6

15 5 0
                                    

Le match aurait dû être amical, mais l'atmosphère était électrique. Chaque geste, chaque passe résonnait comme un défi lancé à l'adversaire. Ryuku, ce diable de compétiteur, avait jeté son dévolu sur Aston. Leur duel intense faisait vibrer le terrain. 1-1, c'était tout ce que les équipes avaient pu arracher, laissant derrière elles un goût amer de victoire incomplète, mais aussi cette satisfaction inavouée d'avoir donné tout ce qu'elles avaient. Ryuku, pourtant habitué à jouer en solo, avait dû se résoudre, presque à contrecœur, à nous faire confiance.
Le coup de sifflet final retentit, marquant non seulement la fin du match, mais aussi l'épuisement palpable de nos corps. On quittait le terrain, traînant les pieds, la déception peinte sur nos visages. Mia, toujours prompte à saisir l'instant, lança un regard malicieux à Ryuku tout en tapotant son épaule.

— Alors, t'as fini par te détendre, hein ?

Ryuku, les mains enfoncées dans les poches, haussa les épaules en esquissant un sourire désolé.

— Désolé pour tout à l'heure. J'étais un peu tendu, je l'avoue.

Il baissa les yeux, visiblement gêné, et je ne pus m'empêcher de sourire en coin. Il me rappelait tellement Seb. Toujours sur le fil, prêt à exploser pour un rien.

— C'était juste un match pour le fun, tu sais. Pas la peine d'en faire tout un plat. On nous a dit que t'étais dans l'équipe nationale, t'avais pas besoin de nous prouver quoi que ce soit, répondis-je en me partant pour resserrer mes lacets.

Je les écoutais encore, même en m'éloignant, captant des bribes de conversation sur Ryuku et son ascension fulgurante dans l'équipe nationale. Mia, enjouée, découvrait que le ténébreux garçon à la peau d'albâtre et aux cheveux noirs de jais fréquentait le même établissement que son copain Thibault. Elle souriait de toutes ses dents, consciente qu'elle venait de trouver un moyen idéal pour garder un œil sur son amoureux, étant désormais dans une académie différente.

D'un pas assuré, je rejoignis le groupe où se trouvait Seb. Entourant sa taille de mes deux bras, je le taquinai d'une voix faussement sévère :

— Oh, Sebinou chéri, tu veux que je t'apprenne à tenir une crosse ? Parce que là, mon frère, tu te ramollis grave !

Seb me lança un regard noir, mais son sourire trahissait le jeu.

— D'abord lâche-moi, ensuite, qui c'est qui a failli se vautrer avec ses patins, là ? rétorqua-t-il en pointant un doigt accusateur.

Je levai un sourcil, faussement offusquée.

— Ouais, mais tu sais bien que c'est des patins artistiques, répliquai-je.

Orion, ce grand métis aux allures de mannequin, s'incrusta dans la conversation.

— La pauvre, avec des patins artistiques, quelle idée !

Aston ajouta, moqueur, un sourire en coin.

— Ouais grave, confirma Aston moqueur.

Mon frère, théâtral comme toujours, mit une main sur son cœur, feignant l'indignation.

— Quoi ? J'ai raté ça ? Rejoue la scène pour moi, steuplait, Titi chérie !

Je levai les yeux au ciel, amusée par leur complicité. Tout le groupe se lançait des piques, des rires fusaient, comme si le poids de la compétition s'était évaporé dans l'air du soir.
- Vous vous ressemblez comme deux gouttes d'eau, remarqua un imposant gars roux. Vous avez combien d'années de différence ?

Une fille blonde aux mèches rouges, éclata d'un rire moqueur.
- Mais t'es bête ou quoi, Josh ?!? Ce sont des jumeaux ! lui cria-t-elle en le frappant gentiment sur l'épaule.
- Vous vous connaissiez déjà tous avant ? demandais-je curieuse.

La vie ne nous laisse pas le choixOù les histoires vivent. Découvrez maintenant