~Twenty-five

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-"NISSY !"

La voix cinglante de sa mère retentit dans la maison et Nissy accourut à toute vitesse depuis le jardin où elle s'entraînait avec son père.

Sa mère tenait un petit objet dans sa main, levant un sourcil.

-"A qui as-tu donné notre adresse, Nissy ?" Cracha la femme. "Je t'ai déjà dit que personne ne devait savoir où on habitait !"

-"Je n'ai rien dit à personne mère, c'est promis." Se défendit Nissy, perdue. "Peut-être est-ce de la part d'un ami à vous ?"

-"C'est à ton nom." Répondit Navis, sa mère. "Et nous n'avons pas d'amis, Nissy."

Nissy s'approcha, observant la boîte noire qui lui revenait, sans savoir ce qu'elle contenait.

Elle se figea alors, reconnaissant les initiales gravées dessus.

-"A.D." murmura-t-elle les yeux grands ouverts. "Albus Dumbledore."

                               *****

-"Dernières volontés et testament d'Albus Perceval Wulfric Brian Dumbledore."

Assis au Terrier, le ministre de la magie déposa sur la table de bois quelque chose d'étrange.

-"À Ronald Bilius Weasley, je laisse mon Déluminateur dans l'espoir qu’il se souviendra de moi lorsqu'il s'en servira."

Ron fixa l'objet que le ministre venait de glisser vers lui, et le prit, le cœur lourd.

-"À Miss Hermione Jean Granger, je lègue mon exemplaire des Contes de Beedle le Barde dans l'espoir qu'elle y trouvera de quoi se divertir et s'instruire."

Hermione observa le livre avec un léger sourire, attendrie.

Harry serrait ses mains, entrelacait ses doigts avec anxiété.

-"À Harry James Potter, je lègue mon carnet d'adresses, pour que durant ses instants de solitude il se souvienne que l'on n'est jamais réellement seul."

Le ministre le lui donna alors, et Harry observa le carnet d'adresses rempli et daté, ne comprenant pas.

Ne comprenant pas, parce qu'il aurait pensé que Dumbledore, dans son testament, lui aurait légué quelque chose de plus significatif, de plus crucial pour la bataille à venir.

Un carnet d'adresses.

Qu'est-ce que ça pouvait bien vouloir dire ?

-"Nous vivons des heures bien sombres, Monsieur Potter." Le ministre le sortit de ses pensées, l'air grave. "Bien sombres."

Il se leva alors, le testament en main, et regarda ces trois enfants qui n'avaient eu droit ni a des bonbons, ni a des cadeaux de dernier cris, mais à des armes, des armes discrètes mais utiles pour la guerre à venir.

Des enfants qui ne se préparaient pas à s'endormir mais à mourir.

-"Monsieur."

Harry releva la tête, le fixant avec ses grands yeux. Il l'observa un instant, comme s'il souhaitait lui dire quelque chose, puis pinça ses lèvres, faisant marche arrière.

-"Merci." Dit-il alors simplement.

Le ministre les observa un temps, chacun, puis hocha la tête brièvement, avec respect, avant de leur tourner le dos et de partir.

Harry fixa le carnet à la reliure noire et sale, soupirant.

Il ouvrit la première page, avec un espoir vain que son mentor aurait peut-être tenté de lui faire passer un quelconque message, mais cet espoir se mourut bien vite lorsqu'il lut les noms et prénoms tous en colonne, près d'adresses diverses et variées.

Ce n'était, somme toute, qu'un simple carnet.

Il se tourna vers Hermione qui lisait déjà son livre de contes, et Ron qui s'amusait à attraper la lumière des lampadaires avant de la relâcher.

Dumbledore ne lui avait rien légué de spécial.
Était-ce parce qu'il ne lui faisait pas assez confiance ? Peut-être, après tout, qu'Harry n'était pas digne de porter la couronne qu'on lui avait imposée sur la tête.
Peut-être que ses épaules défaillaient, tremblaient.

Tu seras celui qui nous sauvera, avait dit Nissy.

Qui sauvera qui ? De quoi ? Et s'il n'y arrivait pas, que se passerait-il ?

Il se tourna de nouveau vers ses amis, mais ces derniers discutaient d'un des contes, semblaient houleux sur un personnage.

Il ne pouvait pas leur parler de ces problèmes, ils avaient confiance en lui, le croyaient capable de tout, et il se refusait à les décevoir en pensant ainsi.

Il avait besoin de Nissy, avait besoin de lui parler parce qu'il était certain qu'elle l'aurait aidé à comprendre et ne se serait pas simplement raccroché au fait qu'en tant qu'Elu il allait forcément réussir.

Elle l'aurait rassuré par des mots qu'elle seule aurait trouvé.

Où était-elle ?

Que faisait-elle ?

Était-ce possible d'attendre à ce point quelqu'un qui jusqu'alors n'avait jamais compté ? Était-ce possible de languir à ce point quelqu'un qui jusqu'à peu n'avait jamais existé ?

-"HARRY ! HARRY !"

George accourut, se prenant les pieds dans un tapis avant de s'étaler se tout son long. Harry se leva du canapé, accourut pour l'aider mais ce dernier se releva sans sourciller, le sourire aux lèvres.

-"Viens avec nous, papa va tout te raconter."

-"Raconter quoi ?" Demanda Harry, perdu.

George épousseta son haut, posa ses mains sur les épaules du garçon.

-"Ce qu'il sait sur cet homme dont tu nous parlais." Avoua enfin l'un des jumeaux. "Fred est avec lui, on l'a un peu fait boire, puis on a parlé de son adolescence à Poudlard et il n'a pas fallu longtemps pour qu'il crache le morceau."

Harry ouvrit grand les yeux, impressionné.

-"Alors il connaissait bel et bien le père de Nissy ?" S'avança-t-il.

-"Mieux encore, ils étaient meilleurs amis." Répondit George en un souffle.

Les yeux d'Harry s'agrandirent de surprise.

Meilleurs amis ? Alors pourquoi le nom Warz ne lui avait-il rien dit ?

Pourquoi ce silence soudain et perturbant sur cette amitié qui semblait pourtant si ardente ?

Il repoussa les bras de George, lui demandant de le conduire à l'homme.

George l'observa, comme si soudain il hésitait, pesait le pour et le contre de ce que cette découverte allait lui faire.

Puis finalement, il désigna la chambre à l'étage, et d'un pas certain Harry s'y engouffra.

ᏴᎡᏫᏦ-ᎬN(Ꭰ)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant