Recommandation musicale : My tears are becoming a sea de M83
Zoélie a détourné le regard.
J'ai toujours admiré sa capacité à dire ce qu'elle pensait. N'empêche que ce jour-là, j'ai lâché un soupir de soulagement en constatant qu'elle avait retenu ses mots. La connaissant, Zoélie aurait trouvé le moyen de donner son avis sur la Réminiscence à voix haute, devant tous les citoyens. Mais surtout devant Cassius, sur l'estrade située à peine quelques mètres devant nous.
Zoélie savait qu'elle n'avait plus qu'une chance.J'avais rencontré mon amie à l'école primaire.
Elle était l'élève parfaite, talentueuse et studieuse que tout le monde rêvait d'être. Seulement, mon amie n'aimait pas se taire. Très tôt, elle avait compris des choses dont je n'avais même pas idées, des choses qui la révoltaient.Un jour, Zoélie avait décidé qu'elle n'irait pas à la visite du Gouvernement imposé par l'école. J'étais moi-même très excitée à l'idée de cette sortie scolaire. Pour les enfants du troisième étage, se rendre si haut dans Subterra était une occasion à ne pas rater. J'étais si curieuse que j'avais forcé Tristan à venir lui parler avec moi.
— Pourquoi tu ne veux pas faire la visite scolaire ? avais-je demandé en rassemblant mon courage, le regard baissé.
Zoélie m'intimidait à l'époque. En fait, cela n'avait pas beaucoup changé depuis.
Tristan hochait la tête, comme pour témoigner de sa présence à lui aussi. Elle avait levé les yeux vers nous, un mélange de défi et de détermination sur son visage. J'observais un instant son long nez droit, sa peau mate et ses pupilles noires. La petite fille me dépassait d'une bonne tête.
— Vous savez, avait-elle simplement soupiré, je n'aime pas Cassius.
C'était une remarque naïve et innocente, qui prouvait pourtant toute sa maturité. J'avais pris peur à ce moment-là. Cette fille me fascinait depuis la maternelle, et elle venait ouvertement de critiquer le gouvernement. Ce jour-là, je me suis rendu compte que moi non plus, je n'aimais pas Cassius.
Quand le jour de la fameuse sortie est arrivé, Zoélie, Tristan et moi nous étions retrouvés au premier étage. Je n'y étais jamais allée, maman disait que c'était dangereux. C'était l'étage des anciens malfrats, tout droit sortis de prison, ceux qui ont perdu l'autorisation de se rendre aux étages supérieurs. Nous y avions passé la journée, vadrouillant dans ces lieux inconnus.
Le soir, quand j'étais rentrée chez moi, Papa m'attendait. L'école avait envoyé un mot. Il s'était efforcé de me gronder, mais je voyais bien qu'au fond, il était fier de moi. Il fallait croire que lui non plus n'aimait pas Cassius.
J'ai jeté un regard à Tristan et Zoélie, devant moi. C'était ainsi que notre trio s'était formé, inséparable depuis.
— Et zut, a marmonné Tristan. Ma mère me fait signe, il faut que j'aille voir ce qu'elle veut.
Tristan a fendu la foule pour retrouver ses parents.
Tiens, où étaient les miens, d'ailleurs ? Je les ai cherchés du regard dans la salle.
Les yeux bruns de ma mère m'ont trouvé en premier, elle était installé à l'autre côté de la salle avec mon père, Sybil et la famille de Tristan.
J'avais l'impression qu'elle essayait de me parler. J'ai plissé les yeux pour mieux voir. Elle m'adressait un regard pressant en agitant la main.
Viens.Maman a tapé sur l'épaule de mon père et il a lâché un soupir de soulagement en m'apercevant. Ils ont continué à me lancer des signes pressants, mais discrets. Ce n'était pas comme si c'était la première fois que j'allais à la Réminiscence seule, avais-je pensé, légèrement agacée.

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𝐋𝐚 𝐒𝐮𝐫𝐟𝐚𝐜𝐞
Science FictionIris vit à Subterra, une cité enfouie sous terre dans laquelle son destin est déjà tracé. Tout va changer lorsqu'un groupe de citoyens dont font partie ses parents et son meilleur ami disparait mystérieusement durant la grande Réminiscence. Pour r...