Je ne peux pas les ignorer. Je sens que ces visions ne sont pas simplement des souvenirs aléatoires ; elles sont des indices. Des indices de qui j'étais avant d'arriver ici, dans ce Labyrinthe.
Il y a quelque chose de terriblement frustrant à savoir que ces souvenirs existent, mais qu'ils me sont en partie cachés. C'est comme essayer de reconstituer un puzzle dont on n'a que quelques pièces, les plus importantes étant manquantes. Mais je ne peux pas laisser ça comme ça. Si ces visions continuent de venir, je dois trouver un moyen de les comprendre. Peut-être que, mises bout à bout, elles finiront par révéler quelque chose d'important... quelque chose sur ma vie d'avant, sur qui je suis vraiment.
Je décide de tout écrire. Chaque détail, chaque image, aussi insignifiants qu'ils puissent paraître. Je prends le carnet que j'ai trouvé il y a quelque temps, et je m'installe contre un arbre, loin du bruit des garçons.
Je commence par la première vision, celle de la maison. Je décris les murs, les photos, l'atmosphère chaleureuse qui s'en dégageait. Je note tout ce qui me vient à l'esprit, même si ça semble insignifiant. Puis, je passe au village : les rues bondées, les gens que je croisais, l'endroit où je me rendais. Je me force à écrire tout ce dont je me souviens, même si c'est flou.
Mais c'est la vision de la pièce blanche qui me trouble le plus. Quelque chose en moi s'agite à chaque fois que je pense à cet endroit. Pourquoi étais-je là ? Qui étaient ces gens en blouses blanches ? Et surtout, pourquoi avais-je si peur ? Je me concentre, essayant de faire remonter les détails enfouis dans ma mémoire, mais c'est comme si une barrière invisible m'empêchait d'accéder à ces réponses.
Je dessine même un croquis approximatif de la pièce, des appareils, de ces silhouettes en blouses blanches. Je ne suis pas une grande artiste, mais ça n'a pas d'importance. L'important, c'est de capturer ces détails avant qu'ils ne s'estompent, avant que mon esprit ne les enterre à nouveau sous l'épaisse couche de confusion.
Plus j'écris, plus je réalise que ces visions ne sont pas de simples souvenirs ; ce sont des pièces d'un puzzle. Un puzzle complexe, mais dont je dois absolument découvrir l'image finale. Je sais que cela ne sera pas facile, que ça pourrait même être dangereux. Mais je ne peux pas reculer. Pas maintenant.
Il y a trop de questions sans réponses ici. Pourquoi suis-je dans ce Labyrinthe ? Pourquoi ces visions reviennent-elles maintenant ? Et surtout, qu'est-ce que je vais découvrir une fois toutes les pièces du puzzle assemblées ? Une part de moi craint ce que je pourrais trouver, mais une autre est plus déterminée que jamais. Je veux savoir qui je suis. Je dois le savoir.
Je prends une grande inspiration et referme le carnet. C'est un début. Ce n'est pas grand-chose, mais c'est un premier pas vers la vérité. Désormais, je garderai ce carnet avec moi en permanence. À chaque nouvelle vision, à chaque nouveau souvenir qui émerge, je le consignerai ici. Ce carnet deviendra ma carte, mon guide pour retrouver mon passé, pour découvrir la vérité.
Et peut-être, un jour, quand toutes les pièces seront réunies, je comprendrai enfin pourquoi je suis ici, et ce que je dois faire ensuite.
Je garde le carnet contre moi, comme un talisman. Alors que je le glisse dans mon sac, une vague de détermination me traverse. Chaque jour, chaque heure qui passe pourrait m'apporter une nouvelle pièce du puzzle. Et je ne laisserai rien m'échapper.
Le reste de la journée se déroule comme d'habitude, mais avec cette nouvelle mission en tête, je me sens différente. Chaque détail autour de moi, chaque conversation, chaque bruit devient potentiellement significatif. Je reste attentive, prête à noter la moindre étincelle de souvenir qui pourrait jaillir.
Le soir, autour du feu de camp, les garçons discutent et rient, leurs visages illuminés par les flammes dansantes. Je m'efforce de participer, de rire avec eux, mais mon esprit est ailleurs, tourné vers ces visions qui me hantent. À un moment, je m'éloigne un peu du groupe, prétendant aller chercher du bois pour le feu. Mais en réalité, j'ai besoin de réfléchir, de faire le point.
Je m'assois sur une vieille souche, à l'écart, le regard fixé sur les étoiles qui commencent à briller dans le ciel. Je me demande combien de personnes sont dans cette situation. Combien d'entre nous ont ces souvenirs fragmentés, ces bribes de vie d'avant le Labyrinthe ? Je me demande aussi si d'autres se sont posé les mêmes questions que moi, s'ils ont essayé de reconstituer leur passé.
La vérité est que je me sens seule avec ce fardeau. Les garçons sont devenus mes amis, presque ma famille, mais cette quête de vérité, c'est quelque chose que je dois mener seule. Je ne sais même pas si je peux leur en parler. Comment leur expliquer ce que je ressens, ce besoin presque obsessionnel de comprendre ?
Perdue dans mes pensées, je ne remarque pas tout de suite que quelqu'un s'approche. C'est Thomas. Il s'assoit à côté de moi en silence, respectant mon besoin d'espace. Après un moment, il parle doucement, sans me regarder directement. "Je sais que c'est difficile," dit-il. "Ces souvenirs... ou visions, ou peu importe comment tu les appelles... Ils peuvent être effrayants. Mais tu n'es pas seule, Thais. On est tous passés par là, à un moment ou un autre."
Je tourne la tête vers lui, surprise par la justesse de ses mots. "Je sais. Mais pour moi, c'est différent. J'ai l'impression qu'il y a quelque chose de plus, quelque chose que je dois découvrir."
Thomas hoche la tête, pensif. "Peut-être que tu as raison. Mais n'oublie pas que tu n'as pas à tout porter seule. Si jamais tu as besoin d'en parler, de partager ce que tu trouves, je suis là. On est tous dans ce Labyrinthe ensemble, et on trouvera les réponses ensemble aussi, d'une manière ou d'une autre."
Ses paroles m'apaisent un peu. Je ne suis peut-être pas si seule que je le pensais. Mais en même temps, je sais que cette quête est profondément personnelle. "Merci, Thomas," je réponds enfin, avec un petit sourire. "Ça compte beaucoup pour moi, de savoir que je peux compter sur toi."
Les jours passent, et chaque soir, après avoir aidé les garçons dans leurs tâches ou partagé des moments de détente autour du feu, je m'éloigne un peu du groupe pour m'asseoir seule avec mon carnet. C'est devenu une sorte de rituel. J'ouvre les pages et relis ce que j'ai écrit, cherchant des connexions, des indices que je n'aurais pas remarqués la première fois.
Chaque nouvelle vision est comme un coup de pinceau sur une toile incomplète. Parfois, ce sont de petites touches, d'autres fois des éclats vifs qui me secouent. Je commence à percevoir un schéma, quelque chose de plus grand qui se dessine. Mais ce n'est jamais suffisant, toujours frustrant. Comme un puzzle dont je n'ai qu'une poignée de pièces.
Il y a eu cette fois où j'ai revu la maison, mais cette fois sous un angle différent. Je me tenais dans une pièce que je n'avais pas encore vue, probablement ma chambre. Les murs étaient tapissés d'affiches, des images de lieux que je ne reconnais pas. Un bureau encombré de livres et de carnets, comme si j'avais toujours aimé écrire, bien avant tout ça. Et sur le lit, une photo encadrée. Je me suis penchée pour l'examiner de plus près, mais avant que je ne puisse distinguer les visages, la vision s'est dissipée, me laissant avec ce goût amer d'un souvenir à moitié récupéré.
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Les gardiens du labyrinthe
Fiksi Ilmiah**Résumé de l'Histoire :** Un groupe de jeunes se retrouve emprisonné dans un environnement mystérieux appelé le bloc, entouré par un labyrinthe vaste et complexe. Leurs défis commencent avec l'exploration de cet espace inconnu, et ils doivent appre...