Chapitre 4

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Agathe

Je suis blessée. Terriblement blessée. 

Mia passa une dernière fois la pommade sur ma main et me regarda. Je devinais le regret sur son visage, elle se croyait psychologue quelques minutes plus tôt mais était bouffée par ses propres mots. 

Pourquoi tu veux que je te le promette tout de suite ? Une seule soirée ne permet pas des années de souvenir. Qui te dit que demain l'un de tes proches sera à tes côtés ?  Qui te dit que dans quelques années tu ne perdra pas quelqu'un ?  Tu ne peux pas forcer les gens à rester à tes côtés, Agathe. Les gens viennent et partent si rapidement qu'il ne faut pas s'attacher.”

Je veux que tu me le promette car je suis terrorisée à l'idée de finir seule. 

Une seule heure me permettrait dix tonnes de moments en tête. 

Demain personne ne sera à mes côtés puisque personne ne l'est aujourd'hui. 

Je n'ai personne à perdre de toute façon. 

Si je ne peux pas les forcer à rester, alors pourquoi ils me forcent à dégager de leur chemin ?

JE VOUDRAIS NE PAS M'ATTACHER, PUTAIN ! 

Des larmes silencieuses avaient doucement coulées pendant son discours. Des larmes que je haïssais. Tout comme tout ce que j'étais.

J'entendis de la pluie violente frapper mes fenêtres pendant qu’elle chuchotait :

– Tu vas bien ?

Évidemment que non, débile. 

Un éclair lumineux éclara la pièce. Certains pouvaient briller même dans la plus grande obscurité, et c’était dégueulasse de se comparer au ciel. Je voyais la nuit s’allumer, je savais déjà parfaitement la suite qui ne tarda pas à arriver. Du tonnerre ajouta de la vie dans la pièce sombre. 

De toute façon, lumière ou non, je suis déjà morte et Mia a ajouté de la terre sur ma tombe. 

Quelques mèches recouvraient le visage de Mia, des éblouissantes mèches blondes qui me faisaient perdre la tête. Pas dans le sens qu’ils croyaient. Elle représentait la vie, j’étais la mort. Elle souriait sûrement quand je pleurais dans mon coin. Et je détestais ce genre de pétasse. 

Aucun mot n’était sorti pendant qu’elle finissait de me soigner. Je me remémorais notre conversation de la matinée et son contraire dans la soirée. 

Pourquoi personne ne tient tout ce qu’il balance ? 

“Je veux connaître celle qui se rend malade à cause de ses réactions.” “Si tu es mal toute seule, tu devrais vraiment faire gaffe à ton comportement. Je retire ce que j'ai dit tout à l'heure. Je m'en fiche de celle qui se rend malade à cause de ses réactions. Elle est blessante.”

– J’ai fini. 

Je fixais le bandage sur ma main puis levais la tête vers Mia. 

– Tu ne pensais pas vraiment ce que tu m’as balancé tout à l’heure ? C’était sous le coup de la colère, pas vrai ? 

– Je-je, oui. 

Je me relevais pour me placer face à elle. 

– Dit-le, s’il te plait. 

Sans m’en rendre compte, ma main caressait doucement sa joue. 

– Je voulais pas dire ça, je l’ai dit sous le coup de la colère et puis je-. 

Tu pensais que je ne te reconnaitrais pasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant