ᏴᎡᏫᏦ-ᎬN(Ꭰ)

~Twenty-two

-"Je le savais." 

Elle s'arrêta, à la pointe de la colline, sentant son cœur battre plus fort encore, l'entendant dans ses tempes.

La voix d'Harry avait éveillé tous ses sens, ses poils s'étaient hérissés comme s'ils avaient attendu qu'il dise quelque chose, qu'il l'empêche de s'en aller.

-"Je savais bien que c'était un pari, Nissy, tu me crois stupide ?"

Elle se tourna, le garçon remontant à son tour jusqu'à arriver à sa hauteur, leurs cœurs s'alignant parfaitement dans l'espace immense.

-"Comment est-ce que tu-" elle fronça les sourcils, ne comprenant pas.

-"Je te connaissais déjà depuis longtemps, Nissy, je savais déjà que vous faisiez des paris idiots avec tes trois amis, alors quand tu as décidé de venir parler à l'Elu soudainement, je savais que ce n'était pas simplement pour des cours de potions, surtout que je savais que tu étais excellente."

Elle plongea son regard dans le sien, peinée.

-"Alors pourquoi est-ce que tu as joué le jeu, Harry ?" Souffla-t-elle, n'étant néanmoins pas certaine de vouloir le savoir.

-"Je n'ai pas joué, au début. Je t'envoyais balader, je t'ignorais et t'évitais." Il haussa les épaules. "Puis tu continuais, et j'ai éventuellement fini par apercevoir une véritable âme au delà de l'apparence que tu te donnais pour plaire. Je détestais te voir mentir et être mielleuse alors que je préférais te voir telle que tu étais. Tu sais quoi ? Tu voyais en moi plus que l'Elu, et je voyais en toi plus que la beauté que les autres te trouvaient."

Elle passa de son oeil droit à son oeil gauche comme si cela changeait quoi que ce soit à la façon dont son cœur explosait.

-"Tu es tellement énervant Harry." Murmura-t-elle. "Déteste-moi, je t'en supplie. Déteste-moi, hurle-moi dessus et jure-moi que tu ne veux plus jamais me voir."

-"Pourquoi ? Je déteste mentir."

-"Parce que ce serait plus simple pour tous les deux."

Elle approcha pourtant son visage, leurs corps se touchant, lui abaissant sa tête pour que leurs lèvres se frôlent, fixant celles de l'autre avec avidité.

Elle releva alors les yeux vers les siens, leurs cils s'entremêlant. Elle pinça alors ses lèvres, et il releva les siens pour l'observer sans comprendre, leurs oreilles sifflant.

Il leva ses mains, les posa lentement sur sa taille et elle leva les siennes vers son visage, le prenant en coupe.

Il suffisait de réduire l'écart entre eux ,de quelques millimètres, leurs lèvres se frôlaient, leurs respirations se mélangeaient, leurs pupilles se fondaient les unes dans les autres.

C'était si facile, si facile de n'être qu'Harry et Nissy, si facile de n'être que deux papillons prêts à s'envoler jusqu'au septième ciel avec les mêmes ailes.

Ils avaient chauds. Était-ce la hutte en feu, ou bien leurs corps fiévreux ?

Ils avaient mal au coeur. Était-ce la perte d'un professeur, ou bien leurs désirs qui se réfrénaient en chœur ?

Leurs respirations saccadées s'accéléraient au moindre rapprochement, leurs visages tremblaient pour se contenir de laisser leurs lèvres se sceller.

Harry ferma les yeux, et décidant de rompre cet écart qui l'obsédait il avança son visage.

Mais Nissy lâcha son visage et recula dans l'herbe, les mains toujours levées comme espérant ressentir encore la chaleur du garçon contre la sienne.

Il ouvrit les yeux de nouveau, aperçut son regard si fragile tandis qu'elle se forçait pour rester en place.

-"Tu avais raison Harry." Elle déglutit. "L'Azuré du serpolet est un papillon magnifique qui me ressemble en bien des points."

-"C'est faux, je ne savai-"

-"Non, c'est vrai." Elle plissa le nez. "Tout est vrai."

Elle déglutit de nouveau, n'arrivant plus à trouver assez de salive pour apaiser sa gorge brûlante.

Ils se regardèrent, si loin l'un de l'autre.

-"Harry !" Entendirent-ils hurler.

Hermione courait dans la forêt interdite, cherchant son ami.

Harry se tourna vers la provenance du bruit, puis de nouveau vers Nissy mais elle avait disparu, envolée dans la nuit.

Il ouvrit grand les yeux, courut là où elle se trouvait, chercha tout autour comme si par miracle il allait la retrouver.

-"Harry."

Hermione arriva, essoufflée, heureuse de le voir sain et sauf.

Il ne se préoccupa pas de son amie, leva la tête vers le ciel noir, espérant presque apercevoir des ailes se déplier tout là haut, mais elle avait bel et bien disparu, elle l'avait laissé après lui avoir fait miroité tant de magnificences.

Et il se retrouvait bredouille, les lèvres asséchées qui ne pouvaient désormais plus assouvir leur soif de désir.

                               *****

-"ET JE T'AVAIS DIS D'EN TUER LE PLUS POSSIBLE !"

Nissy se tut, assumant la gifle qu'elle venait de se prendre, le visage abaissée, à genoux sur le sol de sa maison.

-"Je suis désolée mère, on m'a retenu et je n'ai pu qu'activer la marque du rejeton Malfoy."

Sa mère grimaça, se mordant les ongles avec force, faisant les cents pas dans leur salon.

-"Aaron, viens par ici."

Le père de Nissy s'avança, lui qui s'était contenté de fixer le fond de sa tasse vide.

-"Annule tous les rendez-vous que tu as, je veux qu'on passe toutes les vacances à l'entraîner."

Aaron fixa son enfant, sans rien dire.

-"Je lui ai déjà appris tout ce que je savais." Dit-il calmement.

-"Je ne te demande pas de lui apprendre quoi que ce soit, tu es loin d'être au niveau pour ça." Rétorqua sa femme. "Je veux qu'elle s'entraîne à nous battre, comme si nous étions marqués."

Nissy flancha, enfonçant ses ongles dans sa paume.

-"Je n'oserais pas vous faire de mal, mère." Murmura-t-elle la gorge serrée.

-"J'oserais." Répondit alors la femme. "Ce sera soit toi, soit nous Nissy, tu n'as pas le choix. Après le cuisant échec que tu as eu, tu vas devoir redoubler d'effort."

Elle lui prit l'oreille pour la relever et lui désigna les escaliers.

-"Va te peser." Ordonna-t-elle.

Nissy hocha la tête, montant les marches une par une.

Elle aurait tout donné pour retrouver les yeux si tendres d'Harry, et les bras si réconfortants de Maria.

Mais elle n'avait pas le droit d'être égoïste, n'avait pas le droit d'avoir des envies autres que celles de sa mère.

Elle n'était que le réceptacle de sa vengeance, après tout.