Chapitre 50 : Le bonheur qu'ils méritaient

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Naples, Italie. 20 juillet 2001.

— Gwen..

Elle s'extirpa de sa torpeur avec un grognement qui ressemblait très vaguement à une plainte de protestation. Il faisait doux, pour un jour d'été, et pas tellement chaud. Étalée dans l'herbe du jardin, elle profitait de la sensation extraordinaire des rayons du soleil sur la peau de son visage. 

Mais voilà, il avait fallu que Jean-Pierre, en l'appelant, vienne troubler sa sérénité. 

— Qu'est-ce qu'on fait, maintenant ? 

La française rouvrit les yeux sur le champ. 

Deux jours depuis leur réconciliation et ils ne s'étaient presque pas quittés. Ils avaient célébré leur amour à n'en plus finir et renouvelé leur promesses de mariages au fois dix fois en quelques heures. Alors, cette question sérieuse venait d'attirer l'attention de la manieuse d'Armonia. 

Elle se redressa, s'appuyant sur son coude et effleurant du bout des doigts le gazon qui sentait la fraîcheur à plein nez. 

Elle ne dit rien, et pourtant, Jean-Pierre lut l'interrogation dans ses yeux. 

— Je veux dire, s'expliqua-t-il, on ne peut pas vivre éternellement dans la demeure du Parrain. Qu'est-ce que tu veux faire maintenant ?

La brune regarda avec sérieux son mari, en entortillant une de ses mèches autour de son index droit. 

— Tu voudrais retourner en France ? demanda-t-elle avec un soupçon d'appréhension. 

— Pas si ce n'est pas ce que tu veux..

Gwen se mordit légèrement la lèvre inférieure, choisissant ses mots avec soin. 

— Je ne veux pas y retourner. Pas pour le moment. Je.. 

Elle laissa planer un silence. 

— C'est au-dessus de mes forces, je ne peux pas retourner dans notre maison. 

Jean-Pierre acquiesça doucement assurant : 

— Tu n'auras pas à le faire. J'aimerais retrouver certaines affaires, je pense y faire un voyage et rapporter deux-trois trucs. 

Elle acquiesça silencieusement, glissant ses doigts dans la main de Jean-Pierre qui regarda devant eux les longues feuilles du saule pleureur s'agiter dans le vent. 

Ils observèrent un silence recueilli quelques secondes avant que le français ne reprenne : 

— Tu voudrais que je te rapporte quelque chose de là-bas ? 

La femme mit une seconde avant de dire :

— La photo de notre mariage, celle.. de Raphaël le jour de sa rentrée.. Et le bracelet que tu m'avais offert à Vérone. 

Il sourit furtivement, venant embrasser le front de son épouse avec un sourire triste. 

— D'accord. 

Ils ne dirent plus rien, les mots semblaient bien inutiles et finalement, elle dit : 

— J'aimerais que nous habitions ici, en Italie. Une maison au bord de la mer. Tu veux bien ? 

L'homme esquissa un sourire radieux, enchanté de l'entendre se prononcer sur le sujet de leur avenir. 

— Ce serait parfait, répondit-il.

La discussion close, dès le lendemain, Jean-Pierre réserva des billets d'avion et embarqua pour la France le surlendemain. 

Gwen était restée là, sur le quai d'embarquement, le coeur douloureusement serré dans sa poitrine. Elle ne pouvait s'empêcher de songer à la dernière fois qu'ils avaient été séparés. Il leur avait fallu quatre longues années pour se retrouver enfin. Et pour rien au monde elle ne voulait revivre le même cauchemar. 

Rome au crépusculeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant