Part 21

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Le grand hall de la maison est préparé avec soin pour accueillir le vizir Himad. Le père d'Ahmed et Salim se tient droit, le torse bombé, essayant de faire bonne impression malgré les conditions pitoyables de sa propre apparence. Il ajuste son turban, passe sa main sur sa longue barbe frisée et sale, et regarde d'un air satisfait les deux fils qui se tiennent à ses côtés.

La lourde porte en bois s'ouvre et le vizir Himad entre dans la pièce, entouré de quelques gardes. Il est vêtu d'une tenue élégante, reflétant son rang et son autorité. Son regard scrute les lieux avec une certaine austérité tandis qu'il observe les préparatifs.

Le père d'Ahmed et Salim s'avance vers lui avec un sourire forcé et une révérence exagérée. "Bienvenue, grand vizir Himad," dit-il d'une voix mielleuse. "Nous sommes honorés de votre visite. Permettez-moi de vous présenter mes fils, Ahmed et Salim."

Ahmed et Salim, tout en ajustant leurs turbans et leurs pantalons bouffants, s'inclinent maladroitement devant le vizir. Leurs gestes sont mal coordonnés, mais ils essaient de paraître dignes et raffinés.

"Voici Ahmed," poursuit le père avec emphase, "un jeune homme à la beauté rare et aux qualités exceptionnelles."

"Et Salim," ajoute-t-il, "qui possède aussi des qualités dignes d'un prince."

Le vizir, bien que légèrement méfiant, se laisse finalement guider vers un fauteuil majestueux au centre de la pièce. Le père, satisfait de son accueil, fait signe à un serviteur de se préparer pour la démonstration.

Ahmed, plein d'arrogance, se dirige vers le fauteuil et se débarrasse négligemment de sa babouche. Il pose son pied sale et crasseux sur le siège, ignorant l'éclat du meuble. Le serviteur, bien que visiblement gêné, s'approche avec une babouche décorée, prêt à la faire essayer à Ahmed.

"Venez, essayez donc cette babouche," dit le père avec un sourire forcé, en se frottant la barbe sale avec ses ongles rongés.

Ahmed tente de faire enfiler la babouche, mais son pied est bien trop grand pour la chaussure délicate. Le serviteur ajuste la babouche maladroitement, essayant de la faire tenir malgré l'inefficacité de la démarche. Ahmed, imperturbable, se redresse avec un air de supériorité, comme si le confort de ses pieds sales était sans importance.

Le père, toujours en train de frotter sa barbe avec ses ongles, regarde la scène avec un mélange de frustration et de nervosité. Il sait que l'apparence de ses fils est cruciale pour cette démonstration.

Pendant ce temps, dans la cuisine, Ali est plongé dans sa tâche de nettoyage. Ses mains sont couvertes de cendres, ses vêtements sont tachés, et son visage est marqué par l'effort et la saleté. Les cendres volent autour de lui, se mélangeant à l'eau savonneuse, créant une boue crasseuse qui salit encore plus ses haillons.

Malgré les conditions pénibles et les moqueries de ses frères et de son beau-père, Ali reste concentré. Ses yeux, sous les cernes de fatigue, sont fixés sur la cheminée, et il continue de frotter avec une détermination silencieuse. Le contraste entre sa condition et la pompe de la démonstration dans le hall est palpable.

Alors que le vizir Himad observe Ahmed avec scepticisme, Ali, les mains tremblantes mais résolues, finit par nettoyer les dernières cendres. Il sait que chaque mouvement compte, chaque détail peut faire la différence. Dans son cœur, il garde l'espoir que, malgré les obstacles, il pourra un jour retrouver la princesse Jasmine et prouver sa véritable valeur.

Prince de l'AmourWhere stories live. Discover now