Chapitre 11 : cas de conscience

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New York

- mais t'es vraiment nul, ma parole !

Le rire moqueur de Bucky résonne dans l'entièreté de la pièce, ça fait bien cinq minutes maintenant qu'il déguste des nouilles chinoises en barquette en compagnie de Sam et ça fait bien cinq minutes également que son homme fait un véritable carnage avec ses baguettes chinoises car il ne sait manier absolument aucune d'entre elles.

- mais quoi ? Arrête de te moquer ! On peut pas être doué pour tout dans la vie !

Assis sur la chaise juste en face de la sienne, Sam rouspète avec le sourire alors que les deux hommes sont installés tellement près l'un de l'autre que leurs genoux sont maintenant totalement entremêlés et tout ça sans même qu'ils ne s'en rendent vraiment compte tous les deux.

- c'est pas faux et puis faut dire que t'es doué pour tellement plein d'autres choses en même temps.

- on est d'accord.

Bucky ne sait même plus qui approche son visage de l'autre le premier et à vrai dire, il s'en fiche, tant que Sam l'embrasse de la sorte, avec tellement de passion et d'entrain, il s'en contrefout du reste.

Après cette pause bisous et nouilles chinoises bien méritée, Sam jette un coup d'œil rapide au cadran de sa montre avant de souffler dans la foulée.

- c'est déjà l'heure, faut que j'y retourne.

Ni une, ni deux, l'inspecteur Wilson quitte sa chaise et son regard est immédiatement attiré par un scellé qui repose au centre du bureau de Bucky.

- c'est quoi ce truc ?

Le visage de Bucky se décompose quand Sam se saisit du scellé en question, il a totalement oublié qu'il l'avait laissé là. Son cœur bat la chamade. Ne pas paniquer. Surtout ne pas paniquer.

- oh ça, c'est rien.

L'analyste déglutit difficilement. Évidemment que ce n'est pas rien. Bien au contraire. Mais il ne souhaite pas impliquer son homme dans ce foutu merdier. Il veut le tenir le plus éloigné possible de cette affaire et des ennuis qui en découleront à coup sûr par la suite.

- juste un cold case sur lequel je travaille... en solo.

- juste un cold case hein ?

Visiblement piqué dans sa curiosité, son homme le fixe d'un regard dubitatif avant de lire l'étiquette collée sur ledit scellé.

- c'est pour ça qu'il y a marqué le nom de Ryan Gutierrez dessus ?

Bucky en reste bouche bée. Il sait qu'il n'aurait jamais dû accepter d'aider Loki quand il est venu lui demander de vérifier les adresses inscrites dans ce foutu carnet sous scellé mais l'inspecteur Laufeyson a su se montrer convaincant. 

Son regard suppliant a su parler pour lui. Il fait ça par amour pour son mari Mobius, pour le sortir de prison au plus vite car c'est malheureusement le principal suspect dans cette affaire de meurtre.

- ne me dis pas que tu travailles sur cette affaire avec Loki ! Elle a été refilée à un autre commissariat par Hope exprès ! Justement pour ne pas que Loki s'en mêle ! Il n'est pas autorisé à enquêter de près ou de loin sur l'affaire Gutierrez !

- je sais.

- Tu sais ? Qu'est-ce que ce foutu carnet fiche sur ton bureau alors ?

Sam le fixe d'un regard insistant, il ne le lâche pas du regard, l'analyste se croirait en plein interrogatoire.

- James ?

- Loki m'a demandé d'y jeter un coup d'œil vite fait pour...

- c'est pas vrai... je peux pas le croire...

Sam fait maintenant les cent pas dans son bureau tout en se tenant la tête entre les mains comme si le monde venait de lui tomber sur la tête en un instant.

- mais vous avez perdu la tête tous les deux ou quoi ? Qu'est-ce qui vous a pris de faire ça ?

Sam est furieux. C'est bien la première fois que Bucky le voit comme ça, dans un tel état de rage.

- c'était juste pour checker les adresses que ce carnet contient, histoire de voir si on pouvait suivre une autre piste, un autre mobile à creuser qui lui permettrait d'innocenter son mari.

- la seule chose que vous allez réussir à faire tous les deux c'est de vous faire virer, tu parles d'une putain de réussite ! Bravo ! Vraiment ! Je vous félicite les gars ! Deux vrais champions !

Sam accompagne ses paroles acerbes d'applaudissements clairement ironiques et la culpabilité gagne Bucky de plus en plus au fil que les secondes s'égrènent.

- Samuel...

- non, tais-toi s'il te plaît, ne dis plus un mot, j'en ai assez entendu comme ça !

Le silence se fait ainsi d'or dans la pièce. L'analyste a peur d'en rajouter, il ne veut pas faire empirer les choses encore plus.

- tu m'as menti, James. Tu m'as regardé droit dans les yeux et tu m'as menti.

La voix de son homme est peu assurée, quasiment chevrotante, il a l'air clairement atteint par toute cette histoire et ose à peine le regarder.

- c'était pas prémédité, avec Loki on sait à quel point tu es attaché aux procédures dans ce boulot, tu fais tout à la lettre, tu veux faire les choses bien, dans les règles, et c'est tout à ton honneur, et justement, on voulait te protéger en t'évitant un cas de conscience, on n'a pas pensé une seconde que...

- non, ça c'est clair que vous n'avez pensé à rien tous les deux ! Et juste une chose, manigancer derrière mon dos j'appelle pas ça de la protection, j'appelle ça de la trahison !

- je comprends que tu puisses voir les choses sous cet angle mais sache que ça n'a jamais été dans notre intention de te blesser.

- vous l'avez obtenu comment ce carnet d'adresses ?

- quoi ?

- comment vous l'avez récupéré ? Par des moyens très peu légaux j'imagine ?

- je t'en prie Samuel, ne me demande pas ça, tu sais que je ne peux pas répondre à ta question.

- je vois.

La moue de Sam se fait de plus en plus importante au fil de sa réflexion, comme s'il vient tout juste de réaliser quelque chose de capital et qu'il accuse clairement le coup.

- c'est ça notre relation pour toi, alors ? Je pensais qu'on avait construit quelque chose de solide tous les deux, basée sur une confiance mutuelle, qu'on était une équipe.

Son homme ne râle plus sur lui, non, c'est pire, il a l'air totalement défaitiste, désabusé, comme s'il s'est déjà fait une raison, il accompagne même ses paroles d'un haussement d'épaules totalement résigné.

- visiblement, je me suis totalement planté.

- non, attends, Samuel, reste ! Ne pars p...

Trop tard. Son homme vient de quitter la pièce. Les yeux de Bucky s'embuent aussitôt de larmes. Il n'arrive pas à croire qu'il ne lui reste plus que ça de sa relation avec Sam.

Les 2 fils du docteur RogersOù les histoires vivent. Découvrez maintenant