CHAPITRE 11: INÉVITABLE FOLIE

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Elle a dû devenir définitivement folle.

Pendant la crise de panique, son cerveau acertainement été privé d'oxygène trop longtemps et a été irrémédiablement endommagé. C'était pour cela que ses doigts, au lieu de répondre à ses ordres, continuaient à bouger sur le torse de Raphaël comme s'ils avaient une vie propre.

Oui, c'était la seule explication possible.

Et comme il s'agissait évidemment d'un problème médical, Balthazar serait certainement en mesure de le résoudre. Tout ce qu'elle avait à faire était de lui expliquer la situation, et il sortirait sûrement une autre de ses brillantes techniques médico-légales pour l'aider.

Forte de cette conviction, Hélène leva son visage vers lui et le regarda. Mais au lieu de bouger ses lèvres pour commencer à parler, elle se retrouva à nouveau à bouger ses doigts. Malgré tous ses efforts désespérés pour les arrêter, elle les entendit tourner autour de la rangée de boutons fermés, encore et encore, jusqu'à ce que pauvres boutons déclarent leur capitulation.

Après avoir défait jusqu'au dernier bouton récalcitrant, ses mains glissèrent sur le torse nu de Raphaël, lisse, dur et chaud comme la pierre d'un rocher embrassé par le soleil. Et avant qu'Hélène ne puisse faire quoi que ce soit pour les contrôler, elles reprirent l'initiative, remontèrent le long de le torse, de plus en plus haut; puis, elle saisirent le tissu rugueux de sa chemise, maintenant entièrement ouverte, la détachèrent et, lentement, la laissèrent tomber sur le sol.

Sous son toucher, les épaules de Balthazar étaient exactement comme elle s'en souvenait : solides et immobiles comme des rochers de montagne.

Hélène traça délicatement leur profil du bout des doigts et les retint, comme s'elle avait peur de tomber à tout moment.

Mais elle serait tombée de toute façon, et se serait fait très, très mal, si elle n'avait pas trouvé le moyen de mettre un terme à cette folie.

Elle regarda ses mains, toujours occupées à leurs inlassables va-et-vient .

Pourquoi ne pouvait-elle pas s'arrêter ? Et surtout...pourquoi ne l'a-t-IL pas arrêté ?

Il aurait pu dire quelque chose, faire quelque chose. Mais, au lieu de cela, il continuait à rester silencieux, immobile, ne montrant aucune réaction.

Bien. 

S'il ne faisait rien, elle trouverait un autre moyen d'obtenir des réponses.

Poussées à nouveau par cette force incontrôlable, les mains d'Hélène s'éloignèrent des épaules de Balthazar et glissèrent à nouveau le long de sa poitrine, s'arrêtant une nouvelle fois au niveau de son cœur. Le muscle qui palpitait sous ses doigts continuait de battre à une vitesse vertigineuse.

Hélène retira sa main, puis s'approcha encore plus près et posa ses lèvres sur le point mystérieux d'où naissait ce rythme fascinant.

Et c'est à ce moment-là qu'il il a bougé.

Pas de mouvement excessif.

Il se pencha légèrement en arrière, créant un petit espace entre leurs corps ; quelques centimètres seulement, mais pour Hélène, ils semblaient aussi profond que le Grand Canyon.

Le moment est venu - se dit-elle tristement - ....

maintenant, il te dira que tu es fou, qu'il est un homme marié, qu'il est amoureux de sa femme, qu'il est trop tard pour vous eux et que...

Elle ferma les yeux, incapable de supporter l'humiliation de ce qu'elle allait sûrement lire dans son regard : le mépris, le rejet. Ou peut-être, pire encore, de la pitié.

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