Chapitre 3 [2/2]

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Je m'apprêtais à répondre quand des coups ont résonné à la porte.

— Brigade de Subterra ! Vous avez l'obligation d'ouvrir ou nous forcerons l'entrée.

Une lueur de panique a brillé dans les yeux de Luz. Elle a attrapé mon bras pour m'attirer dans le placard, qui sentait un peu le renfermé, avant de plaquer une main devant ma bouche.

Les gardes ont ouvert la porte dans un cliquetis. Depuis quelques années, les galeries n'avaient plus de serrures. Leurs pas lourds résonnaient sur le sol en terre meuble tandis qu'ils fouillaient la galerie en marmonnant. Mon cœur battait à cent à l'heure, même si je ne comprenais pas grand-chose à la situation.

Ils allaient forcément chercher dans le placard. C'était la cachette la plus évidente. J'ai eu envie d'éternuer. Une tunique grise, appartenant à ma mère, me grattait la nuque.

Les pas se sont rapprochés. Je pouvais désormais écouter la conversation des gardes.

— Arrête de souffler, Philibert ! Ça n'avance à rien et ça me casse les oreilles.

— Ce n'est pas ma faute, cela fait des heures qu'on fouille toutes les galeries. Je ne comprends même pas pourquoi Cassius tient tant à ramasser ces pauvres gamins...

Le premier soldat s'est arrêté, comme abasourdi par la bêtise de son collègue.

— Tu es vraiment paumé, Philibert. Nous, les gardes, on est en sous-effectif. Les jeunes de nos jours n'ont plus le sens du sacrifice. Ces enfants, c'est une occasion en or pour les soldats de demain. On pourra les former dès leur plus jeune âge.

Le dénommé Philibert a semblé réfléchir, cette activité lui prenant un certain temps.

— Mais... Je n'ai pas le sens du sacrifice non plus. Nous n'avons pas eu le choix, on a été obligé.

Le premier garde a poussé un long, très long, soupir.

— On a été obligé car nous n'étions pas assez bons pour les autres postes !, s'est-il exclamé en essayant de garder son calme. Seulement, maintenant, les jeunes sont bien mieux éduqués et passent le test avec succès. Au moins, nous sommes sûrs de garder ces enfants pour en faire de futurs soldats, bien formés et expérimentés. Et puis, on ne discute pas les ordres de Cassius.

Il a paru se calmer. J'ai entendu un bruit de stylo grattant contre du papier.

— Bon, je coche cette galerie sur la liste. Il n'y a personne ici, et c'est l'heure de la pause déjeuner.

Les gardes se sont éloignés en discutant du menu du jour (patates et steak artificiel), leurs voix s'estompant au fur et à mesure.
Une fois sûre qu'ils n'étaient plus là, j'ai jailli du placard, Luz à ma suite. J'ai lissé du plat de la main ma robe froissée. Mon bras me faisait toujours mal.
Je me suis tournée vers elle, paniquée.

— Je ne veux pas finir comme eux !

Luz a froncé les sourcils, agacée.

— C'est bien ce que j'essaye de te dire. Nos parents manquaient à l'appel de Cassius et ne se trouvent pas à l'infirmerie, ils font partie du groupe des disparus. Je sais qu'on ne se connait pas, mais je me suis infiltré dans ta galerie pour te proposer d'être mon alliée. Nous devons échapper à la brigade. On a eu de la chance sur ce coup-là, mais nous ne pourrons pas nous cacher longtemps.

J'ai réfléchi un instant. Des millions de questions s'agitaient dans ma tête. Sybil était-elle avec mes parents ? Et s'ils étaient ensevelis dans la salle de réception, sous des tas de gravats ? Je me suis forcée de positiver. Subterra n'était pas très grand, ma famille allait forcément être retrouvée. En attendant, j'allais devoir me débrouiller.

𝐋𝐚 𝐒𝐮𝐫𝐟𝐚𝐜𝐞Où les histoires vivent. Découvrez maintenant