VAGUES - Léon Marchand

Chapitre 5 - Charlie

Elle l'attend au détour d'un boulevard, juste en face de la gare. Elle a du mal à rester immobile. De nature calme et posée, Charlie n'arrête pas de faire les cents pas sur le trottoir.

Qu'est-ce qu'elle a fait ? Discuter avec Léon est une chose, lui proposer une date en pleine nuit en est une autre. Les pensées s'entremêlent dans sa tête ; a-t-elle le droit de le voir à cette heure-ci ? Est-ce que cette rencontre aller lui porter préjudice concernant son travail ?

Charlie aperçoit son reflet dans la vitrine d'un magasin. Elle regrette amèrement sa robe violette qu'elle avait enfilé ce matin. Elle était en retard (comme toujours, rater le train était devenue une vieille habitude pour elle), et elle n'avait pas vraiment réfléchie à sa tenue. Si elle savait qu'elle allait voir Léon ce soir, elle aurait opté pour quelque chose qui la mettait davantage en valeur.

Elle s'assoit sur un banc et essaye d'arranger ses cheveux, avec une pince qui trainait dans son sac. Tout ça semble irréelle. Quelques instants auparavant, elle était à deux doigts de dormir a même le sol dans une gare à moitié vide. Dans quelques minutes elle s'apprêterait à monter dans la voiture de Léon, sans savoir où il allait l'emmener.

C'est de la folie.

Se retrouver avec un quasi inconnu en pleine nuit l'aurait effrayé en temps normal. Elle n'avait jamais été particulièrement proche d'aucun garçon, non pas par choix, mais surtout parce qu'elle ne s'y intéressait pas vraiment. Par son manque d'expérience, elle se demandait si son cœur s'accélérait légèrement quand il la voyait, lui aussi.

Charlie se laisse aller à ressentir de nouveaux sentiments qu'elle n'avait alors jamais éprouvé. Elle a la terrible impression de se trouver au bord d'un gouffre. Soit elle reste rationnelle et se tient à l'écart, soit elle se laisse tomber dedans. Le véritable problème est le suivant ; Charlie ignore ce qui se trouve au fond du gouffre.

A-t-elle tort de penser que quelque chose se passe entre eux ? Après tout, elle le connait à peine. Une pensée lui traverse l'esprit. Et si il voyait d'autres filles ? Si il avait déjà tenté sa chance auprès d'autres, et avait jeté son dévolu sur elle ? Malgré tout Léon reste un athlète populaire auprès du public, de nombreuses filles ont déjà dû lui faire des avances.

Cette pensée lui est insupportable. Elle ne veut pas qu'il se serve d'elle. Tout se mélange dans sa tête, elle prend appui sur le banc et pose sa tête dans ses mains. Dans le silence du début de soirée, un klaxon la sort de ses rêveries.

Elle lève les yeux, et voit une Mercedes se garer de l'autre côté de la rue.

La vitre du côté conducteur s'abaisse lentement, et un visage familier lui fait un signe. Le cœur de Charlie rate un battement. Elle saute sur ses pieds, et se dirige vers la voiture. Toute ses pensées se sont envolées à la vue de Léon. Elle est soudain impatiente de le voir, c'est presque comme si une force invisible la poussait vers lui.

Alors qu'elle s'apprête à traverser, Léon sort de la voiture et lui ouvre la portière, un grand sourire sur les lèvres. Elle n'a probablement jamais été aussi ravie qu'il fasse sombre, elle aurait été incroyablement gêné qu'il s'aperçoive que ses pommettes s'était teintés de rouge.

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Le moteur de la voiture ronronne doucement, tandis que Léon roule sur la route déserte. Les phares illuminent le chemin devant eux, révélant une route sinueuse bordée de grands arbres. Charlie n'a aucune idée d'où ils vont, mais elle ne s'en soucie pas réellement à vrai dire. Elle est prête à le suivre partout ou il voudrait l'emmener.

A l'instant même où elle c'était assise dans la voiture, la conversation c'était établi naturellement entre eux. C'est fou, elle n'a jamais ressenti une telle connexion avec quelqu'un avant lui. C'est comme si ils s'était connu depuis toujours.