Fatou et Ibrahima

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Fatou se tenait devant la grande fenêtre du salon, ses doigts effleurant le rideau en soie. Elle pouvait sentir le froid du marbre sous ses pieds nus, contraste frappant avec la chaleur étouffante de sa nouvelle vie. De l'autre côté de la vitre, le jardin soigneusement entretenu était un spectacle de couleurs et de formes qu'elle n'avait jamais imaginé.

Chaque pas qu'elle faisait dans cette maison immense résonnait comme un écho de son malaise. Les meubles en cuir sombre, les tapis persans et les murs ornés d'œuvres d'art semblaient irréels. Son cœur battait la chamade en pensant à la distance qui existait encore entre elle et Ibrahima. Elle se sentait comme une étrangère dans cet environnement luxueux, son corps tendu par le stress et l'incertitude.

Les enfants d'Ibrahima, Aissatou, Omar et Kader, étaient un défi supplémentaire. Leur silence glacé et leurs regards fuyants avaient creusé un fossé entre eux. Fatou essayait de les apprivoiser, de leur offrir un sourire réconfortant, mais chaque tentative semblait se heurter à un mur invisible. Ses mains se crispèrent sur le bord du canapé alors qu'elle pensait à leur méfiance. Elle se demandait si elle réussirait un jour à briser cette glace.

Ce soir-là, Ibrahima rentra plus tôt que d'habitude, ses épaules voûtées sous le poids des responsabilités. Fatou observa les muscles tendus de son dos alors qu'il se dirigeait vers elle. L'air était chargé de tension, et elle pouvait sentir son propre cœur accélérer. Ses pieds se déplacèrent lentement vers lui, la nervosité lui serrant la poitrine.

« Fatou, nous devons parler, » dit-il, sa voix grave vibrante d'une fatigue qu'il ne pouvait plus masquer. Ses mains étaient enfoncées dans les poches de son pantalon, ses doigts se contractant en poings serrés.

Elle sentit un frisson parcourir son échine alors qu'elle se rapprochait de lui, le regard plongé dans le sol pour éviter de croiser ses yeux fatigués. « Bien sûr, Ibrahima. De quoi s'agit-il ? » demanda-t-elle, sa voix tremblante trahissant son anxiété.

Ibrahima se passa une main dans les cheveux, son geste révélant une tension sous-jacente. « Il y a des complications avec un partenaire commercial. Cela pourrait affecter notre famille. Je voulais te prévenir. »

Fatou sentit une boule se former dans sa gorge, sa respiration devenant superficielle. Ses doigts se crispèrent sur le dossier de la chaise alors qu'elle essayait de rassembler ses pensées. « Que puis-je faire pour t'aider ? » demanda-t-elle, la voix emprisonnée dans une cage de crainte et de détermination.

Ibrahima la regarda avec un mélange de gratitude et d'épuisement. « Ta présence est déjà un soutien. Les enfants ont besoin de stabilité, et je sais que cette transition n'est pas facile pour toi. »

Les mots d'Ibrahima résonnaient en elle, comme une vague d'émotions qui déferlait sur ses épaules tendues. Elle acquiesça lentement, sentant une chaleur douce envahir son cœur. « Nous traverserons cela ensemble, » murmura-t-elle, ses yeux se levant enfin pour rencontrer les siens.

Fatou ressentit une légère détente dans son corps alors qu'Ibrahima lui adressait un sourire fatigué mais sincère. Elle savait que la route serait encore longue, mais pour la première fois, elle avait l'impression que leurs chemins pouvaient vraiment se croiser.