1: deux mois plus tôt

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Deux mois plus tôt




Entends-tu ma voix, je veux être avec toi. Je t'offre mon âme, elle est toute à toi...
Tu es une déesse, une étoile dans le ciel...
Tu es une princesse, tu es ma princesse...

Petit à petit, il émergeait de son sommeil. Pas tout à fait réveiller, il partageait encore ses pensées entre rêve et réalité.

Tu es ma princesse,
tu es ma princesse...

Encore cette chanson. Ça va faire quatre fois qu'il rêve de cette même chanson et de cette même fille.
Il se voyait avec elle à la Mer jouant et courant sur le sable humide. Dans sa belle robe rosée, elle essayait toujours de lui échapper à l'instar de ce rêve si tendre, si amer qui chaque matin s'envolait pour ne laisser qu'un vite un peu plus grand chaque jour.

Il lui courait après en essayant d'attraper sa main. Une fois lui avoir emprisonné dans ses bras, il lui chuchotait à l'oreille encore et encore ces mêmes paroles :
tu es ma princesse,
tu es ma princesse,
tu es ma princesse...

- tu es déjà réveillé, c'est parfait...

Michael sursauta. Furieux d'être aussi brutalement tiré de sa douce rêverie, il se releva de tout son long pour découvrir sa petite sœur. Elle avait passé sa tête dans l'embrasure de la porte entrouverte.

La première chose que fit Sarah gorsty en entra complètement dans la chambre fut de la balayer du regard avec lenteur. C'était un reflex qui ne lui appartenait pas à elle seule ; tout le monde qui entrait dans cette chambre faisait la même chose.

- je vois que tu as ajouté de nouvelles photos, dit-elle sur le ton du constant. Bientôt, il n'y aura plus de place pour d'autres photos ; comment tu feras quand ce cas ?

- je trouverai une solution, fit Michael en sauta de son lit. Je devrais peut-être m'orienter vers le couloir.

- alors là, pas question...

En disant cela, elle avait mis les poings sur les hanches comme elle en avait l'habitude. Sarah, qu'on appelait affectueusement sisy, détestait être contredit.

- même si nous avons tous accepté, pas sans quelques difficultés, ton... Obsession sur cette "princesse" Jennifer anistork, il est hors de question que tu colles ses photos sur un mur en dehors de ta propre chambre.

- Je suppose que je vais devoir me contenter de ma chambre, souri Michael. Enfin, pour l'instant.

- ouais, c'est ça, fit la petite sisy en lui lançant un regard noir bien au-dessus de son âge. J'étais juste venu te dire que papa veut nous voir tous en bas avant d'aller au boulot, il a dit que c'était important. Margo est déjà descendue donc, il ne reste plus que toi.

- okay, j'arrive dans cinq minutes le temps de me brosser les dents.

Elle fit oui de la tête avant de sortir de la chambre. Une fois sûre qu'elle était bel et bien partie, Michael balaya à son tour la pièce de son regard traitant. Sa chambre était assez grande pour y aménager un bureau, une penderie, et même une petite étagère où il rangeait ses livres de mathématiques, informatique et autres sciences dont il comptait se spécialiser après le lycée. Pourtant, quand on entrait dans sa chambre, ce n'était ni le bureau, ni la penderie, ni ses innombrables livres de sciences qui frappait tout de suite l'attention, non, ce qui captivait immédiatement les gens était les innombrables photos de Jennifer anistork qui recouvraient le Mure. Cette belle jeune fille de 17 ans, qui était le rêve de tous les garçons de son lycée et bien entendu du sien également, était presque partout dans la chambre du jeune homme.

Alors que d'autres la voulais pour sa beauté, sa popularité ou peut-être même pour sa fortune, lui, il était complètement, éperdument et désespérément amoureux d'elle, et cela, depuis quatre ans qu'il l'avait vu pour la première fois dans le couloir du lycée.

Il ne l'avait jamais parlé. Il était même certain qu'elle n'avait aucune idée qu'il existe quelque part un certain Michael gorsty. Si au début cette pensée lui était douloureuse, il avait appris à vivre avec et se plaisait désormais dans son drôle d'admirateur secret.

Après avoir mis ses chaussons, il quitta son petit musée dédié à sa princesse et se dirigea vers la salle de bain.

En se brossant les dents, il jetait quelques coups d'œil à son reflet dans le miroir devant lui. Il était ni très grand ni très petit, ni trop mince ni trop gros et ajouté à cela ses yeux marron et sa chevelure aubère, il avait tout d'un personnage quelconque. Des gens comme lui ; on en trouvait des centaines un peu partout dans le monde. Aucune chance qu'un jour une personne aussi unique que Jennifer anistork jette son adorable regard sur lui : l'un des vilains petit canard du lycée.

Très vite, il balaya ces sombres pensées et préféra plutôt considérer les bons côtés des choses car oui ; il y avait aussi des bons côtés. Grâce à son invisibilité aux yeux de Jennifer ainsi que de l'entourage de la belle, il avait la capacité de la suivre partout sans qu'elle ne le remarque jamais. Il s'arrangeait chaque matin de sorte qu'elle passe devant lui rien que pour sentir son parfum : c'était le meilleur moment de sa journée.

Il avait aussi réussi à se trouver deux ou trois petits boulots comme développeur web dans des petites entreprises émergentes. Certes, son salaire était encore anodin, mais en combinant les trois Petites entreprises, il gagnait tout de même une assez belle somme qui lui avait permis de s'acheter une voiture d'occasion avec laquelle il suivait Jennifer partout où elle allait après les cours. C'est aussi grâce à cet argent qu'il pouvait se permettre des entrées dans les endroits que fréquentait Jennifer : club, ciné, restaurant... Parfois deux fois dans la même journée.

C'était à peu près comme ça que se passait ses journées : avec sa voiture qui lui permettait de suivre la belle partout et son smartphone pour prendre des photos de Jennifer mangeant une glace, faisant la course, dansant dans un club ou regardant un film au cinéma en compagnie de ses inséparables amies ou de son idiot de petit ami.

Mettant fin à cette vague de jalousie qui montait en lui en pensant au petit ami de sa princesse, il se décida à descendre écouter ce qu'allait dire son père. Il devait aussi se dépêcher de prendre son petit-déjeuner s'il ne voulait pas être en retard pour le dernier jour du lycée avant les vacances de Noël, mais surtout ; pour sentir le parfum de Jennifer quand elle passera devant lui comme chaque matin depuis quatre ans.

Tu es ma princesseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant