Fatou et Ibrahima

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Fatou se réveilla ce matin-là avec un sentiment d'appréhension mêlé d'excitation. La maison était silencieuse, et les premiers rayons de soleil commençaient à filtrer à travers les rideaux de la chambre. Elle se leva lentement, prenant soin de ne pas réveiller Aïssatou qui dormait encore à poings fermés. Depuis quelques jours, la petite s'était mise à réclamer de dormir avec Fatou, un signe d'attachement qui réchauffait le cœur de cette dernière.

Fatou s'étira et s'habilla rapidement avant de descendre dans la cuisine pour préparer le petit-déjeuner. Ibrahima n'était pas encore levé, ce qui lui laissait le temps de réfléchir à la journée qui s'annonçait. Aujourd'hui, elle avait prévu de rendre visite à sa tante dans un quartier populaire de Dakar. C'était une rencontre qu'elle redoutait un peu, car elle savait que sa tante poserait des questions sur sa vie avec Ibrahima, des questions auxquelles elle n'avait pas encore toutes les réponses.

Alors qu'elle battait les œufs pour faire une omelette, Fatou sentit une présence derrière elle. Elle se retourna pour voir Malick, les yeux encore embués de sommeil, debout dans l'encadrement de la porte. « Bonjour, mon grand. Bien dormi ? » demanda-t-elle avec un sourire.

Malick hocha la tête, s'approchant de la table pour s'asseoir. « Oui, mais j'ai fait un drôle de rêve... »

Fatou posa la poêle sur le feu et s'assit en face de lui, intriguée. « Quel genre de rêve ? »

Le garçon fronça les sourcils en se remémorant. « J'ai rêvé qu'on était tous ensemble, toi, papa, Aïssatou et moi, mais on vivait dans une autre maison, loin d'ici. Il y avait plein d'arbres, et on faisait un pique-nique. C'était bien, mais aussi un peu bizarre. »

Fatou sourit, attendrie par l'imaginaire fertile de l'enfant. « Parfois, les rêves sont comme ça, un mélange de choses que l'on connaît et d'autres que l'on imagine. Mais ça avait l'air d'un beau rêve. »

Malick acquiesça, puis changea rapidement de sujet, demandant si l'omelette serait bientôt prête. Ils continuèrent à discuter, parlant de tout et de rien, jusqu'à ce qu'Ibrahima fasse son entrée dans la cuisine, le visage encore marqué par les traits de sommeil. Fatou l'accueillit avec une tasse de café chaud, et ils prirent le petit-déjeuner en famille, comme cela devenait peu à peu une habitude.

Après avoir déposé les enfants à l'école, Ibrahima proposa d'accompagner Fatou chez sa tante. Elle accepta avec gratitude, sachant qu'avoir sa présence à ses côtés lui donnerait un peu plus de confiance pour cette rencontre.

La voiture roulait lentement dans les rues animées de Dakar, où la vie quotidienne battait son plein. Fatou observait les passants, les étals de marché, les enfants jouant dans les ruelles. Elle avait grandi dans un quartier similaire, et même si sa vie avait beaucoup changé depuis, ces images lui étaient toujours familières.

« Tu es nerveuse ? » demanda Ibrahima, interrompant le fil de ses pensées.

Fatou le regarda, surprise par la perspicacité de sa question. « Un peu, oui. Ma tante est très protectrice, et elle voudra sûrement savoir tout ce qu'il y a à savoir sur toi. »

Ibrahima sourit légèrement. « C'est normal, elle s'inquiète pour toi. Mais je suis prêt à répondre à toutes ses questions. »

Fatou hocha la tête, rassurée par sa réponse. Ils arrivèrent bientôt devant une modeste maison aux murs colorés, entourée d'un petit jardin où des plantes tropicales poussaient en abondance. C'était un coin de tranquillité au milieu de l'agitation de la ville.

La tante de Fatou, Mariama, les accueillit chaleureusement. C'était une femme d'une soixantaine d'années, au visage marqué par les années mais illuminé par un sourire bienveillant. Elle étreignit Fatou avec force, la couvrant de bénédictions en wolof avant de se tourner vers Ibrahima. « Ah, voici donc l'homme dont ma nièce me parle tant, » dit-elle avec un sourire taquin.