Chapitre 3 - Charlie & Léon

2.4K 106 11
                                    

Elle ne s'en est pas rendu compte tout de suite, mais elle tremble de tout son corps.

Charlie est assise sur une chaise en plastique dans un vestiaire de l'Accor Hotel Arena. Il est 7h08. En y repensant, elle se demande encore comment elle a vraiment pu arriver là.

Elle ajuste nerveusement son appareil photo, même si elle n'aura peut-être pas besoin de l'utiliser pour cette rencontre. Aujourd'hui, elle le rencontre. Lui. Léon Marchand, le nageur professionnel avec qui elle a échangé des messages sur les réseaux sociaux.

Charlie jette un coup d'œil à sa montre pour la troisième fois en dix minutes. Elle se rappelle leur première conversation sur Instagram. Sans aucune raison apparente, Léon (le vrai Léon), avait pris l'initiative de lui envoyer un message en plein de milieu de la nuit.

En se réveillant dans sa petite chambre a la peinture craquelée et aux meubles vieillots, Charlie avait frôlé le malaise. Il disait qu'il aimait ses photos, la sincérité qui en découlait. Il avait réellement l'impression de se voir lui tel qu'il était, et non pas comme les gens voulait le voir.

Elle avait profondément été touché par ses mots, et se sentait privilégié d'avoir de tels compliments provenant de Léon lui-même. Elle lui avait évidemment répondu tout de suite. Contre toute attente, ils avaient longuement échangé toute la journée du lundi. Entre deux épreuves, les athlètes ne s'entrainent pas véritablement, favorisant le repos actif et la préparation mentale pour le reste de la compétition.

Ils avaient rapidement trouvé des points communs : la passion pour leur métier, l'amour de l'eau, et une curiosité insatiable pour l'excellence. Chacun dans son domaine respectif voulait parvenir à rendre fière ses proches, afin de ne pas les décevoir. Il se découvraient également une philosophie commune.

Lorsque Léon lui proposa d'être sa « photographe attitré » durant les Jeux, Charlie n'avait pas réfléchie. Il lui avait proposé qu'ils se rencontrent à la piscine avant la finale du 200m papillon pour en discuter en personne. Evidement, elle avait accepté. Une occasion pareille n'allait très probablement pas se reproduire de sitôt.

Mais maintenant qu'elle était sur sa chaise toute seule au milieu du vestiaire, elle se posait beaucoup trop de questions. Elle aurait du se les poser bien avant de prendre le train ce matin pour partir de chez elle, et refaire encore une fois ce chemin (presque habituelle) entre Medan et l'Accor Hotel Arena.

Léon lui avait dit qu'elle n'avait qu'à attendre devant l'entrée réservé à la presse et qu'un bénévole viendrait la chercher. C'est ce qui c'était produit ; elle était à peine arrivée qu'un jeune homme l'interpella et la guida à l'intérieur de la piscine. Elle fut étonnée de ne croiser que très peu de monde, à part quelques membres du staff et de l'organisation des Jeux. Ce n'était pas si étonnant ; il était très tôt. Léon lui avait demandé d'être à la piscine vers 7h du matin, bien avant le début de la course. Il souhaitait probablement s'entretenir rapidement avec elle, afin de retourner auprès de ses coachs et de son entraineur pour se préparer.

Ça doit faire maintenant plus de 10 minutes qu'elle l'attend, et le bénévole qui l'accompagnait est parti depuis longtemps. Elle se tord les doigts d'impatience. Est-ce qu'il est juste en retard ? Ou ne va-t-il pas venir du tout ? Plus elle y pense, plus elle se demande pourquoi elle doit d'abord le rencontrer lui, seul a seul. Souvent, lorsque l'équipe sportive d'un athlète souhaite s'affilier avec un photographe ou un journaliste ce sont les attachés de presse ou les services de communication qui s'en charge... Peut être que son équipe préfère privilégier les rapports directs entre Léon et les professionnelles avec qui ils s'apprêtent à travailler ?

D'un coup, alors qu'elle était plongée dans ses pensées, la porte s'ouvre. Charlie lève les yeux.

Léon entre, grand et athlétique, son visage légèrement caché par quelques boucles blondes. Il est grand et imposant, et est doté d'une démarche assurée et fluide, typique des athlètes.

VAGUES - Léon MarchandOù les histoires vivent. Découvrez maintenant