2. Réponse.

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En sortant du bassin, je peine à retrouver mon calme et ma sérénité.
Mon cœur bat à 100 a l'heure, conséquence de l'effort que je viens de faire. Mais il y a également cette ambiance et cette ferveur qui me fait un effet que je connaissais pas encore jusqu'à présent.

Je suis habitué aux championnats universitaires à travers les États-Unis, mais cette je n'ai jamais connu un telle ardeur, les supporters sont presque en transe alors que c'est qu'une série d'un 400m 4 nages.

Cette fièvre est contagieuse, dans l'eau je me suis senti transcendé, et je sais que c'est de bonne augure pour la suite de la compétition.

En sortant du bassin, je suis guidé par des bénévoles pour aller m'adresser à la presse. Bien évidemment on me dirige vers la presse française pour commencer, et j'aperçois de loin le mythique Nelson Monfort.

Je n'ai beaucoup d'expérience dans le fait de parler à la presse.
Je ne suis pas réellement timide, mais plutôt réservé. Je sais qu'il faut choisir ses mots avec soin, puisqu'un seul écart peut mettre en péril une carrière toute entière.
Mon coach Bob m'a beaucoup briefé avant ces jeux à ce sujet.

Mais je me dirige tout de même vers Nelson avec une certaine confiance, il n'y pas de raison que cela se passe mal.

Mais alors que Nelson m'attrape par l'épaule et me pose sa première question, mon cerveau se déconnecte immédiatement.

Elle est là.
La fille de hier soir. Je reconnais ses cheveux châtains qui sont rassemblés en un chignon, ses yeux verts qui pétillent naturellement.
Elle tient un carnet et un stylo dans sa main, et elle a un petit badge avec une carte autour de son cou.
Je jette un coup d'œil pour essayer de regarder son nom mais elle est trop loin pour que je puisse y voir quoi que ce soit.

Je me fais moi même peur par cette envie de connaître absolument son nom.

Ses yeux rencontrent les miens pendant ce qu'il me semble être à la fois une éternité et une demi seconde.
Mais elle détourne immédiatement son regard.
Je dois la faire flipper je sais pas pourquoi j'agis comme ça.

C'est le regard insistant de Nelson qui me ramène à la réalité.
Il m'a posé une question que je n'ai même pas écoutée tant mon attention a été attirée vers autre chose, enfin plutôt vers quelqu'un d'autre.

Je me racle la gorge, essayant de cacher la gêne qui m'envahit.
J'essaie de trouver une réponse bateau pour répondre à la question que je ne connais pas.

Je parle de mes sensations, de ma concentration pour la suite, de l'ambiance magique qui règne dans La Défense Arena.
Ma réponse à l'air de convenir puisque Nelson me remercie chaudement avant de me laisser partir.

Avant de me retourner, je n'arrive pas à m'empêcher de jeter un dernier regard vers elle.
Elle a l'air concentrée, puisqu'elle est rivée sur son carnet en train de prendre des notes.

Je m'en vais définitivement rejoindre les douches, avant de quitter la piscine et de rejoindre l'hôtel de l'équipe de France de natation.
J'ai à peine le temps de faire une sieste réparatrice dans ma chambre que l'heure du déjeuner est arrivée.

Tous les nageurs sont attendus dans la salle de réception de l'hôtel avec tout le staff également.
Je retrouve mes coéquipiers, notamment Maxime , Yohann et Anastasia, avec qui je me retrouve à table.

Les discussions sont légères, on parle des courses de la matinée, mais je sens Maxime en face de moi qui est distrait.

-Les gars c'est qui la fille avec Flo ?

Je suis dans mes pensées et je n'écoute la conversation qu'à moitié, surtout lorsqu'il s'agit de Maxime et de ses filles.

-Je l'ai déjà croisé ce matin avec lui, mais je crois qu'elle avait une carte de presse autour du cou. C'est peut être une journaliste ? demande Yohann.

-En tout cas je veux bien qu'elle m'interview, en privé même si c'est possible.

Maxime ricane de sa propre blague, et Yohann le suit alors qu'Anastasia lève les yeux au ciel.

-Sérieusement Max ? Tu vois c'est pour ça que t'es toujours célibataire.

Je ne peux m'empêcher d'acquiescer pour soutenir Anastasia.
Même si Maxime est mon ami, il est vrai que sa réputation le précède.
Alors que les deux hommes en face de moi continuent à rire, ils s'arrêtent d'un coup.
Je perçois un petit silence à table, alors que je sens une présence derrière moi.

Et de suite je comprends.
Cette odeur vient immédiatement me chatouiller les narines. Je sais à qui elle appartient, je n'ai pas arrêté d'y penser depuis hier soir.

-Ça va les gars ? Florent pose ses mains sur mes épaules alors que je me retourne vers lui. Je vous présente ma petite sœur Charlotte, elle est en stage chez France TV pour les JO, elle dormira à l'hôtel toute la semaine avec nous. Si vous la voyez traîner ailleurs vous m'appelez direct.

La fameuse Charlotte lève les yeux au ciel et lance un regard noir à Florent, puis elle nous lance à tous un grand sourire.

-Enchantée de faire votre connaissance, faites pas attention à lui il divague comme à son habitude.

-T'inquiète on sait comment il est, nous aussi on en a marre, lui répond Maxime en riant.

Encore une fois j'ai l'impression d'être complètement extérieur à la conversation, puisque j'essaie de digérer toutes les informations.

Charlotte... Alors c'est la sœur de Florent.
Je me sens immédiatement débile. Bien sûr, ces fossettes, ils ont exactement les mêmes quand ils sourient.
Je comprends cette impression de déjà vu qui me fait tourner en bourrique depuis hier soir.

Désormais je suis rassuré d'avoir mes réponses.
Je suis sûr que je vais arrêter d'y penser maintenant, de chercher d'où je pouvais bien la connaître.
Ça devait uniquement être le mystère qui me rendait bizarre, parce que j'aime tout connaître et tout savoir.

-Allez viens je vais te présenter aux filles là bas..

Florent prend sa sœur par les épaules et ils repartent aussi vite qu'ils sont arrivés.
Anastasia s'empresse de taquiner Maxime.

-Alors, elle t'intéresse toujours la petite sœur du grand Manaudou ?

Maxime fait la moue alors que Yohann se moque aussi de lui.

-Ça se trouve il est pas du genre grand frère protecteur, se rassure Maxime.

-Alors ça ça m'étonnerait !

Yohann éclate de rire.
Anastasia me met un coup de coude qui me fait relever la tête.

-Ça va Léon ? T'as pas dis un mot depuis le début du repas.

-Oui oui t'inquiète, je suis concentré pour cet aprèm.

En soit, je ne mens pas, je suis vraiment concentré sur le reste de la journée.
Mais je suis quand même contrarié.
Pourquoi est ce que cette fille m'intrigue toujours ? J'ai eu mes réponses pourtant.
Mais j'ai envie de lui parler.
Je suis un psychopathe je me terrifie moi même sérieux.

Je ne suis pas concentré à 100% sur la compétition et je déteste ça.
Et c'est à cause d'elle.

En fait je crois que je ne l'aime pas beaucoup cette Charlotte Manaudou.

𝐭𝐢𝐭𝐚𝐧 - 𝐥𝐞𝐨𝐧 𝐦𝐚𝐫𝐜𝐡𝐚𝐧𝐝Où les histoires vivent. Découvrez maintenant