Chapitre 5

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Alira se réveilla dans une petite pièce sombre, dans laquelle, elle en était sûre, elle n'avait jamais mis les pieds avant. Les murs étaient couverts d'une peinture grisonnante, dont quelques morceaux s'effritaient avec la pierre rugueuse qui les composait. La princesse se trouvait sur un petit lit ferme, et, de ce lieu, elle pouvait entrevoir un renfoncement destiné aux sanitaires, qui, à première vue, la répugnèrent au plus haut point.

Une porte de ferraille bloquait la sortie, malgré quelques barreaux qui lui permettaient d'observer un couloir vide aux parois d'un brun terne et lugubre. Seule une petite lucarne, située au plafond et renforcée d'un grillage asymétrique, lui offrait un peu de lumière, et la princesse comprit rapidement que la prison était souterraine.

Elle n'avait jamais entendu parler des cellules d'Isilo auparavant, et, définitivement, la contrée n'était pas une destination qu'elle recommanderait. Elle n'eut pas à attendre longuement avant de distinguer, à l'extérieur, une silhouette aux cheveux blancs ondulés, vêtue d'une fine armure noire. Pour se tenir chaud, l'individu avait rajouté une veste brune, légèrement abîmée, et gardait son arme dans sa main. 

Elle ne put reconnaître celui qui l'avait assommée, ne l'ayant pas vu à ce moment, mais se douta bien de son identité. L'homme ne prêtait aucune attention à elle, et se contentait, adossé à un mur, de l'autre côté du couloir, de savourer un morceau de brioche desséché, dont le goût avait sûrement disparu depuis bien longtemps.

La jeune femme s'avança, et le garde adverse repéra enfin sa présence. Il s'étira légèrement, un léger sourire au visage, et fit signe à son collègue, qu'elle ne distinguait pas, de s'en aller. En réalité, ce code signifiait pour lui : "va chercher le chef" ; mais ceci, une personne inhabituée aux terres d'Isilo ne pouvait le comprendre.

Le traître s'avança, et s'étira légèrement avant de laisser passer le bout de sa lame à travers les barreaux. La jeune femme recula, juste avant qu'elle ne puisse atteindre son cou, mais une silhouette d'ombre la retint en place. Cette présence supplémentaire l'empêchait de se servir de ses pouvoirs pour s'enfuir. Au vu de la solidité de la prison, elle pourrait sûrement s'enfuir par la lucarne, si seulement il daignait lui accorder un peu de solitude.

- Qui es-tu et que me veux-tu ?... grommela-t-elle, agacée par sa simple présence.

L'homme rigola légèrement, trouvant la situation amusante. Qu'une prisonnière se permette de lui parler ainsi, du même ton qu'elle emploierait devant un vulgaire imbécile de sa ville, créait en lui un mélange de surprise et de satisfaction. Quoi qu'elle dise, elle ne pouvait rien lui faire, de là où elle se trouvait. Si un combat venait à se lancer, dans sa position, elle serait nettement défavorisée, et il pourrait aisément prendre l'avantage.

- Quelle effrontée tu fais... commenta-t-il. Je m'appelle Elian, et, comme tu te doutes sûrement, je fais partie du peuple d'Isilo.

La jeune femme leva les yeux au ciel. Il osait la tutoyer si facilement, et l'enfermer ici contre son gré ; elle comptait bien lui faire payer cet affront.

- Tu ne fais pas partie de ceux qui ont été exilés ici, arrête de mentir... marmonna-t-elle. Si tu disposes encore de tes pouvoirs, c'est que tu es un habitant Erizia, qui a choisi de s'allier avec l'ennemi... Soyons très clairs, je connais ton nom et ton visage, tu ne m'échapperas pas. Tu auras bientôt de très gros ennuis avec le royaume... Si tu veux espérer sauver ta peau, donne-moi l'identité de tes alliés, et suis-moi sans faire d'histoires jusqu'à la capitale... Je tâcherai de t'offrir un sort moins pitoyable.

Un éclat de rire s'échappa de ses lèvres, et un sourire amusé s'y installa rapidement. Parmi toutes les menaces à sa disposition, il fallait encore qu'elle choisisse de lui parler ainsi, en espérant avoir le dessus.

Les traîtres d'EriziaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant