5

12 0 0
                                    

La lumière du matin filtrait à travers les rideaux épais du salon, illuminant doucement la pièce. Fatou était assise sur le canapé, un livre ouvert sur ses genoux, mais ses yeux étaient perdus dans le vide. Ses pensées se tournaient vers la soirée précédente, une conversation qui l'avait laissée troublée.

Ibrahima était rentré tard, son visage marqué par la fatigue. Ils avaient partagé un dîner silencieux, et après, il avait semblé encore plus distant que d'habitude. Fatou avait tenté de lui parler de leurs projets, mais il avait évité la conversation, se perdant dans ses pensées. Elle pouvait voir l'ombre de ses préoccupations sur ses traits, un poids invisible qu'il portait.

Ce matin-là, elle décida de chercher des réponses dans la tranquillité du jardin. L'air frais du matin était un contraste agréable avec la chaleur étouffante de ses pensées. En se promenant parmi les fleurs, elle entendit des éclats de voix provenant de la maison. Curieuse, elle se dirigea vers la source du bruit.

En entrant dans la cuisine, elle découvrit Ibrahima en pleine discussion animée avec son assistant, un homme d'une trentaine d'années, les yeux rivés sur des documents financiers. L'assistant s'inclina légèrement en la voyant, mais Ibrahima la regarda avec une expression qui trahissait une profonde préoccupation.

« Fatou, tu es là. Je n'avais pas réalisé que tu étais déjà réveillée, » dit Ibrahima, tentant de masquer la tension dans sa voix.

Fatou se força à sourire. « Oui, je voulais prendre un peu d'air. Il semble que quelque chose te préoccupe. »

Ibrahima poussa un soupir, ses épaules se voûtant légèrement sous le poids de ses responsabilités. « C'est juste une question de finances. Un ancien partenaire d'affaires fait des vagues, et cela pourrait avoir des répercussions sur notre entreprise. Je dois m'assurer que tout est en ordre. »

Fatou observa les lignes de fatigue sur le visage d'Ibrahima, ses traits durcis par l'inquiétude. Elle s'approcha, posant une main légère sur son bras. Elle pouvait sentir la tension qui parcourait son corps, chaque muscle tendu comme une corde prête à rompre. « Peut-être que parler de tes préoccupations pourrait aider à alléger un peu ce fardeau. Je suis là pour toi. »

Ibrahima leva les yeux vers elle, son regard capturant un mélange de gratitude et de tristesse. Il semblait hésiter, puis il secoua légèrement la tête. « C'est un problème que je dois régler moi-même. Mais merci, Fatou. Cela signifie beaucoup pour moi. »

Le ton de sa voix et la manière dont ses doigts se crispèrent autour des documents trahissaient son stress. Fatou se détourna légèrement, se sentant à la fois impuissante et concernée. Alors qu'elle se dirigeait vers la sortie, elle entendit des murmures d'une conversation qu'elle n'était pas censée entendre. L'assistant parlait de « problèmes financiers non résolus » et de « dettes à régler », des termes qui la firent frémir.

Fatou se demanda si ces complications étaient la source des problèmes d'Ibrahima, et elle réfléchit à ce qu'elle pouvait faire pour alléger sa charge. En sortant de la cuisine, elle rencontra Awa qui était en train de préparer le petit-déjeuner.

« Comment vas-tu aujourd'hui, Fatou ? » demanda Awa avec un sourire chaleureux, ses mains occupées à disposer des fruits frais sur la table.

« Je vais bien, merci. Juste préoccupée par les difficultés auxquelles Ibrahima semble faire face, » répondit Fatou, son regard fuyant.

Awa fronça légèrement les sourcils, comprenant le sous-entendu. « Il y a des aspects de sa vie professionnelle qui sont lourds à porter. Mais tu n'as pas à t'inquiéter pour cela. Il a une bonne équipe pour l'aider. Ce dont il a besoin maintenant, c'est de ton soutien, même si parfois tu ne sais pas comment aider. »

Les mots d'Awa apportèrent un léger soulagement à Fatou. Elle se rendit compte qu'elle devait trouver un équilibre entre être une épouse compréhensive et gérer ses propres émotions. Les défis étaient nombreux, mais elle était déterminée à trouver sa place dans cette famille complexe.

Après le petit-déjeuner, Fatou se retrouva seule dans la grande maison. Le silence pesant amplifiait sa solitude, chaque tic-tac de l'horloge résonnant comme un rappel de l'incertitude qui entourait son mariage. Elle décida de s'occuper en organisant les affaires dans la chambre d'Ibrahima. En ouvrant un tiroir de sa commode, elle tomba sur une photo encadrée.

Sur la photo, Ibrahima était accompagné d'une femme d'une beauté saisissante. Son sourire radieux et la manière dont elle se tenait proche de lui indiquaient clairement une intimité passée. Fatou sentit une vague de jalousie et d'insécurité monter en elle. Qui était cette femme ? Était-elle encore présente dans la vie d'Ibrahima ? Les pensées tourbillonnaient dans son esprit, alimentant ses doutes.

Elle reposa la photo avec précaution, mais l'image restait gravée dans son esprit. Se tournant vers le lit, elle se laissa tomber sur le matelas moelleux, fixant le plafond. Le poids de ses pensées s'accumula sur sa poitrine, la rendant presque difficile à respirer. Elle se demanda si elle connaissait vraiment Ibrahima, ou si elle n'avait été qu'une solution de rechange, une épouse choisie pour remplir un vide laissé par une autre.

Plus tard dans l'après-midi, Awa rejoignit Fatou dans le salon. Voyant son état d'esprit, elle prit un moment pour évaluer la situation avant de parler.

« Fatou, je vois que quelque chose te tracasse. Tu sais que tu peux me parler, non ? » demanda-t-elle doucement, s'asseyant à côté d'elle sur le canapé.

Fatou hocha la tête, hésitant à révéler ce qu'elle avait trouvé. Après un moment de silence, elle se décida. « J'ai trouvé une photo dans la chambre d'Ibrahima. Une photo de lui avec une autre femme. Elle avait l'air... importante pour lui. »

Awa ne parut pas surprise. « Je comprends pourquoi tu te sens ainsi. Cette femme s'appelle Marième. Elle était très proche d'Ibrahima autrefois. Leur relation était sérieuse, mais elle a pris fin pour des raisons personnelles. »

Fatou sentit son cœur se serrer. « Est-ce qu'elle est toujours dans sa vie ? »

Awa prit la main de Fatou dans la sienne, ses yeux pleins de compassion. « Non, elle ne l'est plus. Mais son souvenir est peut-être encore présent, d'une manière ou d'une autre. Ce genre de relations laisse des marques. Mais tu ne dois pas te laisser définir par le passé d'Ibrahima. Ce qui compte, c'est ce que vous construisez ensemble. »

Les paroles d'Awa apportèrent une certaine clarté à Fatou, mais l'inquiétude ne s'évanouit pas complètement. Elle se demanda si Ibrahima se confierait un jour à elle sur cette partie de sa vie, ou si cela resterait un mystère qui continuerait à hanter leur mariage.

Le soir, Ibrahima rentra à la maison, épuisé par une autre longue journée. Fatou l'observa pendant qu'il enlevait sa cravate et se débarrassait de sa veste. Elle prit une profonde inspiration, décidant de ne pas mentionner la photo pour l'instant. Au lieu de cela, elle lui offrit un sourire et lui demanda comment s'était passée sa journée.

Ibrahima répondit avec un murmure fatigué, s'asseyant à côté d'elle sur le canapé. Le silence s'étira entre eux, mais cette fois, il n'était pas aussi lourd. Fatou sentit une douce chaleur se propager en elle alors qu'ils restaient assis côte à côte, en silence, mais ensemble.

Alors qu'ils partageaient un repas simple mais réconfortant, Fatou se surprit à apprécier la compagnie tranquille d'Ibrahima. Le bruit des couverts contre les assiettes, le murmure lointain de la télévision dans le salon – tous ces petits détails formaient un cocon de normalité qui contrastait avec l'agitation intérieure de Fatou. Elle commença à comprendre que même au milieu des incertitudes, il y avait de la place pour ces moments de calme et de connexion.

La soirée se déroula sans incident, mais lorsque Fatou se coucha cette nuit-là, elle ne put s'empêcher de repenser à la photo. Elle se demanda si elle devrait confronter Ibrahima à ce sujet, ou s'il valait mieux attendre qu'il soit prêt à en parler. Ses pensées la tenaient éveillée, et elle finit par se tourner et se retourner dans le lit, le

Fatou et Ibrahima Where stories live. Discover now