CHAPTER THREE

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ALENA OZEROVA








Samedi 13 Octobre, 2001.
Russie, St Petersburg.

En enfilant mes chaussons, je sens la familiarité du cuir souple épouser mes pieds, me causant un léger frisson. Mon justaucorps noir, parfaitement ajusté à ma silhouette, contraste élégamment avec mes collants blancs.

Un chignon serré maintient mes cheveux bruns en place, et chaque mèche est soigneusement fixée, éliminant toute distraction potentielle. Je prends une profonde inspiration, ajustant les rubans de mes chaussons avec délicatesse.

La danse est ma seconde nature.

Je me lève, attrapant mon sac rempli et me dirige vers le studio. Les couloirs de l'académie sont calmes, leurs murs ornés de photos et de trophées racontant des décennies d'excellence.

En arrivant à la porte de la salle, je marque une pause pour rassembler mes pensées. La lumière naturelle pénètre par les grandes fenêtres, inondant la pièce de clarté et révélant chaque détail de l'espace. Le parquet poli brille sous les rayons du soleil, et les barres en bois s'alignent le long des murs.

Je fais glisser la porte avec précaution, pénétrant dans le sanctuaire où nous passons des heures à nous entraîner. Le studio est encore vide à cette heure-ci, offrant un rare moment de solitude avant l'arrivée des autres danseurs. Je dépose mon sac près d'un coin et commence à m'étirer, laissant mes muscles se préparer pour la torture à venir.

La salle a une atmosphère presque sacrée, imprégnée des aspirations et des sacrifices de ceux qui y ont laissé une partie de leur âme.

Les miroirs s'étendent sur toute la longueur d'un mur, reflétant les mouvements avec une clarté impitoyable. Ici, il n'y a nulle part où se cacher. Chaque défaut, chaque hésitation est exposé sans pitié.

Je m'étire lentement, chaque mouvement mesuré, ressentant la tension et la relaxation dans mes muscles. Je lève lentement les bras au-dessus de ma tête, laissant mes muscles se déployer avec une grâce maîtrisée.

Mes jambes s'étirent vers le ciel, mes pointes s'élèvent tandis que je me penche dans une arabesque mesurée. Je sens chaque articulation s'assouplir, chaque muscle s'éveiller sous mes mouvements précis.

Dans le silence qui m'entoure, je perçois le craquement léger de mes os, le murmure régulier de ma respiration, et je m'immerge dans cet instant de quiétude absolue.

J'encre mon regard dans mon reflet, cherchant à canaliser toute mon énergie dans cette préparation minutieuse. J'inspire profondément, laissant l'air emplir mes poumons, puis j'expire lentement, chassant toute pensée perturbatrice.

Le temps s'écoule avec une douceur infinie, chaque seconde semblant s'étirer à un temps indéfini alors que je m'abandonne à ma routine matinale. Les autres filles ne sont pas encore arrivées, et je savoure cette solitude précieuse, ce calme avant l'agitation.

Puis, au loin, j'entends les premiers bruits de pas résonner dans le couloir. Ils se rapprochent, gagnant en clarté à mesure que les autres danseuses font leur entrée. Leurs rires feutrés, les chuchotements, le glissement délicat des chaussons sur le sol, tout cela vient peu à peu rompre le silence qui m'enveloppait.

Je termine un dernier grand plié avant de redescendre gracieusement sur mes pointes, saisissant une serviette pour essuyer les gouttes de sueur qui commencent à perler sur mon front.

La porte de la salle s'ouvre avec un grincement familier, et mes camarades entrent en groupe, leurs voix mêlées de bavardages et d'excitation. Le sommeil semble encore flotter sur leurs visages, mais déjà, l'idée d'une nouvelle journée de danse illumine leurs regards.

𝐇𝐨𝐥𝐝 𝐘𝐨𝐮𝐫 𝐁𝐫𝐞𝐚𝐭𝐡 [EN PAUSE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant