Un coup de foudre.

77 9 3
                                    

J'ai tellement merdé. Tellement. Je m'en veux tellement. Bien sûr que je l'aime, sinon pourquoi je l'aurais acheté dans ce club miteux?! Je fixe la porte comme un con depuis déjà vingt minutes dans l'espoir qu'il ne revienne. Je veux le serrer dans mes bras et le réconforter mais au lieu de ça, j'ai agit comme un con et je l'ai perdu pour de bon. Je ne sais pas quoi faire. Oui je suis fou de lui mais je suis surtout effrayé par mes sentiments. Mes ennemis ont déjà essayé de le kidnapper pour me faire rappliquer chez eux. Il a été sévèrement blessé et je m'en veux de ne pas avoir su, de ne pas avoir pu le protéger à ma guise.

La vérité c'est qu'il m'a tapé dans l'œil il y a plusieurs mois maintenant. Des collègues à moi allaient souvent dans ce club pour passer du bon temps, ils étaient bien plus âgés que moi. Un jour, mes collègues et moi cherchions une prostituée capable d'amadouer un client pour piéger un gars. Ce n'avait rien à voir avec le WLF ou mes autres ennemis, ce salopard avait violé une amie proche à l'un de mes collègues et la justice restait sur ces positions en classant l'affaire sans suites. Ainsi, il méritait une punition à la hauteur de ses actes : la mort. Nous étions à la recherche d'une blonde aux formes généreuses dont nous avait parlé un gars. Elle avait déjà trempé dans des histoires de meurtre organisé alors elle était notre parfaite candidate. Ce soir là, nous étions venus en repérage, le but était de trouver cette blonde aux gros seins et de lui soutirer des informations.

J'étais sagement assis au bar avec John, un pote à moi et policier. C'est grâce à lui que mon business tourne de manière à peu près légale. Avec mes gars on s'occupe de toute sorte d'affaires liées à la drogue mais surtout aux meurtres. On est des revenchards, des assassins et surtout des bonnes pattes. Je fixe mon verre de whisky sur le bar. Les yeux vides, l'esprit rempli. Je pense à mon père. Il me manque. John pose sa main sur mon épaule et la presse doucement. Je relève la tête vers lui le regard grisonnant. Il m'affiche un grand sourire, son vieux visage se plie sous ses rides tandis qu'il contracte les muscles de sa mâchoire. Je me contente de regarder sa peau marquée par l'âge et par son métier. Il possède une grande cicatrice sous l'œil droit qui descend jusqu'à la commissure de ses lèvres. Mon regard se déporte à nouveau sur mon whisky. Je saisit le verre et l'avale d'une traite. John viens briser le silence qui pèse entre nous.

« Qu'est ce qui te tracasse gamin? Tu te sens seul? »

Je le regarde les yeux perdus. Pourquoi ce vieux perce toujours mes pensées? Il est médium ou quoi? Mes épaules s'affaissent sur elles même et je passe mes mains sur mon visage. Je me sens plus que seul, je me sens vide. John pose sa main à nouveau sur mon épaule et me pousse légèrement comme pour m'encourager.

« Tu sais, rien ne vaut une nuit avec une belle femme pour oublier ses problèmes. »

Une femme? Non merci. Je n'aime pas baiser des femmes. Chacun ces goûts après. Mais je ne suis pas prêt à le dire à John. Il ne m'a pas l'air très ouvert sur ce sujet là. Je fais signe au barman de me resservir un verre en soupirant tristement.

« Une femme? Tu veux dire une pute hein? »

« Oui, ce sont des femmes comme les autres. »

« Ce ne sont que des jouets et je ne travaille pas chez Playmobil. »

Il ris. Son rire est gras et âgé. Un rire d'ancien. Il pose à son tour son verre d'un geste de bras sur le bar et appelle le serveur pour un autre verre. Je le regarde étonné de sa bonne humeur. Il doit être bourré. Le temps passe lentement. Nous commençons alors à parler de cette affaire. Je lui explique brièvement ce que j'ai prévu pour ce gars que l'on veut assassiner. Il se contente juste d'hocher la tête et ne prononce qu'une seule phrase.

« Ne prend pas de risques, gamin. »

Je ricane légèrement mais il ne m'entends pas. Je ne fais que ça prendre des risques en espérant que tout ça ait une fin. Ma mort. Je ne veux pas me suicider, je ne serais qu'un lâche pour mes camarades et je peux pas accepter ça. Mais peu importe la mission, je me mets en danger. En grand danger. Je n'ai pas peur de mourir. La mort m'attire, elle me tente car je n'ai aucune raison de vivre. La vie a pris a un goût amer depuis que j'ai perdu mon père. Et la vengeance me ronge le cerveau. Je veux mourir mais mon corps se bat à ma place, pour lui, pour mon défunt père. J'ai cherché, en vain, un nouveau sens à ma vie. J'ai tout essayé. Mais rien. Je ne trouve pas cette chose qui me donne l'envie de vivre à tout prix. John traverse mes pensées et me tire jusqu'à la réalité en agitant sa main devant mon visage. Sa voix grisonnante se fais entendre.

« Eh gamin. Et ça? Ça ne te tente pas? »

« Quoi? »

Il roule des yeux et me montre d'un signe de la tête la scène. Je suis des yeux son regard qui se dirige vers la scène scintillante. Je cligne plusieurs fois des yeux pour m'habituer aux lumières blanches qui illumine une danseuse. Non. UN danseur. Ma main lâche mon verre de whisky et je me tourne complètement vers la scène la bouche entrouverte. Un garçon danse. Il est seulement vêtu d'un string. Les lumières blanches mettent en valeur sa peau pâle et moule parfaitement ses cuisses et ses fesses généreuses. Il a l'air d'une poupée. Ses cheveux blonds basculent dans l'air au rythme de ses gestes, ils sont légèrement bouclés, ondulés. Il est tellement beau. Sans m'en rendre compte, je suis déjà devant la scène en train de le regarder danser, mes bras ballants le long de mon corps. Il est dos à moi. Il danse à la perfection sur cette barre de poledance. Il se tourne alors de mon côté et mon cœur loupe un battement quand mon regard croise le sien. Ses yeux sont d'un bleu vif à en perdre la tête. À travers ses yeux, je vois l'océan, la pluie, le ciel d'été et ça me fait rêver. Il a un nez singulier et fin qui amène à des lèvres roses pulpeuses. Ma bouche est toujours entrouverte, je sens ma respiration plus haletante. Putain. Son putain de regard me rends fou. Je suis complètement décontenancé. Je crois que j'ai trouvé une nouvelle raison de vivre, lui. Lui et son âme pure enfermé dans ce club miteux qui ne joue que de son innocence. Un portrait se dessine dans ma tête, il est l'ange et moi la mort. Il est la lumière et moi l'ombre.

Je crois que c'est ce que l'on appelle un coup de foudre...

The doll. [Jikook]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant