Plus rien ne sera jamais comme avant

Chapitre 4.2

Lauren s'était donc inscrite au club de littérature, où des rencontres avaient lieu chaque semaine. Elle s'y pointa trois semaines après son inscription afin de rencontrer les membres du club. La rencontre avait lieu dans une salle de classe à l'école des TIC. Il y avait seulement trois personnes ; tous les autres étaient en retard. Deux d'entre eux semblaient être des organisateurs, car ils s'affairaient çà et là, rangeaient la salle et accueillaient les nouveaux venus. Un autre était assis là, penaud, et ressemblait à quelqu'un qui n'avait rien à faire. Il s'ennuya un moment puis, quand il remarqua la présence de Lauren, assise deux chaises loin de lui, il se pencha vers elle en chuchotant : "Salut, ça va ? Bien j'espère. Euh, on m'a un peu forcé à venir ici alors je voudrais savoir comment ça se passe. Je suis nouveau." Lauren sourit intérieurement car, à des détails près, ils vivaient la même chose. "Je suis tout autant perdue que toi, en fait, répondit-elle. Moi aussi, c'est ma première rencontre avec eux.

- Je suis rassuré de savoir que je ne suis pas seul, confia-t-il."

Le jeune homme se mit ensuite à pianoter sur son téléphone, laissant une Lauren ennuyée qui se demandait Oh pourquoi elle s'était retrouvée dans cette situation. Heureusement, ses regrets furent de courte durée car près de quinze minutes plus tard, ils démarrèrent la séance du jour. Les autres étudiants parlaient de leurs dernières lectures et de ce qu'elle leur avait appris. D'autres, les écrivains et narrateurs, lisaient leurs textes devant l'assemblée et laissaient la possibilité aux autres de commenter leur travail. Lauren ne s'était pas sentie à l'aise au début. C'était gênant pour elle de ne pas sentir de connexion avec les autres personnes et de ne pas connaître quiconque. Cependant, quand elle fit attention à l'autre garçon, elle remarqua ses efforts pour s'intégrer aux discussions et l'intérêt qu'il avait tout de suite créé sur sa personne. C'était étrange, mais Lauren avait un drôle de sentiment en l'observant : c'était comme si elle commençait à le connaître, et elle eût le sentiment qu'ils ne resteraient pas longtemps des inconnus.

Lorsque la séance fut achevée, Lauren rangeait ses affaires lentement. Puisqu'elle avait rencontré de nouvelles personnes, elle s'attendait à recevoir l'intérêt d'une personne ou d'une autre, qui viendrait lui parler ou lui poser des questions, et avec qui elle sympathiserait la prochaine fois. La jeune femme avait du mal à s'approcher en premier des autres pour nouer des relations alors, là, elle vérifiait le contour de sa chaise comme si elle voulait y dénicher un stylo qui serait tombé, et en profita pour observer les autres. Deux filles discutaient avec le garçon avec qui elle avait échangé au départ. Lors des présentations, elle avait appris qu'il s'appelait Nel, était étudiant en master d'entreprenariat et apprenait assez de choses sur la finance verte. Il était plutôt beau et ressemblait à un parfait jeune homme soigné et poli avec sa chemise à rayures repassée. Là, Lauren se focalisa sur lui. Elle espéra qu'il la rattrape sur la route pour échanger avec elle mais non, il ne le fit pas. Au contraire, les deux autres jeunes femmes continuèrent de discuter avec lui sur le chemin du campus.

Lauren l'oublia les jours qui suivirent leur rencontre. A vrai dire, elle avait seulement désiré de l'interaction, rien de plus. Ainsi, elle fut surprise lorsqu'elle le croisa à la bibliothèque, à sa place habituelle à elle, face à la grande baie vitrée qui donnait sur le magnifique paysage du campus de l'EPN. Elle adorait regarder les grands espaces verts qui séparait les bâtiments scolaires aux résidences et les parterres de fleurs dont les étudiants de l'association « Fleurus » prenaient grand soin. Lauren passa à côté de lui et le gratifia d'un simple « Bonjour » et continua sa route. Soudain, il bondit de sa chaise et s'arrêta devant elle, puis murmura « Salut... peux-tu m'aider, s'il te plaît ?». Il lui indiqua son cahier de cours et un Mercator 7ème édition déposé sur la table. « Je suis certain que le marketing, c'est ton dada, dit-il. Tu peux m'aider, s'il te plaît ? Il y a certaines choses que je ne réussis pas à comprendre. »

Lauren se demanda en l'espace d'une seconde comment Nel avait appris qu'elle faisait du marketing, avant de se rappeler qu'elle l'avait clamé haut et fort à la rencontre des littéraires.

- D'accord, répondit Lauren en prenant place. Quelle est ta préoccupation ?

- On vient de commencer le cours de marketing digital, et j'ai du mal à ce que représente le reach. »

Lauren oublia le livre qu'elle était venue lire et expliqua en long et en large ce mot à Nel. Ce dernier en profita pour poser d'autres questions, parfois simples ou assez techniques durant pratiquement trente minutes. Il comprenait vite – très vite même – et glissait quelques points d'humour pour que leur conversation soit libre et intéressante. A la fin de cette discussion, il avait fait un gros travail d'argumentation pour lui demander son numéro. « Au cas où j'ai d'autres questions, et si d'aventure tu veux en savoir plus sur l'entrepreneuriat ?

- Je suis parfaitement d'accord », répondit Lauren en riant.

Ils se rencontrèrent encore plusieurs fois à l'école et sur le campus, comme par coïncidence. Une fois, Nel contacta Lauren sur Whatsapp, et ils se mirent à échanger régulièrement.