CHAPTER FIVE

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TW: crise d'angoisse

ALENA OZEROVA





Samedi 4 novembre, 2001.
Russie, St Petersburg.

L'hiver à Saint-Pétersbourg est un vieil ennemi qui revient chaque année, plus féroce et implacable. Aujourd'hui, je l'affronte, emmitouflée dans ma chapka de fourrure blanche et mon long manteau qui effleure le sol glacé.

Je me tiens devant la porte de l'appartement où j'ai grandi, un bâtiment typiquement soviétique, massif et austère, dont l'apparence brute contraste avec les façades modernes des immeubles voisins. Ce n'est pas une de ces constructions récentes et élégantes, mais un immeuble d'habitation en béton armé, aux murs gris légèrement fissurés par le temps, érigé dans les années 60.

Les immeubles autour sont similaires, alignés en rangs serrés comme des soldats, chacun portant les marques des années passées, de la peinture écaillée sur les balcons aux antennes télévisées rouillées. L'entrée est simple, presque anonyme, une lourde porte métallique peinte en vert foncé, piquée de rouille sur les bords, dont la poignée usée témoigne de la multitude de mains qui l'ont actionnée au fil des décennies.

Je ressens une étrange appréhension en me tenant là, devant cette porte familière. C'est une sensation de retour dans un lieu où le temps semble s'être arrêté. Les pavés inégaux sous mes pieds, craquelés par les hivers rigoureux, me rappellent les après-midis glaciales passées à courir dans la cour, là où rien n'a vraiment changé, sauf la rouille qui a gagné du terrain sur les balançoires et le toboggan de métal usé.

Je prends une grande inspiration et ouvre la porte d'un coup sec. Un grincement métallique retentit, un bruit qui s'accroche au silence, comme un écho figé dans l'air froid.

Dès que je pénètre dans l'entrée, je suis envahi par une odeur si spécifique à ces vieilles bâtisses. Une odeur de moisi, de vieux papiers jaunis, mêlée à celle des radiateurs à vapeur qui surchauffent en hiver, diffusant une chaleur lourde, presque suffocante.

Le couloir est long et sombre, éclairé faiblement par une unique ampoule suspendue au plafond, jetant une lumière vacillante qui amplifie l'impression de froid et de solitude.

Les murs sont recouverts d'un papier peint jauni, délavé, aux motifs floraux effacés par le temps, qui s'effritent par endroits, révélant le plâtre brut en dessous. Sous mes pieds, le sol en linoléum usé, posé des décennies plus tôt, est gondolé et taché par des années de passage.

Alors que je m'avance vers l'appartement lui-même, l'odeur familière de la cage d'escalier, mélange de poussière, de bois ancien et d'humidité persistante, me saisit. Je pousse la porte d'entrée, une porte en bois épais et massif, recouverte d'une couche de cuir clouté brun, typique des appartements de cette époque.

Ce cuir, vieilli et craquelé, a vu défiler des dizaines d'hivers russes, portant les marques d'une époque où l'isolation était primordiale pour survivre aux températures glaciales. En entrant, l'air intérieur est plus chaud, mais il a un parfum stagnant, celui d'une vie passée ici, figée dans une autre époque.

La première pièce où je pénètre est le vestibule, minuscule et étouffant. Sur le mur, des crochets en métal noirci pendent sous un vieux miroir rectangulaire aux bords piqués, à côté duquel est accrochée une icône orthodoxe poussiéreuse, bénissant silencieusement chaque entrée et sortie.

Au sol, un vieux tapis usé, presque effacé par le passage des bottes en hiver, et sur lequel la neige fondue laissait toujours des taches sombres, comme des souvenirs persistants du froid extérieur.

𝐇𝐨𝐥𝐝 𝐘𝐨𝐮𝐫 𝐁𝐫𝐞𝐚𝐭𝐡 [EN PAUSE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant