas, Capitaine. Je... – il a arrêté de chercher les mots justes pour ne pas la mettre encore plus en colère –... je suis juste content de vous voir, c'est tout.»

Non. Ce n'étaient définitivement pas les bons mots, pensa-t-il, se sentant transpercé par les flèches enflammées que les yeux d'Hélène continuaient de lui lancer.

H : « Ah, tu es content de me voir ?? - répondit-elle, continuant à tutoyez-...Et bien, pour ta gouverne, je ne le suis PAS DU TOUT ! !! !!! – Hélène se tourna vivement vers le mur en lui tournant le dos-...Je ne suis pas du tout contente de te voir....Je n'ai plus jamais voulu te revoir pour...»

B : « Pour le reste de ta vie....- compléta pour elle Balthazar, passant lui aussi à tutoyez-....tu me l'as déjà dit la dernière fois qu'on s'est parlé...»

Les épaules d'Hélène frémirent un instant et, contre toute attente, elle l'entendit éclater de rire.

H: «La dernière fois qu'on s'est parlé....»- répéta-t-elle alors d'un ton pensif, comme s'elle essayait de se souvenir de quelque chose.

Soudain, elle redressa le dos et, sans avertissement, se tourna de nouveau brusquement vers lui. C'était une chance qu'il soit adossé au mur à ce moment-là, car le regard qu'elle lui lança fit se dérober le sol sous ses pieds.

H : « Oh bien sûr... Tu veux dire quand tu m'as appelé, de ta fête de célibataire, la veille de ton mariage ?......c'est bizarre....tu étais tellement ivre, que je suis surprise que tu souviens-toi... »


***********************************************************************************************

voilà la suite.....

un très  petit chapitre, je sais...

mais malheureusement j'ai eu peu de temps pour traduire la deuxième partie...qui, promis, arrivera demain...

en attendant....comme toujours...je vous laisse avec un peu de suspense....vous y êtes habitué maintenant, non ?

Alors, vous vous attendiez à ce rebondissement ?? ?? Je suis curieuse de savoir ce que vous pensez :)

Destins croisésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant