Fatou et Ibrahima

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Fatou se tenait à l'ombre d'un grand baobab, regardant le vaste horizon de la savane qui s'étendait devant elle. Les rayons du soleil couchant teintaient le ciel de nuances d'orange et de rose, contrastant avec la terre rougeâtre sous ses pieds. Les rires des enfants jouant plus loin résonnaient dans l'air, mais elle n'y prêtait pas attention. Son esprit était ailleurs, préoccupé par une nouvelle qui venait de bouleverser son monde.

La jeune femme avait toujours su que sa famille était pauvre, mais elle ne s'était jamais attendue à ce que cela mène à un mariage arrangé. Pourtant, c'est exactement ce que sa mère lui avait annoncé ce matin-là, alors qu'elles se tenaient dans leur modeste maison en terre battue. Un riche homme d'affaires, Ibrahima Ndiaye, avait proposé de l'épouser, et sa famille, pressée par les dettes, n'avait eu d'autre choix que d'accepter.

Fatou ne connaissait cet homme que de nom. Il était célèbre à Dakar pour ses succès dans le commerce et ses nombreuses propriétés. On disait qu'il était aussi puissant que distant, un homme dont le cœur était aussi froid que l'acier des bâtiments qu'il faisait construire. Pour elle, cela n'était qu'une rumeur lointaine, jusqu'à ce jour où son nom s'était mêlé à son destin.

Elle se sentait piégée, comme un oiseau dont les ailes étaient liées. Son rêve de devenir infirmière et de voir le monde au-delà des frontières de son village semblait s'éloigner à mesure que le mariage se profilait. Pourtant, au fond d'elle-même, Fatou savait qu'elle n'avait pas le luxe de refuser cette union. Ce mariage était la solution pour sa famille, un moyen d'assurer leur survie.

Le soir tombait, et avec lui, une vague de résignation s'abattit sur elle. Elle inspira profondément, se préparant à affronter ce qui l'attendait. Fatou n'avait jamais été une femme qui se laissait abattre par les circonstances, et elle n'allait pas commencer maintenant. Si elle devait épouser cet homme, alors elle le ferait à sa manière, avec la tête haute et la dignité intacte.

***

À l'autre bout de Dakar, Ibrahima Ndiaye observait la ville depuis la fenêtre de son bureau au dernier étage d'un immeuble de verre et d'acier. Les lumières de la ville s'étendaient à perte de vue, comme un tapis scintillant qui défilait sous ses yeux. Ses affaires étaient florissantes, et sa réputation inébranlable. Pourtant, ce soir-là, son esprit n'était pas focalisé sur ses affaires habituelles, mais sur la jeune femme qu'il s'apprêtait à épouser.

Pour lui, ce mariage était avant tout un arrangement pratique. Fatou Diop n'était qu'un pion dans un jeu plus vaste, un moyen de renforcer ses liens avec la communauté locale et d'apaiser certains partenaires commerciaux. Il ne s'attendait pas à trouver en elle une compagne, encore moins l'amour. Après tout, il n'avait jamais cru aux contes de fées.

Mais alors qu'il se préparait à quitter son bureau, une étrange sensation l'envahit, comme si un changement imprévu se profilait à l'horizon. Ibrahima n'était pas un homme qui croyait au destin, mais ce mariage semblait porter en lui une promesse d'inconnu, une promesse qu'il n'était pas sûr d'être prêt à affronter.